Les premiers petits amis et petites amies comptent beaucoup

Copains et copines, relations sociales essentielles pour l'enfant

Lilia n'a plus quitté Ophélie depuis son retour en petite section" parce qu'elles aiment toutes les deux les robes filantes, les puzzles et le chocolat chaud ! ”. Gaspard et Théo ont décidé de se retrouver en fin d'après-midi sur la place pour jouer et partager leur goûter. " Parce que c'était lui, parce que c'était moi ! Cette jolie phrase de Montaigne parlant de sa grande amitié pour La Boétie s'applique aussi aux liens d'amitié que les petits tissent entre eux. Oui les amitiés enfantines naissent vers 3 ans, le sol dans lequel ils vont s'épanouir est préparé bien avant, car tout commence dès les premiers instants de la vie du bébé grâce aux interactions qu'il a avec les adultes qui s'occupent de lui, parents, assistantes maternelles, adultes -parents… En tant que psychologue clinicien Daniel Coum explique : «Au cours des échanges vocaux, des jeux, des contacts, des regards, des soins, l'enfant accumule dans sa mémoire physique et émotionnelle des expériences de communication qui vont conditionner sa relation aux autres. Si ces relations sont agréables et lui donnent satisfaction, il les recherchera. Si ces expériences sont négatives et lui causent de l'inconfort, des tensions ou de l'anxiété, il évitera les échanges, il sera moins sociable et moins désireux de tendre la main aux autres.". c'est pourquoi les paroles, les berceuses, les câlins sont si importants pour votre bébé. Vers 8-10 mois, le bébé prend conscience de l'ego et du non-moi, il comprend que l'autre, notamment sa mère, peut lui venir à manquer, il éprouve ce que les psy appellent "Anxiété du 8ème mois”. Et pour surmonter cette angoisse de séparation, il se met à imaginer l'être aimé absent dans sa tête, à s'en faire une image mentale. Après la première année, un bébé placé à côté d'un autre enfant va s'intéresser à lui, essayer de l'attraper avec ses mains, éventuellement le mordre pour montrer qu'il aime l'autre et qu'il n'en a pas envie. laisse le partir.

Relations entre enfants : les premiers échanges musculaires

Sa curiosité s'accompagne de brutalité car il n'a pas encore la capacité de supporter de ne pas maîtriser « l'objet de son intérêt ». Pousser, taper, s'arracher les cheveux… Ces manifestations « violentes » sont autant de tentatives d'entrer en couple, de provoquer des réactions.

A partir de 18 mois, il devient psychomoteur autonome et capable de vivre la séparation avec suffisamment de sécurité pour pouvoir commencer à aimer l'autre. Tout d'abord, intrigué par cette sorte de double de lui-même, l'enfant l'observe, le regarde jouer, copie ses mouvements. Jouer côte à côte permet à chacun d'enrichir et de développer le jeu, en saisissant de nouvelles idées avec de brefs regards sur le voisin. C'est le tout début des jeux entre enfants et copinage. La parole de l'adulte est indispensable pour accompagner ces premières tentatives de contact parfois trop musclé, il faut expliquer, nommer chacun par son prénom et expliquer que l'autre veut jouer avec lui, mais ne sait pas comment dit lui. Quand on n'a pas encore 2 ans, piquer le jouet de son copain est un moyen fréquent de lui montrer l'intérêt que vous lui portez. TTant qu'il n'y a pas de danger, il vaut mieux que l'adulte observe à distance et que « l'agresseur » et « l'agressé » aillent jusqu'au bout de l'échange, car c'est ainsi que l'un et l'autre apprendront à prendre en compte l'autre, à s'affirmer, à poser ses limites, à négocier, bref, à se socialiser . On note aussi qu'un moment de crise aboutit souvent in fine à un tuning. Les premiers échanges naissent spontanément, augmentent rapidement en intensité mais durent peu. Ce ne sont pas des jeux élaborés, avec des règles, un début et une fin. Ce sont des rencontres fortuites à travers lesquelles, petit à petit, chaque enfant trouvera son bonheur en présence de ses pairs. Mais à 2 ans, les moments d'attention à l'autre restent fugaces. Après une séance d'éclats de rire ou un conflit, sans crier gare, tous deux partent jouer seuls, chacun rêvant dans sa bulle. Comme le souligne Daniel Coum : «L'enfant doit se sentir suffisamment en sécurité pour développer une sociabilité apaisée, une relation bienveillante, apaisée et sereine avec l'autre, pour ne pas le considérer comme une menace. Les enfants très anxieux à propos de la séparation auront plutôt un comportement agressif envers l'autre pour le garder et préféreront détruire l'autre plutôt que de le perdre. C'est ce qui donne de l'influence aux comportements à l'âge adulte. »

A partir de 2 ans, les enfants découvriront le plaisir de « jouer ensemble ». La maîtrise de la langue leur permettra d'affiner leur relation aux autres. Plutôt que de le pousser ou de le tirer par la manche, ils disent désormais : « Allez ! ". Plus le langage s'enrichit, plus les interactions évoluent vers un jeu plus élaboré, où l'invention, l'imagination et le « faire semblant » prennent de plus en plus de place.

2-3 ans : le temps des vraies amitiés chez les enfants

Lorsqu'un enfant de 18 mois arrive à la crèche le matin, il se rend chez l'adulte qui est son référent... Quand il a 2-3 ans, il fonce droit sur ses copains, même si, bien sûr, la présence de l'adulte est toujours une base de sécurité, ce qui lui importe le plus, ce sont les jeux qu'il mettra en branle avec ses pairs. Il a franchi un cap ! Plus l'enfant grandit, plus sa conscience de lui-même et de l'autre s'affine, mieux il différencie chaque enfant et plus les amitiés évoluent vers de vraies amitiés.

L'amitié, la vraie, existe chez les enfants vers 3 ans. L'entrée à l'école maternelle est un moment clé, où les écoliers apprennent à danser et à chanter, mais surtout à socialiser. Chaque enfant cherche d'abord à être le préféré du professeur, mais comme cela est impossible, il se tourne vers ses amis et copines, et repère les deux ou trois enfants avec lesquels il préfère jouer. Les premières amitiés se nouent et les premiers rejets du genre » Lui, je ne l'aime pas, je ne veux pas jouer avec lui ! " trop. Parfois, les amis se choisissent eux-mêmes en miroir, en fonction de leurs similitudes.

Parfois, ce sont les extrêmes complémentaires qui attirent, le timide et l'extraverti, le doux rêveur et le fonceur, le bavard et le très sage… Ces alliances surprenantes permettent d'ouvrir les horizons et les parents doivent accepter les choix amicaux de leurs enfants, ne pas décider qui est le bon petit ami ou la bonne petite amie parce qu'ils ont le bon style et le bon look ! La liberté de l'enfant en classe rompt avec les critères de sa famille, sans préjugés, et c'est justement ce qui est dans son intérêt !

De 4 à 6 ans, les amitiés sont de plus en plus riches. Les enfants ont leurs premières vraies conversations avec des amis. Ils échangent des confidences, partagent leurs opinions sur l'amour, les parents, la mort… Les jeux s'enrichissent de scénarios bien plus élaborés ! Entre 5 et 6 ans, les jeux d'imitation permettent aux filles et aux garçons de vivre les relations sociales auxquelles ils participeront plus tard. On joue à maîtresse, maman/papa, docteur, prince et princesse, super héros, aller au boulot… Les amis deviennent des points de référence importants et de réconfort. Ils aident à pénétrer des territoires que l'on n'oserait pas traverser sans eux, permettent de sortir du cocon parental, de s'émanciper et de découvrir l'autre. C'est dans ces allers-retours entre le domicile et l'extérieur, les références familiales et celles des pairs, que chaque enfant construit ses propres idées, son propre univers et son identité personnelle. A cet âge, les petits travaillent plus en tandem qu'en groupe car il leur est difficile de nouer de vraies relations à plusieurs. Ils se lient souvent d'amitié avec des enfants du même sexe car le meilleur ami (le meilleur ami) vient renforcer leur identité sexuelle. D'où l'importance du double, de l'alter ego, celui en qui je peux avoir confiance, qui ne répète pas de secrets, qui rend des services et qui est le plus fort. C'est très rassurant pour un enfant qui se sent toujours un peu vulnérable dans un monde de grands.

Développez votre intelligence relationnelle

Plus il grandit, plus votre trésor a envie de jouer avec les autres, et d'avoir des amis et des petites amies. Savoir nouer des relations avec les autres, enfants ou adultes, c'est ce que les psys appellent l'intelligence relationnelle ou l'intelligence sociale. Ce type d'intelligence, indispensable pour bien vivre avec les autres et pour réussir à l'âge adulte, s'appuie sur différentes qualités que l'on peut encourager. Premièrement, la capacité de détecter et de comprendre les émotions des autres et de les distinguer des siennes. Pour aider votre enfant à développer son QS (quotient social), apprenez-lui à décrypter les actions des autres. Discutez souvent avec lui, encouragez-le à écouter et à poser des questions pertinentes, à distinguer les réactions et les jugements des autres, à accepter qu'ils soient différents des siens. Si tel ou tel enfant s'est moqué de lui, expliquez-lui pourquoi certains individus se moquent des autres, parce qu'ils ont peur qu'on se moque de lui, parce qu'ils ne sont pas sûrs d'eux...

Apprenez-lui aussi à être patient, à différer sa satisfaction au lieu de vouloir « tout de suite » ! Les enfants qui savent attendre et qui ne cèdent pas à leurs pulsions sont plus compétents socialement et plus sûrs d'eux que les autres. Si tel ou tel enfant veut lui retirer son jouet, dites-lui de l'échanger contre un des siens au lieu de refuser catégoriquement et de risquer une bagarre. Le troc est le meilleur moyen de se faire des amis. Par contre, ne lui faites pas prêter ses jouets, partagez et soyez gentil avec les autres parce que vous pensez que ça va ! Il est encore trop petit pour sympathiser ! Pour s'identifier à l'autre et être capable de bienveillance, il faut être suffisamment individualisé pour ne pas craindre d'être absorbé par l'autre. Il faut attendre que la période de NON soit passée avant de pouvoir demander à un enfant de prêter ses jouets, sinon il a l'impression de perdre une partie de lui-même. L'enfant n'est pas un adulte en miniature, et il n'est pas bon de lui imposer un idéal de comportement que l'on ne respecte souvent pas nous-mêmes !

Comme l'explique Daniel Coum : « Avant 3-4 ans, la sécurité de base d'un enfant repose sur l'idée qu'il est unique aux yeux de ses parents, que lui seul compte. A chaque fois qu'on lui demande de s'oublier au profit de l'autre, il sent qu'il n'est pas aimé et que l'autre est plus important aux yeux des parents ou de l'enseignant. Selon lui, il subit un préjudice d'autant plus dévastateur que celui au nom duquel on lui demande de renoncer à ses jouets, est plus petit que lui. Ce qu'il comprend, c'est qu'il est plus intéressant d'être un bébé que d'être un grand, ce que les adultes préfèrent aux petits. Alors que, paradoxalement, les adultes lui demandent d'être grand sans lui montrer qu'être grand a des avantages et des droits qui lui donneront envie de grandir. »

L'éducation au partage ne s'impose pas par la force. Si on oblige un enfant à être gentil avec l'autre trop tôt, si on lui dit qu'il n'est pas gentil ou, pire, si on le punit, il obéira aux injonctions de faire plaisir à ses parents, car il se soumet. L'altruisme, la véritable empathie, c'est-à-dire la capacité à se mettre à la place de l'autre en pensée et à se conformer à ses attentes, ne sont pas pas possible avant 6-7 ans, l'âge de raison. L'enfant a intégré les valeurs parentales, il sait ce qui est bien et ce qui est mal, et c'est lui qui décide d'être gentil et de partager.

L'amitié dans l'enfance : et si mon enfant n'a pas de petit ami ?

A peine votre fille a-t-elle mis les pieds dans la classe que vous la bombardez de questions : « Vous êtes-vous fait des amis ? Quels sont leurs noms ? Les parents veulent que leurs enfants soient la vedette de la crèche et des anniversaires ou le petit gars le plus populaire à la récréation. Seulement ici, tous les enfants ne sont pas sociables de la même manière, certains sont très entourés, d'autres plus introvertis. Au lieu de mettre la pression, il est essentiel d'identifier le « style social » de votre enfant, de respecter son rythme de développement et son tempérament. Sinon, on risque d'être contre-productif et de créer un blocage.

Il est aujourd'hui très prisé d'être populaire, mais il y a aussi des rêveurs timides, réservés, qui sont plus discrets et aiment jouer seul ou à deux. Et alors ? Un ami ou un ami suffit ! Invitez son meilleur ami à jouer le week-end. Stimuler son esprit d'équipe en l'inscrivant dans des activités périscolaires (danse, judo, théâtre, etc.), fondamentales pour permettre aux enfants timides de vivre dans un rythme autre que celui de l'école. Les règles sont différentes, les groupes sont plus petits… Les jeux de société sont parfaits pour apprendre à perdre, à être au milieu des autres et à faire gagner son équipe ! Et attention aux premières blessures d'amitié qui peuvent vraiment les blesser. Car l'âge des premières vraies amitiés est aussi celui des premiers chagrins d'amitié. Ne les prenez pas à la légère, écoutez leurs plaintes et réconfortez-les. Organisez des collations pour l'aider à se faire d'autres amis…

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