La fessée est désormais interdite par la loi

La fessée est désormais interdite !

Depuis le 22 décembre 2016, la fessée est officiellement interdite en France, de même que tout châtiment corporel. Une interdiction longtemps réclamée par le Conseil de l'Europe, qui reprochait à la France de "ne pas prévoir une interdiction suffisamment claire, contraignante et précise des châtiments corporels". C'est donc chose faite ! Si ce vote a pris du retard, c'est certainement parce que les Français, dans leur majorité, y étaient opposés : en mars 2015, 70 % des Français étaient contre cette interdiction, même si 52 % d'entre eux considéraient qu'il valait mieux ne pas le donner aux enfants (source Le Figaro). 

La fessée, un geste pas si anodin pour l'enfant

Quand on leur demande, certaines mamans expliquent que « la fessée de temps en temps ne peut pas faire de mal » ou même dire : « J'ai eu des fessées quand j'étais petit et ça ne m'a pas tué ». Olivier Maurel, auteur du livre « La fessée, questions sur la violence éducative », répond très clairement que « si c'est pour donner une petite fessée, pourquoi le faire ? Autant l'éviter et choisir un autre mode d'éducation ». Pour lui, qu'il s'agisse d'une gifle légère, même sur la couche, ou d'une gifle, "on est dans une violence légère et l'effet sur l'enfant n'est pas anodin". En effet, selon lui, "le stress généré par la cassette impacte directement la santé de l'enfant en provoquant des troubles digestifs par exemple". Pour Olivier Maurel, « les neurones dits miroirs du cerveau enregistrent tous les gestes vécus au quotidien et ce mécanisme nous prépare à les reproduire. Ainsi lorsque vous frappez un enfant, vous ouvrez la voie à la violence dans son cerveau et le cerveau l'enregistre. Et l'enfant reproduira cette violence à son tour dans sa vie. ". 

Discipline sans punition

Certains parents voient la fessée comme un moyen « de ne pas perdre l'autorité sur leur enfant ». Monique de Kermadec, pédopsychologue, estime que « La fessée n'apprend rien à l'enfant. Il faut conseiller aux parents de discipliner sans punition ». En effet, le psychologue explique « que même si le parent atteint un certain état de nervosité lorsque l'enfant franchit une limite, il doit éviter de se mettre en colère et surtout de ne pas le frapper ». Un de ses conseils est de verbaliser ou de punir l'enfant, lorsque cela est possible, pour accompagner la réprimande. Parce que, lorsque le parent lève la main, « l'enfant est soumis à l'humiliation du geste et le parent se fait obéir par une violence qui nuit à la qualité de leur relation ». Pour le psychologue, le parent doit « éduquer par les mots avant tout ». L'autorité parentale ne peut se fonder sur la violence ne serait-ce que pour l'adulte en devenir. Monique de Kermadec rappelle que si « l'éducation est basée sur la violence, l'enfant va chercher ce mode de fonctionnement, il y aura une escalade. L'enfant le voit mal et aura une envie de vengeance ».

Une pédagogie contestée

Beaucoup de mamans pensent qu'« une fessée ne fait jamais de mal ». C'est ce genre d'affirmation que de nombreuses associations se battent depuis plusieurs années. En 2013, la Fondation pour l'enfance a frappé fort avec une campagne intitulée. Ce court métrage assez explicite mettait en scène une mère exaspérée giflant son fils. Filmé au ralenti, l'effet a augmenté l'impact et la déformation du visage de l'enfant.

Par ailleurs, l'association l'Enfant Bleu a publié en février 2015 les résultats d'un grand enquête sur les abus. Plus d'un Français sur 10 serait concerné par des violences physiques, 14% déclarent avoir été victimes d'abus physiques, sexuels ou psychologiques durant leur enfance et 45% soupçonnent au moins un cas dans leur environnement immédiat (famille, voisins, collègues, proches copains). En 2010, l'INSERM rappelait que dans les pays développés comme la France, deux enfants meurent chaque jour suite à des mauvais traitements. 

À savoir :

« La fessée, donnée à main nue comme aujourd'hui aux enfants, remonte au moins au XVIIIe siècle. Puis, au 18e et surtout au 19e siècle, il s'agissait probablement davantage d'une pratique familiale. Dans les écoles on frappe surtout avec les verges, et, à l'origine, le Dictionnaire Historique de la langue française d'Alain Rey (Robert) précise que le mot « fessée » ne vient pas de fesse, mais de « fascia », c'est-à-dire de dites "faisceau" (de branches ou de bâtons d'osier). Ce n'est que plus tard, probablement au début du 19ème siècle, qu'est survenue la confusion avec le mot « fesse », d'où la spécialisation : « coups donnés sur les fesses ». Auparavant, il semble que les coups étaient plutôt donnés dans le dos. Dans les familles, dès le XIXème siècle, l'usage du martinet était très fréquent. Mais on frappe aussi avec des cuillères en bois, des brosses et des chaussures ». (Interview d'Olivier Maurel).

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