Maternelle : une section sur mesure pour les très jeunes scolaires

A l'école avant 3 ans

Atelier de casse-tête, coin cuisine et poupées, jeu de patrouille avec nouilles et riz, pâte à modeler… En principe, rien que du familier pour ceux qui passent régulièrement une tête dans une classe de maternelle. Pourtant, au fil de la journée, l'évidence l'emportera, cette classe n'est pas tout à fait comme les autres…

Scolarité avant 3 ans : encadrement particulier 

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Sa première spécificité : les 23 enfants qui le composent sont tous nés au premier trimestre 2011 et ils avaient donc tous > moins de 3 ans à leur retour à l'école en septembre 2013. Une toute petite section (TPS) donc, installée dans un château (oui, un vrai château, avec deux tours) dans une salle immense et lumineuse. Cela montre l'importance accordée à l'accueil des plus jeunes de l'école. Autre luxe encore : quand les petits arrivent le matin, les yeux encore endormis, la couverture parfois à la main ou la tétine à la bouche, ils sont accueillis par Marie, institutrice, Yvette, ATSEM, et Orély, l'éducatrice de jeunes . enfants (EJE). Un trio de choc pour entourer à longueur de journée ces écoliers en herbe. Une approche pluridisciplinaire souhaitée par la mairie, qui prend en charge ce poste supplémentaire, et qui a souhaité ouvrir l'accès à tous les enfants de la ville, pas seulement aux familles du quartier.

Il n'est pas facile pour un œil extérieur de comprendre la différence d'approche entre un EJE et un enseignant, mais pour les deux jeunes femmes, leurs spécificités sautent aux yeux.. « Mon rôle est très pédagogique, commence Marie. Ma priorité est l'apprentissage, actuel et futur. Je me projette toujours par rapport à ce qu'ils auront à faire plus tard à l'école. Quand ils dessinent, je corrige la tenue du crayon. S'ils prononcent mal, je les reprends. Nous visons le développement du langage, nous sommes là pour anticiper et prévenir d'éventuelles difficultés. "

Orély, avec sa formation d'éducatrice de jeunes enfants, est centrée sur l'épanouissement de chaque enfant, sur le respect de ses rythmes, sur son individualisation. Avant de venir prêter main-forte à Marie et Yvette, elle travaillait dans une crèche. « Je retrouve des points communs, dans la relation avec les parents par exemple. Les « transmissions » que nous leur faisons chaque jour sont plus longues dans cette classe que dans les autres. Ce qui change pour moi, en revanche, c'est le fait de travailler avec des enfants qui ont tous le même âge, jusqu'à trois mois, alors qu'en crèche l'éventail est beaucoup plus large. « En janvier, un des enfants a eu un problème avec le dortoir, raconte Marie. L'aide d'Orély a été précieuse, c'est elle qui a trouvé une solution avec les parents. "

Une journée adaptée au rythme des tout-petits 

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En début de matinée, quelques enfants réfléchissent activement à des énigmes, sous l'œil bienveillant et bienveillant d'Amélie, la maman de Tiago. Les parents sont régulièrement invités à venir en classe pour participer aux activités. Alexandre, le père de Djanaël, est également réquisitionné. Avec Orély, balai en main, il observe les enfants rassemblés autour des poubelles remplies de coquillages. Il y a bientôt autant de pâtes par terre que dans les contenants, pour le plus grand bonheur des enfants. Pendant que Tamyla, Inès et Elisa déambulent avec leurs baigneuses, Tarik, Zyenn et Abygaëlle glissent ensemble sur le toboggan installé au milieu de la classe. La sortie de fin d'année ayant lieu au zoo de Vincennes et la fête de juin ayant pour thème « le carnaval des animaux », les enfants sont invités à explorer la question tout au long de l'année. Ce matin, il leur est proposé, entre autres, de coller des autocollants sur les silhouettes des animaux de la savane. " Que fais-tu ? », demande Orély à Inès et Djanaël. « On met de la colle sur le cheval. « Ah, c'est un cheval ? » Es-tu sûr? » Inès éclate de rire. « Non, c'est une chèvre ! » Orély lui montre le long cou de l'animal. La petite fille accepte. Ce qu'elle a devant elle ressemble plus à une girafe. De temps en temps, Marie, les seuls enfants majeurs à appeler « maîtresse » car clairement identifiée comme telle, interpelle un enfant : « Angela, tu viens faire tes rayures de zèbre ? » Rien n'est imposé aux petits. Les adultes proposent, et ils disposent. « Il n'y a pas de programme pour la toute petite section, rappelle Marie, pas de compétences spécifiques à acquérir. Il n'y a pas de livret d'évaluation. Nous avons le luxe de pouvoir prendre notre temps. " Une grande liberté est donc laissée aux enfants qui ne sont pas encore considérés comme des élèves, qui peuvent passer d'une activité à une autre, refuser un atelier, se déplacer… Ils vont aux toilettes (situées au fond de la classe) quand ils le souhaitent. S'ils veulent dormir le matin, ils le peuvent. Les peluches et tétines sont autorisées.

S'adapter aux exigences de l'école 

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Mais les points communs avec la crèche ou la garderie s'arrêtent là. Pour retourner à l'école en septembre, les enfants doivent être propres. Les accidents sont tolérés (et fréquents en début d'année), mais pas les couches. Tous les enfants doivent accepter un temps collectif minimum : ils se réunissent autour de l'enseignant pour chanter ou écouter une histoire. Pendant un quart d'heure, il leur est demandé de rester assis et de suivre le groupe. Une exigence qui est celle de l'école, plus que celle de la petite enfance. Autre différence avec les crèches : les horaires flexibles préconisés par les textes officiels pour cette scolarité des 2-3 ans ne signifient pas un accueil à la carte, cela s'intègre bien dans un cadre scolaire.. Les enfants peuvent être déposés le matin un peu après 8h30 (9h maximum). Et ils sont censés venir tous les jours. L'équipe pédagogique conseille aux familles de garder les enfants avec elles les après-midi, les premières semaines. Mais lorsque les deux parents travaillent, ce n'est pas toujours possible. Résultat : cette année, 18 enfants sur 23 restent à la cantine. En deuxième partie de matinée, les TPS ont droit au stage de motricité, un grand classique en maternelle. « On ne court pas, on ne pousse pas », prévient Marie qui lance un assaut sur tapis, cerceaux et briques pour montrer le parcours. « Ici, il faut lever les jambes, là, on peut faire un saut périlleux. Je ne gravis pas les échelons, je suis trop grand. « Samuel a peur : » Oh, maîtresse, vous allez tomber ! Les enfants s'élancent, rient, reculent parfois devant l'obstacle. Le parcours est identique à celui des petites sections, mais l'organisation est différente. Les bambins se succèdent en file indienne, tandis que les PS sont répartis en groupes. Les 3-4 ans apprennent à respecter leur tour, quand les 2-3 ans peuvent être doublés sans vergogne. La directrice, Ghislaine Baffogne, qui enseigne à temps partiel dans une petite section, voit chaque année arriver dans sa classe certains de ces enfants qui ont une année de scolarité derrière eux. « Concernant les repères dans l'espace, les règles de la classe, on sent la différence. Mais pour les compétences scolaires, manier des ciseaux ou de la colle, cela dépend des enfants. Le TPS restera de toute façon quatre ans. Les parents désireux de sauter les étapes demandent parfois si un passage dans la section médiane ne serait pas possible. C'est pourtant cette année en plus qui permettra aux - tout petits - seigneurs du château de mettre toutes les chances de leur côté.

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