Témoignages : « Je détestais être enceinte »

« L'idée de partager mon corps avec un autre être me dérange. » : Pascale, 36 ans, maman de Rafaël (21 mois) et Emily (6 mois)

« Mes amis redoutaient tous l'accouchement et le baby blues. Moi, ça ne m'inquiétait pas le moins du monde ! Pendant neuf mois, j'attendais juste l'accouchement. Vite, laisse sortir l'enfant ! J'ai l'impression d'être très égoïste en disant cela, mais je n'ai jamais aimé cette situation de « cohabitation ». Partager son corps avec quelqu'un pendant tout ce temps est étrange, n'est-ce pas ? Je dois être trop indépendant. Pourtant, je voulais vraiment être maman (d'ailleurs, il a fallu attendre quatre ans pour avoir Rafaël), mais pas être enceinte. Cela ne m'a pas fait rêver. Quand je sentais les mouvements du bébé, ce n'était pas magique, la sensation m'agaçait plutôt.

je m'en doutais ça n'allait pas me plaire

Encore aujourd'hui, quand je vois une future maman, je ne m'extasie pas en « wow, ça donne envie ! Mode, même si je suis content pour elle. Pour moi, l'aventure s'arrête là, j'ai deux beaux enfants, j'ai fait le boulot… Avant même de tomber enceinte, je me doutais que ça ne me plairait pas. Le gros ventre qui vous empêche de porter vos courses tout seul. Avoir des nausées. Mal au dos. Fatigue. La constipation. Ma sœur est bulldozer. Elle supporte toutes les douleurs physiques. Et elle adore être enceinte ! Moi non, le moindre inconvénient me dérange, gâche mon plaisir. Les petits désagréments prennent le dessus. Je me sens diminué. Je suis sans aucun doute une petite nature! Il y a aussi dans l'état de grossesse l'idée que je ne suis plus complètement autonome, plus au top de mes capacités, et ça m'agace ! Les deux fois, j'ai dû ralentir au travail. Pour Rafaël, j'ai été alitée très rapidement (à cinq mois). Moi qui aime d'habitude avoir le contrôle sur ma vie professionnelle et mon emploi du temps… Le médecin qui me suivait lui-même a suggéré que j'étais une femme « pressée ».

La menace d'un travail prématuré n'a pas aidé...

Côté câlins, Nil et moi, nous avons dû tout arrêter net lors de la première grossesse, car il y avait une menace d'accouchement prématuré. Cela n'a pas aidé à me remonter le moral. J'ai accouché très tôt (à sept mois) à cause d'une infection urinaire. Pour ma fille Emily, ce n'était pas non plus une période glamour. Nil avait peur de mal faire, même si le danger n'existait pas. Bref… La seule chose que j'aimais quand j'étais enceinte c'était le test de grossesse positif, les échographies et mes seins très généreux… Mais j'ai tout perdu et même plus ! Mais c'est la vie bien sûr, je m'en remettrai…

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« Un sentiment de culpabilité m'a pesé pendant mes grossesses. » : Maylis, 37 ans, maman de Priscille (13 ans), Charlotte (11 ans), Capucine (8 ans) et Sixtine (6 ans)

«Je pense que mes sentiments négatifs sont très liés à l'annonce de ma première grossesse. Pour l'aîné, la réaction de mes parents m'a beaucoup perturbé. J'avais emballé des petits pots pour bébé pour leur faire une belle surprise. Blanc, en ouvrant les colis ! Ils ne s'attendaient pas du tout à cette nouvelle. J'avais 23 ans et mes frères (nous sommes cinq enfants) étaient encore adolescents. Mes parents n'étaient clairement pas prêts à devenir grands-parents.

Ils ont tout de suite suggéré qu'Olivier et moi n'étions pas en mesure d'avoir un enfant. On débutait dans la vie professionnelle, c'est vrai, mais on louait déjà un appartement, on était mariés et sûrs et certains de vouloir fonder une famille ! Bref, nous étions très déterminés. Malgré tout, leur réaction m'a profondément marqué : j'ai gardé l'idée que j'étais incapable d'être mère.

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A la naissance de notre quatrième enfant, j'ai consulté un psy qui m'a aidé à voir clair et à me libérer de la culpabilité en quelques séances. J'aurais dû y aller plus tôt car j'ai traîné ce malaise lors de mes quatre grossesses ! Par exemple, je me suis dit « si le PMI passe, ils trouveront que la maison n'est pas assez propre ! Aux yeux des autres, je me sentais comme une sorte de « mère fille », une personne irresponsable qui ne maîtrisait rien. Mes amis ont continué leurs études, ont fait le tour du monde et j'étais en couches. Je me sentais un peu en décalage. J'ai continué à travailler mais pointillé. J'ai changé de travail, fondé mon entreprise. Je n'ai pas vraiment réussi à me répartir harmonieusement entre mes enfants et mon travail. C'était encore plus fort pour le dernier qui arriva plus vite que prévu… Fatigue, insomnie, le sentiment de culpabilité augmentait.

Je ne supportais pas de voir mon reflet dans les vitrines

Il faut dire que j'étais vraiment malade enceinte. Pour ma première grossesse, je me souviens même avoir vomi par la vitre arrière de la voiture en étant allongée sur une cliente lors d'un déplacement professionnel...

La prise de poids m'a aussi beaucoup déprimé. J'ai pris entre 20 et 25 kg à chaque fois. Et bien sûr je n'ai pas tout perdu entre les naissances. Bref, j'ai eu des moments difficiles où je ne supportais pas de voir mon reflet dans les vitrines des magasins. J'en ai même pleuré. Mais ces enfants, je les voulais. Et même à deux, nous ne nous serions pas sentis complets. "

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« Je ne supportais pas qu'on me dise tout le temps ce que je devais faire ! » : Hélène, 38 ans, maman d'Alix (8 ans) et Zélie (3 ans)

« Je n'étais pas inquiète pendant mes grossesses, mais les autres l'ont fait ! D'abord mon mari Olivier, qui veillait sur tout ce que je mangeais. Il devait être parfaitement équilibré pour « développer les goûts de bébé ! ». Les médecins aussi qui m'ont donné plein de conseils. Des proches qui s'inquiétaient du moindre de mes mouvements « Ne danse pas trop ! ». Même si ces propos venaient d'un bon sentiment, cela m'a donné l'impression que tout était toujours décidé pour moi. Et ce n'est pas dans mes habitudes...

Il faut dire que ça a mal commencé avec le test de grossesse. Je l'ai fait au petit matin, un peu poussé par Olivier, qui a trouvé mon ventre « différent ». C'était le jour de mon enterrement de vie de jeune fille. J'ai dû annoncer la nouvelle à cinquante amis avant même de vraiment m'en rendre compte. Et j'ai dû réduire ma consommation de champagne et de cocktails…Pour moi, la grossesse est un mauvais moment pour avoir un bébé, et certainement pas un moment agréable dont j'ai profité. Un peu comme le voyage pour partir en vacances !

Le gros ventre vous empêche de vivre confortablement. Je me suis cogné contre les murs, je ne pouvais pas mettre mes chaussettes toute seule. Je sentais à peine les mouvements des bébés parce qu'ils étaient dans le siège. Et j'ai énormément souffert de mon dos et de la rétention d'eau. Au final, je n'ai pas pu conduire ni marcher plus de quinze minutes. Sans parler de mes jambes, de vrais bâtons. Et ce ne sont pas les vêtements de maternité qui m'ont remonté le moral…

Personne n'a eu pitié de ma bouteille…

En fait, j'attendais que ça passe, essayant de ne pas trop changer mon mode de vie. L'environnement professionnel dans lequel je travaille est très masculin. Dans mon département, les femmes se comptent sur les doigts d'une main. Autant dire que personne n'a été ému par ma canette ni ne m'a demandé comment je gérais mes rendez-vous médicaux. Au mieux, les collègues faisaient semblant de ne rien voir. Au pire, j'avais droit à des remarques comme « Arrête de te fâcher en réunion, tu vas accoucher ! Ce qui m'a visiblement encore plus agacé… »

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