Témoignage : Interview non filtrée de Maud, @LebocaldeSolal sur Instagram

Parents : Quand vouliez-vous avoir un bébé ?

Maud : Après un mois de discussion sur internet, Clem et moi nous rencontrons et c'est le coup de foudre. On se voit le week-end, on habite chez nos parents. En 2011, nous avons pris un studio. En 2013, un appartement plus grand. Nos situations professionnelles sont stables (je suis secrétaire et Clem travaille à l'imprimerie). On fait les cent pas, on commence à penser à un bébé et à se renseigner sur internet…

Pourquoi choisir un design « artisanal » ?

Ouverture à la procréation assistée pour tous, on en parle depuis 2012 en France mais, concrètement, encore faut-il se rendre en Belgique ou en Espagne pour en bénéficier ! Nous ne voulions pas franchir cette étape. C'est très médicalisé. Et il faut s'absenter dès « le moment venu », trouver un gynécologue qui fait les prescriptions ici, les faire traduire… Il faut aussi passer un entretien psychologique. Et les délais sont longs. Bref, des forums aux associations, nous avons préféré nous concentrer sur un donateur volontaire en France.

C'est alors cinq ans avant la naissance de Solal...

Oui, nous n'avons pas vraiment gagné de temps. Cependant, nous avons trouvé le donneur assez rapidement. Lorsque vous le rencontrez, le courant passe bien. Côté père, pas de soucis. C'est alors qu'il s'épaissit. Il a été décidé que je porterais l'enfant. Mais j'ai fait une fausse couche à un mois de grossesse. Cela nous bouleverse et il nous faut un an pour que l'envie d'enfants revienne. Mais on m'a diagnostiqué une endométriose et un syndrome des ovaires polykystiques. Bref, c'est compliqué. Clem propose alors de porter le bébé. Au début, j'ai du mal avec cette idée, puis je clique, le « sacrifice » se transforme en « soulagement ». Clem, qui est depuis devenu un homme trans, tombe enceinte au deuxième essai.

Quels sont vos liens avec l'ancêtre ?

Nous lui donnons des nouvelles de Solal de temps en temps. Mais ce n'est pas un ami. Nous ne voulions pas de coparentalité et il était d'accord avec ce principe. Nous ne voulions pas non plus de contact intime avec lui. A chaque test bébé, il venait prendre un café à la maison. La première fois, ça fait bizarre. Puis ça s'est détendu. Il faisait ce qu'il avait à faire tout seul. Nous avions un petit pot stérile pour recueillir le sperme et une pipette pour l'insémination. Ce n'était pas effrayant du tout.

Avez-vous dû adopter Solal ?

Oui, c'était la seule façon d'être officiellement son parent. J'ai commencé les procédures pendant la grossesse avec un avocat. Solal avait 20 mois lorsque le tribunal de Paris a ordonné l'adoption plénière. Il faut apporter des papiers, aller chez le notaire, prouver que vous êtes en forme, que vous connaissez l'enfant, tout cela devant la police. Sans parler des mois de vide juridique où Clem était le seul parent… Quel stress ! Vivement que la loi évolue.

Comment les autres perçoivent-ils votre famille ?

Nos parents attendaient avec impatience d'avoir un bébé. Nos amis sont ravis pour nous. Et à la maternité, l'équipe était gentille. La sage-femme m'a impliquée dans la préparation de l'accouchement et la naissance de Solal. J'ai failli le « sortir » moi-même et le mettre sur le ventre de Clem. Pour le reste, on a toujours peur du regard des autres avant de les croiser, mais jusqu'à présent, on n'a jamais eu de problème.

Comment vivez-vous le fait d'être devenus parents ?

Au début, c'était difficile, d'autant plus que nous habitions Paris. Nous avons pris un travail à temps partiel six mois chacun à tour de rôle. Notre rythme de vie était bouleversé, plus la fatigue des nuits et les angoisses. Mais on a vite trouvé la solution : aller voir des amis, manger au restaurant… Depuis, on a trouvé un bon équilibre : on a emménagé dans une maison avec jardin, et on a eu la chance d'avoir une place dans une crèche avec une super mère assistant.

Quels sont vos moments préférés avec Solal ?

Clem adore se balader à la campagne le dimanche matin avec Solal, pendant que je cuisine des petits plats ! Nous aimons aussi tous les trois dîner, raconter des histoires, voir Solal grandir avec nos deux chats…

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© Instagram : @lebocaldesolal

Ne t'inquiète pas alors ?

Oui bien sûr ! Il y a eu des petits reflux qu'il a fallu gérer, des mini-crises de frustration… Mais on s'adapte, on reste cool, c'est un cercle vertueux. Et notre compte Insta nous permet de partager nos émotions et de nous faire des amis. 

 

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