Protégez votre bébé lorsque nous nous séparons

Votre enfant n'y est pour rien : dites-lui !

Avant de vous décider, donnez-vous le temps de réfléchir. Lorsque l'avenir et la vie quotidienne d'un enfant sont en jeu, réfléchissez-y très sérieusement avant de prendre la décision de vous séparer. L'année qui suit la naissance d'un bébé – qu'il s'agisse du premier ou du deuxième enfant – est une épreuve particulièrement difficile pour la relation conjugale : souvent, l'homme et la femme sont bouleversés par le changement et s'éloignent momentanément l'un de l'autre.

Dans un premier temps, n'hésitez pas à consulter un tiers, un médiateur familial ou un conseiller conjugal, pour comprendre ce qui ne va pas et essayer de repartir ensemble sur de nouvelles bases.

Si malgré tout, le séparation est nécessaire, pensez d'abord à préserver votre bébé. L'enfant, même tout petit, a un talent fou pour culpabiliser de ce qui se passe qui est négatif. Dites-lui que sa maman et son papa ne seront plus ensemble, mais qu'ils l'aiment et qu'il continuera à les voir tous les deux. C'est la célèbre psychanalyste Françoise Dolto qui a découvert dans sa consultation de nouveau-nés l'effet bénéfique des mots vrais sur les bébés : « Je sais qu'il ne comprend pas tout ce que je lui dis, mais je suis sûre qu'il en fait quelque chose parce qu'il n'est plus le même après. L'idée qu'un tout-petit n'est pas au courant de la situation et en même temps serait protégé de la colère ou du chagrin de ses parents est un leurre. Ce n'est pas parce qu'il ne parle pas qu'il ne ressent rien ! Au contraire, un petit enfant est une véritable éponge émotionnelle. Il perçoit parfaitement ce qui se passe, mais il ne le verbalise pas. Il est essentiel de prendre ses précautions et de lui expliquer calmement la séparation : « Entre ton papa et moi, il y a des problèmes, je suis très en colère contre lui et il est très en colère contre moi. » Inutile d'en dire plus, d'épancher sa peine, son ressentiment car il faut préserver la vie de son enfant et lui épargner les conflits. Si vous avez besoin de vous détendre, parlez à un ami ou à un psy.

Remplacer l'alliance amoureuse rompue par une alliance parentale

Pour bien grandir et construire une sécurité intérieure, les enfants ont besoin de sentir que les deux parents veulent leur bien et sont capables de se mettre d'accord sur une garde d'enfants qui n'exclut personne. Même s'il ne parle pas, le bébé capte l'estime et le respect qui restent entre son père et sa mère. Il est important que chaque parent parle de son ex-partenaire en disant « ton papa » et « ta maman », pas « l'autre ». Par respect et tendresse pour son enfant, une mère avec qui l'enfant est en résidence principale doit préserver la réalité paternelle, évoquer la présence de son père en son absence, montrer des photos où ils étaient ensemble avant que la famille ne se brise. Même chose si la résidence principale est confiée au père. Même si c'est dur œuvrer à une « réconciliation » au niveau parental, veille à ce que les décisions importantes soient prises ensemble : « Pour les vacances, j'en parlerai à ton papa. »Donnez à votre enfant un passe émotionnelle en lui permettant d'avoir des sentiments forts pour l'autre parent : « Tu as le droit d'aimer ta maman. « Réaffirmer la valeur du parent de l'ex-conjoint : » Votre maman est une bonne maman. Ne pas la revoir ne va pas vous aider ni moi. "" Ce n'est pas en te privant de ton papa que tu vas m'aider ou t'aider toi-même. 

Faire la distinction entre conjugalité et parentalité. Pour l'homme et la femme qui formaient un couple, la séparation est une blessure narcissique. Nous devons pleurer leur amour et celui de la famille qu'ils avaient créée ensemble. Le risque est alors grand de confondre l'ex-conjoint et le parent, de confondre une querelle entre un homme et une femme, et une querelle qui écarte le père ou la mère en termes d'image. Le plus dommageable pour l'enfant est d'évoquer le pseudo-abandon subi : « Ton père est parti, il nous a abandonnés », ou « Ta mère est partie, elle nous a quittés. « Du coup, l'enfant se retrouve convaincu d'avoir été abandonné et répète à son tour : « Je n'ai qu'une mère, je n'ai plus de père. "

Optez pour un système de garde où il peut voir les deux parents

La qualité du premier lien qu'un bébé noue avec sa mère est fondamentale, en particulier la première année de sa vie. Mais il est important que le père tisse aussi un lien de qualité avec son enfant dès les premiers mois. En cas de séparation précoce, s'assurer que le père garde le contact et a une place dans l'organisation de la vie, qu'il a des droits de visite et d'hébergement. La garde partagée n'est pas recommandée pendant les premières années, mais il est possible de maintenir le lien père-enfant au-delà de la séparation selon un rythme régulier et un horaire fixe. Le parent gardien n'est pas le parent principal, tout comme le parent « non-hôte » n'est pas un parent secondaire.

Maintenir les horaires prévus avec l'autre parent. La première chose à dire à un enfant qui va chez l'autre parent pour une journée ou un week-end est : « Je suis content que tu ailles avec ton papa. " La deuxième, c'est faire confiance : « Je suis sûr que tout ira bien, ton papa a toujours de bonnes idées. La troisième est de lui expliquer qu'en son absence, par exemple, vous irez au cinéma avec vos amis. L'enfant est soulagé de savoir que vous ne serez pas seul. Et le quatrième est d'évoquer les retrouvailles : "Je serai heureux de vous rencontrer dimanche soir." Idéalement, chacun des deux parents est heureux que l'enfant passe un bon moment avec l'autre, en son absence.

Éviter le piège de la « distanciation parentale »

Après une rupture et les conflits qu'elle entraîne, la colère et le ressentiment prennent le dessus pendant un temps. Il est difficile, voire impossible, d'échapper à un sentiment d'échec. En cette période tourmentée, le parent qui héberge l'enfant est tellement fragilisé qu'il risque de tomber dans le piège de la prise/capture de l'enfant. Les psys ont répertorié les signes de "l'aliénation parentale". Le parent aliénant est poussé par un désir de vengeance, il veut faire payer à l'autre ce qu'il a subi. Il essaie de différer voire d'annuler les droits de visite et d'hébergement de l'autre. Les discussions lors de la transition sont l'occasion de disputes et de crises devant l'enfant. Le parent aliénant ne préserve pas les liens de l'enfant avec les anciens beaux-parents. Il est diffamatoire et pousse l'enfant à se rallier au « bon » parent (lui) contre le "mauvais" (l'autre). L'aliénateur se replie sur l'enfant et son éducation, il n'a plus de vie personnelle, d'amis et de loisirs. Il se présente comme la victime d'un bourreau. Du coup, l'enfant prend tout de suite son parti et ne veut plus voir l'autre parent. Cette attitude très préjudiciable a de graves conséquences à l'adolescence, lorsque l'enfant vérifie lui-même si l'autre parent a démissionné autant qu'on lui a dit et se rend compte qu'il a été manipulé.

Afin de ne pas tomber dans le piège du syndrome d'aliénation parentale, il est important de faire des efforts et de tenter, même si le conflit semble insurmontable, une réconciliation. Même si la situation semble gelée, il y a toujours une opportunité de faire un pas dans la bonne direction, de changer de régime, d'améliorer les relations. N'attendez pas que votre ex-conjoint fasse le premier pas, prenez l'initiative, car souvent, l'autre attend aussi… L'équilibre affectif de votre enfant est en jeu. Et donc le vôtre !

N'efface pas le père pour faire place à un nouveau compagnon

Même si la séparation a eu lieu lorsque l'enfant avait un an, un bébé se souvient parfaitement de son père et de sa mère, sa mémoire affective ne les effacera jamais ! C'est une arnaque vis-à-vis de l'enfant, même tout petit, de lui demander d'appeler papa/maman son beau-père ou sa belle-mère. Ces mots sont réservés aux deux parents, même s'ils sont séparés. D'un point de vue génétique et symbolique, l'identité d'un enfant est constituée de son père et de sa mère d'origine et nous ne pouvons ignorer la réalité. On va pas remplacer papa et maman dans une tête d'enfant, même si le nouveau compagnon occupe au quotidien un rôle paternel ou maternel. La meilleure solution est de les appeler par leurs prénoms.

A lire : « Enfant libre ou enfant otage. Comment protéger l'enfant après la séparation des parents », par Jacques Biolley (éd. Les liens qui libèrent). « Comprendre le monde de l'enfant », par Jean Epstein (éd. Dunod).

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