Infertilité : quand c'est dans la tête...

Obstacles psychologiques à la fertilité

La médecine de la reproduction a fait de tels progrès ces dernières années qu'on pouvait logiquement s'attendre à une baisse de la stérilité. Mais ce n'est pas le cas, selon les récentes études démographiques de l'INED, le taux de stérilité primaire (4%) n'a pas changé depuis un siècle. Plus surprenant encore, les spécialistes des PMA se trouvent de plus en plus confrontés à une « stérilité énigmatique ». Actuellement, 1 cas d'infertilité sur 4 reste inexpliqué. L'enfant tant désiré ne vient pas et pourtant les contrôles d'infertilité, les courbes de température, les examens et analyses sont tout à fait normaux. Très gênés, les médecins posent alors le diagnostic de « stérilité psychogène », indiquant que l'obstacle qui empêche la femme de devenir mère n'est pas un problème organique mais psychologique. Selon les médecins, les facteurs psychologiques jouent un rôle dans presque toutes les infertilités. Cependant, il existe des stérilités d'origine purement psychologique qui se manifestent par des symptômes variables, comme le trouble de l'ovulation.

Sentez-vous prêt à avoir un bébé

Quels facteurs psychologiques sont suffisamment puissants pour induire un blocage de la maternité ? Avant, la menace de l'enfant était omniprésente, il fallait jouer avec le feu, l'enfant venait de l'inconnu, du désir sexuel d'un homme et d'une femme et du risque inévitable que l'on avait pris en faisant l'amour. Désormais, les femmes qui veulent un enfant doivent arrêter de prendre la pilule ou se faire retirer un DIU. Avec la contraception, la responsabilité s'est déplacée vers la femme. Ce qui semblait être une libération s'est transformé en charge d'angoisse trop lourde à porter. Consciemment et inconsciemment, de nombreuses questions se posent : est-ce l'homme qu'il me faut ? Est-ce le bon moment ? Suis-je prêt ? Et si ça tournait mal ? Résultat, ça bloque ! Cette nouvelle liberté impossible entraîne un déplacement du moment de la décision aux limites du risque d'échec. Les femmes entrent ainsi dans une logique de défi.

PMA ne peut pas tout résoudre

Depuis la naissance d'Amandine, le premier bébé éprouvette, les médias ont médiatisé les succès spectaculaires de la médecine de la reproduction. Grâce aux avancées technologiques, tout devient possible, ben c'est ce qu'on entend partout. Les femmes s'appuient sur la médecine pour déchiffrer leur manque d'enfants, elles veulent trouver des solutions en dehors d'elles, s'appuyant aveuglément sur les connaissances du médecin en tant qu'hypnotiseur. Convaincus de la toute-puissance de la médecine, ils se livrent à des traitements très lourds, éprouvant pour le corps et pour le psychisme, avec une obsession du succès qui ralentit les résultats. C'est un cercle vicieux.

Vouloir un enfant n'est pas toujours vouloir un enfant

Le but des médecins est d'aider les couples prêts à donner de l'amour à un enfant à réaliser leur désir. Mais on ne connaît jamais à l'avance le lien subtil entre une volonté déclarée, consciente, et le désir inconscient que cette volonté semble révéler. Ce n'est pas parce qu'un enfant est programmé, consciemment désiré, qu'il est désiré. Et à l'inverse, ce n'est pas parce qu'un enfant vient sans être programmé que ce n'est pas souhaitable. Les médecins qui prennent au pied de la lettre les demandes des femmes et y répondent ignorent la complexité de la psyché humaine. En interrogeant certaines patientes qui demandent une procréation assistée, on se rend compte que cette conception d'enfant était impossible. Ils revendiquent un enfant, mais leur idylle familiale est telle qu'il est interdit de faire un enfant. Du coup, la réponse des gynécologues qui proposent la procréation assistée n'est pas de mise…

Difficultés avec sa propre mère

Les psy qui se sont penchés sur ces infertilité inexpliquée mis en évidence l'importance du lien de la patiente avec sa propre mère. Chaque infertilité est unique, mais dans l'enjeu d'un accouchement impossible se rejoue la relation extrêmement précoce que la femme a eue avec sa propre mère. Il y a une identification impossible avec la mère qu'elle a eue bébé, quelque chose de cet ordre se serait mal joué ou mal intégré. On retrouve aussi souvent le ” interdiction d'accouchement fantasme dont telle ou telle femme se croit l'objet, satisfaisant ainsi des vœux obscurs venant de sa propre mère de la voir privée d'enfants. », explique le spécialiste PMA François Olivennes, qui travaille avec René Frydman. « Mais attention, on a tendance à penser que c'est la vraie mère, mais c'est la mère qu'on a dans la tête ! Ça ne dit pas directement comme ça « tu n'es pas faite pour avoir des enfants » ou « je ne te vois pas du tout comme une mère ! », c'est à déchiffrer...

Accidents de la vie « traumatiques »

Certains facteurs sont récurrents dans les histoires de « stérilité psychogène », c'est ce qui a frappé le Dr Olivennes lors de ses consultations. Parfois, il y a des signes indirects. Il y a par exemple celle qui vient consulter sa mère à la place de son compagnon, celui qui a perdu un premier enfant dans des conditions tragiques, celui qui a eu une enfance très malheureuse. Ou celle dont la mère est morte en couches, celle qui a subi des violences sexuelles, ou celle dont la mère a décrit l'accouchement comme une épreuve tragique dont elle a failli mourir. Certaines personnes se sentent coupables d'avoir interrompu leur grossesse. L'infertilité inexpliquée s'est avérée avoir légère tendance que l'homme veut l'enfant plus que la femme. La femme n'est plus en mesure de recevoir l'enfant en cadeau, en cadeau, les conditions de sa fertilité sont compromises. Ils se sentent privés des désirs de leur enfant. Certaines personnes citent comme cause de l'infertilité psychogène un non-investissement de la fonction paternelle. Mais énumérer ces facteurs « déclenchants », ces traumatismes psychiques de cette manière est très caricatural car ils ne peuvent absolument pas être sortis de leur contexte ! C'est à chaque femme de trouver sa propre voie pour lever le blocage.

Soyez sympa! Laissez un commentaire