Hydrothérapie : des cures pour prévenir les infections ORL

Aux Thermes de Cauterets, dans les Hautes-Pyrénées, les plus petits jouent aussi au thermalisme. Ces trois semaines de garde, pendant l'été ou les vacances de la Toussaint, devraient permettre aux enfants de passer l'hiver sans infections respiratoires ni otites que les antibiotiques ne peuvent plus contrôler.

Le principe de la cure thermale

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En peignoir à boucles de soufre, assise à côté de ses deux fils dont le visage est rongé par un masque, cette maman se réjouit de communiquer son enthousiasme : « Ah, si on avait connu ce traitement plus tôt ! » Ruben, son aîné de 8 ans, manifestait des problèmes respiratoires dès la naissance. Bronchites et bronchiolites se succèdent rapidement. « Nous sommes passés de pédiatre à pédiatre. Il prenait tellement de médicaments que sa croissance était ralentie, son visage était enflé à cause des corticoïdes. Il manquait l'école toutes les deux semaines. Alors, quand il est entré au CP, on s'est dit qu'il fallait vraiment faire quelque chose. Enfin, un médecin nous a parlé de la cure thermale. Oui, trois semaines, c'est compliqué, mais quand ça marche vraiment, on n'hésite pas. Dès la première guérison, l'année dernière, c'était miraculeux. Maintenant, il passe l'hiver sans médicaments. "

Faites le test : si vous dites cure thermale, vos interlocuteurs penseront bains à remous, massages, calme et volupté… Ici, la crénothérapie pour les enfants souffrant de troubles ORL n'est pas très agréable, encore moins voluptueuse. . On pratique le bain, la douche ou l'irrigation du nez, l'aérosolisation, l'inhalation ou le gargarisme, le tout dans une agréable odeur d'œufs pourris, puisque ces cures doivent leurs bienfaits à la teneur en soufre de leur eau. . Les voies respiratoires sont le moyen le plus efficace et le plus simple d'introduire du soufre dans le corps. Le principe des cures thermales repose sur une imprégnation maximale des muqueuses par de l'eau soufrée. Les enfants reçoivent environ 18 traitements répartis sur XNUMX jours, deux heures par matin. La cure n'est pas une cure miracle, mais une composante thérapeutique parmi d'autres.

Jusqu'à l'âge de 7 ans environ, tous les enfants développent des maladies qui s'adaptent à leur environnement microbien. Chaque fois qu'ils ont une rhinite, ils en deviennent immunisés. La rhinopharyngite est également inévitable. Mais lorsque ces maladies classiques et inévitables se transforment en otites aiguës répétées, bronchites, laryngites aiguës ou pharyngites, sinusites, alors la situation devient pathologique. Certains petits sont vus chaque semaine par un médecin ORL. Ils prennent des antibiotiques cinq ou six fois en hiver, se sont fait enlever des végétations adénoïdes, des drains dans les oreilles (diabolos) et pourtant continuent d'avoir des otites séreuses, ce qui peut entraîner une perte auditive.

Le parcours de soins

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Les plus jeunes curistes ont généralement 3 ans : avant cet âge, il est difficile d'effectuer certains traitements, trop désagréables, trop invasifs. Cela se confirme avec Mathilde, 18 mois, mignonne à manger dans son peignoir blanc. La petite fille accepte uniquement les nébulisations dans la chambre (salle de brouillard). Même son frère Quentin, un enfant de quatre ans et demi, se montre très réticent à passer au spray manosonique qui, il est vrai, produit une étrange sensation dans les oreilles. Un peu plus loin, faisant écho aux parents du petit garçon, on entend une autre maman : « Allez mon petit cœur, ce ne sera pas long. Ce n'est pas drôle, mais il faut le faire. "

Sinon, et c'est surprenant, les enfants se prêtent plutôt de bonne grâce à ces ablutions d'un genre particulier. Les « kékékéké » résonnent de partout : la syllabe que les curistes doivent répéter lorsqu'ils effectuent un bain nasal pour empêcher l'eau versée dans la narine d'entrer dans la bouche. Gaspard et Olivier, jumeaux de 6 ans, disent aimer tous les soins. Tous ? Olivier a toujours l'œil rivé sur l'horloge pendant qu'il hume l'eau thermale. Sa mère secoue la tête : "Non, ce n'est pas fini, encore deux minutes." Après ce soin, les garçons auront droit à un bain de pieds à remous, une vraie récompense ! Dans une cabane, Sylvie et sa fille Claire, 4 ans, se sont plongées dans les bulles d'eau sulfureuse. « Qu'elle aime ! s'exclame Sylvie. C'est ce qui la motive. Le reste n'est pas très drôle. C'est notre deuxième cure. Pour mon fils, la première année a déjà été très bénéfique, il n'a pas été malade de tout l'hiver. Pour nous, les résultats ont été moins spectaculaires. Comme Sylvie, certains parents, eux aussi sujets aux problèmes respiratoires, prennent le traitement en même temps que leurs enfants. Sinon, ils se contentent d'accompagner les plus petits, et font de leur mieux pour les encourager et les divertir.

Nathan, bientôt 5 ans, vient également à Cauterets pour la deuxième année consécutive. Il est accompagné de sa grand-mère. « L'année dernière, il est arrivé avec un tympan très endommagé et quand nous sommes partis, le tympan était très beau. C'est pourquoi nous faisons l'effort de revenir. Nous nous relayons avec les parents. Trois semaines, c'est lourd. Mais le résultat est là. Cela nous encourage. "

Trois semaines de traitement, le minimum

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Trois semaines de cure est la durée à partir de laquelle la Sécurité Sociale prend en charge la cure (441) € à 65%, la mutuelle des parents devant compléter. L'hébergement est un coût supplémentaire. Cette durée imposée représente une contrainte forte, surtout lorsqu'il convient de renouveler le traitement une ou deux fois. C'est une des raisons qui explique la désaffection rencontrée par le thermalisme depuis une quinzaine d'années. Les familles sont moins habituées (et moins enclines) à se mobiliser trois semaines par an, même en été, même dans un cadre bucolique. L'antibiothérapie a progressé et a supplanté ces méthodes naturelles. De leur côté, les médecins, moins informés sur ce mode de traitement et parfois sceptiques, prescrivent beaucoup moins de cures. « Cependant, chez l'enfant, nous avons de très bons résultats », assure le Dr Tribot-Laspierre, ORL à l'hôpital de Lourdes. Les patients que j'envoie ici l'été, je ne les vois pas pendant l'année. Ce protocole est un moyen de les aider à avancer, à finir de construire leur immunité naturelle. « D'après une étude réalisée en 2005 sur les otites séro-muqueuses : « Le problème de la surdité chez l'enfant doit être résolu avant d'entrer dans la grande section de la maternelle ou du cours préparatoire. Et la cure thermale reste la seule possibilité de normaliser les paramètres de l'audition quand toutes les autres techniques ont échoué. "

Cette mère le confirme : « Mon fils avait des otites séreuses. Ce n'est pas douloureux, il ne se plaignait pas. Mais il perdait l'ouïe. Il fallait s'éloigner de 10 cm de son visage pour qu'il entende. Le professeur est venu lui parler en langue des signes. Ce sont des parleurs bruyants qui sont agités. C'est compliqué pour votre entourage. Dès le premier traitement, nous avons vu une grande différence. » L'après-midi, les petits curistes sont libres. Ils font la sieste ou grimpent dans les arbres, visitent le Pavillon des Abeilles, ou mangent des berlingots (une spécialité de Cauterets). Histoire que ces trois semaines aient encore un air de vacances.

Thermes de Cauterets, tél. : 05 62 92 51 60 ; www.thermesdecauterets.com.

Focus sur les maisons d'enfants

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La directrice de Mary-Jan, la Maison des Enfants de Cauterets, insiste : oui, les enfants qui sont accueillis ici pendant trois semaines en été ou à la Toussaint, sans leurs parents, viennent profiter de la cure thermale. Mais les soins proposés sont complets et incluent une éducation sanitaire et alimentaire. Les petits résidents apprennent donc à bien se moucher, à se laver les mains régulièrement et à bien manger. L'hébergement, la restauration et les soins sont couverts à 80 % par la Sécurité sociale et à 20 % par les mutuelles. Les maisons d'enfants fonctionnent un peu sur le modèle des colonies de vacances, mais les matinées sont consacrées aux soins prodigués dans les thermes en compagnie d'autres enfants qui sont accompagnés de leurs parents. Lorsqu'ils viennent à la Toussaint, un suivi scolaire est assuré. En fonction des agréments obtenus, les maisons accueillent des enfants à partir de 3 ou 6 ans, jusqu'à 17 ans. Mais ce type d'accueil, comme les cures thermales en général, a perdu de son attrait. Ces maisons d'enfants existaient il y a près de cent vingt ans. Aujourd'hui, il n'en reste qu'une quinzaine dans toute la France. Une des raisons : les parents d'aujourd'hui sont très réticents à laisser leur enfant s'éloigner d'eux pour une si longue période.

Plus d'infos : Maison des Enfants Mary-Jan, tél. : 05 62 92 09 80 ; e-mail : thermalisme-enfants@cegetel.net.

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