Retard de croissance in utero : les « petits poids » sous haute surveillance

Tout le monde ici les appelle « les petits poids ». Qu'elles soient nichées dans le ventre des futures mamans ou nichées dans les couveuses du service de néonatalogie de l'hôpital Robert Debré à Paris. Plus petits que la moyenne, ces bébés souffrent d'un retard de croissance in utero. Dans les couloirs de la maternité, Coumba, enceinte de huit mois, n'en avait jamais entendu parler, comme une femme sur deux en France*. C'est en passant sa deuxième échographie, il y a seulement quatre mois, qu'elle a entendu ces quatre lettres « RCIU » : « Les médecins m'ont simplement expliqué que mon bébé était trop petit ! "

* Sondage Opinionway pour la Fondation PremUp

Retard de croissance in utero : dans 40 % des cas, une origine inexpliquée

Le RCIU est une notion complexe : le fœtus a un poids insuffisant par rapport à son âge gestationnel (hypotrophie), mais la dynamique de sa courbe de croissance, régulière ou avec un ralentissement, voire une pause, est tout aussi fondamentale pour faire le diagnostic. " En France, un bébé sur 10 est concerné par cette pathologie. Mais on en sait moins, c'est aussi la première cause de mortalité des bébés ! », explique le Pr Baud, chef du service de néonatalogie chez Robert Debré. Ce retard de croissance est très souvent associé à une grande prématurité, ce qui n'est pas sans conséquences sur le développement futur de l'enfant. Pour sauver la mère ou le bébé, les médecins sont parfois contraints de déclencher le travail bien avant l'heure. C'est le cas de Lætitia, qui a accouché à 33 semaines d'une petite fille pesant 1,2 kg. « Au cours des deux dernières semaines, elle n'a pris que 20 g et son cœur montrait des signes de faiblesse lors de la surveillance. Nous n'avions pas d'autre solution : elle était mieux dehors que dedans. « Au service de néonatalogie, la jeune maman montre la courbe de croissance de sa fille assise à côté de la couveuse : le nourrisson prend progressivement du poids. Lætitia a appris vers son 4ème mois de grossesse qu'elle souffrait d'un défaut de vascularisation de son placenta. Un organe essentiel dans lequel le fœtus puise tout ce dont il a besoin pour grandir. L'insuffisance placentaire est donc responsable d'environ 30% des cas de RCIU avec pour la femme enceinte, des conséquences parfois redoutables : hypertension, pré-éclampsie... Il existe de nombreuses causes de retard de croissance. On soupçonne des maladies chroniques - diabète, anémie sévère -, des produits - tabac, alcool… et certaines drogues. L'âge avancé de la mère ou sa maigreur (IMC inférieur à 18) pourraient également interférer avec la croissance du bébé. Dans seulement 10% des cas, il existe une pathologie fœtale, telle qu'une anomalie chromosomique. Mais toutes ces causes possibles appellent des mécanismes encore mal connus. Et dans 40% des cas de RCIU, les médecins n'ont aucune explication.

Outils de dépistage du retard de croissance in utero

Allongée sur un lit d'examen, Coumba se plie docilement à l'enregistrement hebdomadaire du cœur de son bébé. Ensuite, elle aura rendez-vous avec une sage-femme pour l'examen clinique, et elle sera de retour dans trois jours pour une autre échographie. Mais Coumba est inquiet. C'est son premier bébé et il ne pèse pas trop. A peine 2 kg à huit mois de grossesse et surtout, il n'a pris cette dernière semaine que 20 g. La future maman passe une main sur son petit ventre rebondi et grimace, pas assez gros à son goût. Pour s'assurer qu'un bébé grandit bien, les praticiens s'appuient également sur cet indice, avec la mesure de la hauteur utérine. Réalisé à partir du 4ème mois de grossesse, à l'aide d'un ruban de couturière mesurer la distance entre le fond d'œil et la symphyse pubienne. Ces données reportées au stade de la grossesse, soit 16 cm à 4 mois par exemple, sont ensuite reportées sur une courbe de référence, un peu comme celles qui figurent dans le carnet de santé de l'enfant. Une mesure qui permet dans le temps d'établir une courbe pour détecter un éventuel ralentissement de la croissance fœtale. « C'est un outil de dépistage simple, non invasif et peu coûteux, tout en restant raisonnablement précis », assure le Pr Jean-François Oury, chef du service de gynéco-obstétrique. Mais cet examen clinique a ses limites. Il n'identifie que la moitié des RCIU. L'échographie reste la technique de choix. A chaque séance, le praticien prend des mesures du fœtus : le diamètre bipariétal (d'une tempe à l'autre) et le périmètre céphalique, qui reflètent tous deux la croissance du cerveau, la circonférence abdominale qui reflète son état nutritionnel et la longueur du fémur pour évaluer sa taille . Ces mesures combinées à des algorithmes appris donnent une estimation du poids fœtal, avec une marge d'erreur d'environ 10 %. Reporté sur une courbe de référence, il permet de localiser plus précisément un RCIU (schéma ci-contre). Une fois le diagnostic posé, la future maman est alors soumise à une batterie d'examens pour en rechercher la cause.

Retard de croissance in utero : trop peu de traitements

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Mais à part les conseils d'hygiène, comme arrêter de fumer et bien manger, le plus souvent, vous ne pouvez pas faire grand-chose., en plus de surveiller le taux de croissance et le flux sanguin normal dans le cordon ombilical pour prévenir les complications et provoquer l'accouchement si nécessaire. Par précaution, la future maman est généralement mise au repos à domicile avec des visites à la maternité pour évaluer la situation semaine par semaine. Elle est souvent hospitalisée avant l'accouchement pour préparer son bébé à sa nouvelle vie à l'extérieur. Notamment, en accélérant le processus de maturation de ses poumons. « Nous n'avons pas de traitements pour prévenir le RCIU chez un patient qui ne présente pas de facteur de risque au départ », déplore le Pr Oury. On peut juste, s'il y a des antécédents de RCIU d'origine placentaire, lui proposer un traitement à base d'aspirine pour sa prochaine grossesse. c'est assez efficace. "A l'étage, en nouveau-né, le professeur Baud a aussi du mal à faire grossir ses "petits poids" du mieux qu'il peut. Nichés dans des couveuses, ces bébés sont couvés par toute l'équipe. Ils sont nourris de solutions riches en nutriments et surveillés de près pour éviter les complications. « Au final, certains vont rattraper leur retard, mais d'autres resteront handicapés », regrette-t-il. Pour sauver ces enfants et leurs parents d'un long chemin de croix, le Pr Baud s'implique dans le Fondation PremUp, qui rassemble un réseau de plus de 200 médecins et chercheurs à travers l'Europe. Soutenue par le ministère de la Recherche et l'Inserm, cette Fondation créée il y a cinq ans s'est donné pour mission de prévenir la santé de la mère et de l'enfant. « Cette année, nous voulons lancer un vaste programme de recherche sur le RCIU. Notre objectif ? Développer des marqueurs biologiques pour détecter les futures mamans le plus tôt possible, afin de limiter les conséquences de ce retard de croissance. Mieux comprendre les mécanismes de cette pathologie pour développer des traitements. Pour mener à bien ce projet et tenter de donner naissance à des enfants en bonne santé, la fondation PremUp a besoin de lever 450 €. « Alors, retrouvons-nous pour la Baby Walk ! », lance le professeur Baud.

Témoignage de Sylvie, 43 ans, maman de Mélanie, 20 ans, Théo, 14 ans, Louna et Zoé, XNUMX mois.

« J'ai déjà deux enfants adultes, mais nous avons décidé avec mon nouveau compagnon d'agrandir la famille. A la première échographie, les médecins nous disent qu'il n'y a pas un bébé, mais deux ! Un peu décontenancés au début, on s'est vite fait à cette idée. Surtout que les trois premiers mois de grossesse se sont plutôt bien passés, même si je souffre d'hypertension. Mais au 4ème mois, j'ai commencé à ressentir des contractions. Heureusement, à l'échographie, aucun problème à signaler pour les jumelles. On m'a prescrit un traitement, ainsi que du repos à la maison avec une échographie mensuelle. Au 5ème mois, nouvelle alerte : la courbe de croissance de Louna commence à ralentir. Rien d'effrayant, elle pèse à peine 50g de moins que sa soeur. Le mois suivant, l'écart se creuse : 200 g de moins. Et au 7ème mois, la situation se dégrade. Les contractions réapparaissent. Aux urgences, j'ai été mis sous perfusion pour arrêter de travailler. Je reçois aussi des injections de corticostéroïdes pour préparer les poumons des bébés. Mes bébés tiennent bon ! De retour à la maison, je n'ai qu'une idée en tête : tenir le coup le plus possible et booster mes filles. Le dernier écho estime le poids de Zoé à 1,8 kg, et celui de Louna à 1,4 kg. Pour favoriser les échanges placentaires, je suis toujours allongée sur le côté gauche. Dans mon alimentation, je privilégie les produits riches en calories et en nutriments. Je n'ai pris que 9 kg, sans me priver. Je vais à la maternité toutes les semaines : tension artérielle, analyses d'urine, échos, monitoring… Zoé grandit bien, mais Louna a du mal. Nous sommes très inquiets que l'ajout d'une grande prématurité à son retard de croissance ne fasse qu'empirer les choses. Il faut garder ! La barre des 8 mois a été franchie tant bien que mal, car je commence à avoir des œdèmes. On m'a diagnostiqué une prééclampsie. La livraison est décidée pour le lendemain. Sous voie péridurale et vaginale. Zoé est née à 16h31 : 2,480 46 kg pour 3 cm. C'est un beau bébé. 1,675 minutes plus tard, Louna arrive : 40 15 kg pour 2 cm. Une petite puce, immédiatement transférée aux soins intensifs. Les médecins nous rassurent : « Tout va bien, c'est juste un peu de poids ! » Louna restera en nouveau-né pendant 3 jours. Elle vient de rentrer. Elle pèse un peu plus de XNUMX kg alors que Zoé a dépassé les XNUMX kg. Selon les médecins, elle grandira à son rythme et a toutes les chances de rattraper sa sœur. Nous y croyons très fort, mais nous ne pouvons pas nous empêcher de les comparer régulièrement. En croisant les doigts. "

En vidéo : "Mon fœtus est trop petit, est-ce grave ?"

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