Que les enfants s'ennuient !

Les enfants « ont-ils besoin » de s'ennuyer ?

Les enfants très occupés, dès leur plus jeune âge, ont souvent des horaires dignes d'un ministre. Les parents pensent ainsi à éveiller leur progéniture. Une surstimulation qui pourrait bien s’avérer contre-productive.

Chasse à l'ennui

Des écoles maternelles d'élite dont l'objectif est de rendre performants leurs jeunes élèves… Ce type d'établissement existe en France. Comme l'active école bilingue Jeannine-Manuel, EABJM, à Paris au XVIIIe siècle, qui permet par exemple aux enfants d'apprendre la lecture, l'écriture, mais aussi le sport, l'art, la musique, dès le plus jeune âge. âge. Dans cette école, les activités périscolaires (danse, cuisine, théâtre…) sont plus nombreuses que les jours de la semaine. C’est anecdotique, peut-être, mais c’est aussi symptomatique d’une époque et d’une société qui semblent avoir le vertige paniqué. C'est ce que confirme Teresa Belton, experte américaine de l'impact des émotions sur le comportement et l'apprentissage des enfants, qui vient de publier une étude sur le sujet (Université d'East Anglia). » L’ennui est vécu comme un « sentiment de mal-être » et la société a décidé d’être constamment occupée et constamment stimulée. Elle a dit à la BBC. Monique de Kermadec, psychologue française spécialisée dans la précocité et la réussite, le constate également : « les parents veulent absolument « Trop » pour occuper leur enfant se sentir comme de « bons » parents. Ils multiplient les activités extrascolaires, dans l'espoir de compenser leur absence le soir après la sortie de l'école. Piano, anglais, activités culturelles, les plus petits ont souvent une seconde vie qui commence à 16 heures ». Les enfants dans la trentaine ont d’autant moins de temps pour s’ennuyer qu’ils sont constamment sollicités par les écrans qui les entourent. «Quand les enfants n'ont rien à faire, ils allument la télévision, l'ordinateur, le téléphone ou n'importe quel écran», explique Teresa Belton. Le temps passé sur ces médias a augmenté ». Maintenant, poursuit-elle, « au nom de la créativité, peut-être devons-nous ralentir et rester déconnectés de temps en temps. "

L'ennui, un état créatif

Car en privant les enfants de la possibilité de s'ennuyer, en occupant les moindres espaces de temps libre, on les prive du même coup d'une étape importante dans le développement de leur imaginaire. Ne rien faire, c'est laisser l'esprit vagabonder. Pour Monique De Kermadec, « l'enfant doit s'ennuyer pour qu'il puisse puiser en lui ses propres ressources personnelles. S'il exprime son sentiment « d'ennui » au parent, c'est une façon pour lui de lui rappeler qu'il a envie de passer du temps avec lui ». L’ennui permettrait même aux enfants de libérer le petit génie qui sommeille en eux. Teresa Belton livre les témoignages des écrivains Meera Syal et Grayson Perry sur la façon dont l'ennui leur a permis de découvrir un talent particulier. Meera Syal passait ainsi des heures à regarder par la fenêtre lorsqu'elle était petite, à observer le changement des saisons. Elle explique que l'ennui a déclenché son envie d'écrire. Elle a tenu un journal dès son plus jeune âge, avec des observations, des histoires et des poèmes. Elle attribue son destin d’écrivain à ces débuts. Elle ajoute qu’elle « a commencé à écrire parce qu’il n’y a rien à prouver, rien à perdre, rien à faire. »

Difficile d'expliquer à un jeune enfant qui se plaint de s'ennuyer que c'est peut-être ainsi qu'il deviendra un grand artiste. Pour prévenir ces moments de farniente qui peuvent aussi l'angoisser, Monique de Kermadec propose une solution : « imaginer une « boîte à idées » dans laquelle on insère des petits papiers sur lesquels on écrit à l'avance diverses activités. Un papier « bulles de savon », « cuisiner un dessert », « découpage », « chanson », « lire », on y glisse mille idées pour ces jours où on « s'ennuie » à la maison ».

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