Les nouvelles peurs des enfants

De nouvelles peurs chez les enfants, trop exposées

Les enfants ont peur du noir, du loup, de l'eau, d'être laissés seuls… Les parents connaissent par cœur ces moments où leurs bambins paniquent et pleurent tellement qu'ils en ont peur. En général, ils savent aussi les calmer et les rassurer. Ces dernières années, de nouvelles craintes sont apparues chez les plus jeunes. Dans les grandes villes, les enfants seraient de plus en plus exposés à des images violentes qui leur font peur. Décryptage avec Saverio Tomasella, docteur en sciences humaines et psychanalyste, auteur de « Petites peurs ou grandes terreurs », aux éditions Leduc.s.

Qu'est-ce que la peur chez les enfants?

« L'un des événements les plus marquants qu'un enfant de 3 ans va vivre, c'est son retour à l'école maternelle, explique tout d'abord Saverio Tomasella. L'enfant passe d'un monde protégé (crèche, nourrice, mère, grand-mère…) à un monde peuplé de nombreux bambins, régi par des règles et des contraintes strictes. Bref, il plonge dans le tumulte de la vie collective. Parfois vécue comme une véritable « jungle », l'école est le premier lieu de toutes les découvertes. Certains enfants mettront plus ou moins de temps à s'adapter à ce nouvel environnement. Parfois même certaines situations vont vraiment effrayer le petit gars qui fait ses premiers pas à la maternelle. « Il est préférable que les adultes soient très vigilants pendant cette période importante de la rentrée scolaire. En effet, la psychanalyste souligne le fait qu'on impose aux tout-petits de devoir se débrouiller seuls, de devenir autonomes, d'obéir à plusieurs adultes, de suivre des règles de bonne conduite, etc. au petit enfant. Il a souvent peur de mal faire, d'être mal vu, de ne pas suivre le rythme », explique le spécialiste. Si l'enfant peut garder sa couverture avec lui, cela le réconforte. "C'est un moyen pour l'enfant de se rassurer, y compris en suçant son pouce, cette forme de contact avec son corps est fondamentale", précise la psychanalyste.

De nouvelles peurs qui effraient les enfants

Le Dr Saverio Tomasella explique recevoir de plus en plus d'enfants en consultation qui évoquent des craintes liées aux nouveaux modes de communication dans les grandes villes (gares, couloirs de métro, etc.). "L'enfant est quotidiennement confronté à certaines images violentes", dénonce le spécialiste. En effet, des écrans ou des affiches mettent en scène une publicité sous forme de vidéo, par exemple la bande-annonce d'un film d'horreur ou comportant des scènes à caractère sexuel, ou d'un jeu vidéo, parfois violent et surtout qui se veut réservé aux adultes. . « L'enfant est ainsi confronté à des images qui ne le concernent pas. Les annonceurs ciblent principalement les adultes. Mais comme elles sont diffusées dans un lieu public, les enfants les voient quand même », explique le spécialiste. Il serait intéressant de comprendre comment il est possible d'avoir un double discours avec les parents. Il leur est demandé de protéger leurs enfants avec un logiciel de contrôle parental sur l'ordinateur du foyer, de s'assurer qu'ils respectent la signalisation des films à la télévision, et dans l'espace public, des images « cachées » et non voulues. les tout-petits sont affichés sans censure sur les murs de la ville. Saverio Tomasella partage cette analyse. « L'enfant le dit clairement : il a vraiment peur de ses images. Ils lui font peur », confirme le spécialiste. De plus, l'enfant reçoit ces images sans filtres. Le parent ou l'adulte accompagnant doit en discuter avec lui. D'autres craintes concernent les événements tragiques de Paris et de Nice ces derniers mois. Face à l’horreur des attentats, de nombreuses familles ont été durement touchées. « Après les attentats terroristes, les télévisions ont diffusé beaucoup d'images d'une grande violence. Dans certaines familles, le journal télévisé du soir peut prendre une place assez importante au moment des repas, dans une volonté délibérée de « s'informer ». Les enfants vivant dans de telles familles font plus de cauchemars, ont un sommeil moins réparateur, sont moins attentifs en classe et développent même parfois des peurs face aux réalités de la vie quotidienne. « Chaque enfant a besoin de grandir dans un environnement qui le rassure et le rassure », explique Saverio Tomasella. « Face à l'horreur des attentats, si l'enfant est jeune, mieux vaut en dire le moins possible. Ne donnez pas de détails aux plus petits, parlez-leur simplement, n'utilisez pas de vocabulaire ni de mots violents, et n'utilisez pas le mot « peur », par exemple », rappelle également le psychanalyste.

Attitudes des parents adaptées à la peur de l'enfant

Saverio Tomasella est formel : « L'enfant vit la situation sans distance. Par exemple, des affiches ou des écrans se trouvent dans les lieux publics, partagés par tous, adultes et enfants, loin du cocon familial rassurant. Je me souviens d'un garçon de 7 ans qui m'a dit à quel point il avait eu peur dans le métro lorsqu'il a vu une affiche d'une pièce plongée dans le noir », témoigne le spécialiste. Les parents se demandent souvent comment réagir. « Si l'enfant a vu la photo, il faut en parler. Tout d'abord, l'adulte laisse l'enfant s'exprimer, et ouvre le dialogue au maximum. Demandez-lui ce qu'il ressent lorsqu'il voit ce genre d'image, qu'est-ce que cela lui fait. Dites-lui et confirmez qu'en effet, pour un enfant de son âge, il est tout à fait naturel d'avoir peur, qu'il est d'accord avec ce qu'il ressent. Les parents peuvent ajouter qu'il est effectivement ennuyeux d'être exposé à ce genre d'images », explique-t-il. « Oui, ça fait peur, tu as raison » : le psychanalyste pense qu'il ne faut pas hésiter à l'expliquer ainsi. Autre conseil, ne vous attardez pas forcément sur le sujet, une fois l'essentiel dit, l'adulte peut passer à autre chose, sans donner trop d'importance à l'événement, pour ne pas dramatiser la situation. « Dans ce cas, l'adulte peut adopter une attitude bienveillante, attentive à ce que l'enfant a ressenti, à ce qu'il en pense », conclut la psychanalyste.

Soyez sympa! Laissez un commentaire