Entretien avec Marlène Schiappa : « Un enfant harceleur est un enfant en souffrance »

Parents : Pourquoi créer un « Comité de parents contre le harcèlement des jeunes » ?

Marlène Schiappa : Le harcèlement entre jeunes a commencé depuis quelques années à être traité en profondeur par l'Éducation nationale : nous sommes allés avec Jean-Michel Blanquer et Brigitte Macron, très engagés sur cette question, dans un lycée pour encourager les initiatives tout au long de l'année. . dernier, comme celui des Ambassadeurs contre le harcèlement. Mais le sujet dépasse le cadre scolaire en se prolongeant en dehors et notamment sur les réseaux sociaux. C'est donc aussi la responsabilité des parents de s'en charger, et je sais qu'ils le veulent., mais ils n'en ont parfois pas les moyens. Nous ne voulons pas les culpabiliser mais les aider. Il existe une multitude d'associations, de lieux qui luttent contre les phénomènes de harcèlement, mais il fallait identifier toutes ces énergies et créer des outils de prévention communs. Je pense à des choses très concrètes comme les « Roues de la violence » et les grilles d'évaluation du danger que j'ai mises en place pour identifier les violences conjugales. Si nous demandons à un jeune « Êtes-vous harceleur / êtes-vous harcelé ? » ", il répondra sans doute non, alors qu'avec des questions plus fines « Est-ce que vous avez déjà mis de côté un élève de votre classe à la cantine ? » ", nous avons une meilleure chance d'éclaircir les situations.

Le lancement de ce comité commence par un webinaire, que vont découvrir les parents ?

MME : Notre travail de réflexion commence par cet événement web *, fait de plusieurs conférences sur le harcèlement animé par ce comité pluriel (Génération Numérique, UNAF, Préfecture de Police, E-enfance…) J'ai présidé pendant dix ans l'association « Maman travaille », Je sais que nous, les parents, avons besoin de soutien. Je souhaite que les échanges nous permettent d'ici un mois d'offrir les bons accompagnements aux parents, mais aussi aux associations, nous les déploierons dans les « Maisons de confiance et de protection des familles », créées par la Gendarmerie nationale. Un comité de #parents vous permet de faire des commentaires ou de poser des questions.

Selon vous, quel est l'impact du contexte sanitaire sur ces phénomènes de harcèlement ?

MME : Cela aggrave la situation. C'est en tout cas le sens du retour d'expérience de la gendarmerie et des services de police que nous avons avec le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, et c'est pourquoi la stratégie de prévention de la criminalité que j'ai présentée s'adresse beaucoup aux adolescents. Le virus, gestes barrières, distanciation sociale sont des maux qui augmentent la peur de l'autre, le repli sur soi et donc l'oisiveté ou le déséquilibre psychique. Sans parler de l'augmentation de l'utilisation des écrans pour étudier ou entretenir un lien. Les rencontres avec les écoles, les échanges avec des professionnels ou d'autres adultes de la famille sont en effet plus rares, même si je veux saluer les médiateurs qui restent mobilisés. Par exemple, nous avons recruté 10 éducateurs supplémentaires.

Avez-vous déjà des conseils à donner aux parents ?

MME : Je dis aux parents : intéressez-vous à ce qui se passe dans le téléphone de votre enfant ! C'est le moyen le plus efficace de prévenir les situations de harcèlement. Et ne négligez pas une chose : un enfant qui harcèle est un enfant qui souffre. Chez les plus petits, cette attitude est forcément le symptôme d'un tourment, d'une difficulté au sein de la famille ou à l'école. Les enfants intimidateurs doivent également être accompagnés. En fait, au-delà de la responsabilité, c'est la solidarité entre parents qui doit prévaloir. Nous sommes des adultes responsables, à nous de faire en sorte que les disputes entre nos enfants s'apaisent et ne dégénèrent pas en drame. Entre le silence et la plainte déposée, il y a des étapes possibles. Ce comité permettra de les identifier et d'engager un dialogue intelligent entre les familles.

Propos recueillis par Katrin Acou-Bouaziz

* Rejoignez le webinaire le 23/03/2021 en cliquant sur le lien : https://dnum-mi.webex.com/dnum-mi/j.php?MTID=mb81eb70857e9a26d582251abef040f5d]

 

Soyez sympa! Laissez un commentaire