Veuf : comment se reconstruire après le décès d'un conjoint ?

Veuf : comment se reconstruire après le décès d'un conjoint ?

La perte de son conjoint est un tremblement de terre, un choc qui efface tout, qui disloque. Une douleur incommensurable qu'il faut surmonter pour se reconstruire.

Une douleur

De marié, on devient veuf. De couple, on devient célibataire. On peut parler de deux douleurs, celle de l'être aimé qui a disparu et celle du couple que l'on a formé. Selon le psychiatre Christophe Fauré, il y a moi, il y a vous et il y a une troisième entité, le nous. L'autre est absent, la maison est déserte, nous ne partageons plus les choses du quotidien avec notre compagnon de vie.

Avec la mort de l'être aimé, une partie de notre identité. Il reste un champ de ruines et la douleur qui se ravive encore plus chaque fois que l'on se retrouve seul, au dîner, au coucher. La colère et la tristesse atteignent parfois une telle intensité, bien au-delà de ce que l'on aurait cru possible. La mort d'un conjoint ou d'un partenaire de vie est la mort de l'amour de notre vie… la personne sur laquelle nous pouvions toujours compter pour nous soutenir physiquement et émotionnellement. C'est aussi la perte du contact physique qui était devenu une partie normale de votre vie quotidienne. Désormais, c'est le règne du « plus jamais ça » qui alimente la douleur.

Deuil, symptômes physiologiques

Le deuil est la réponse naturelle et normale à la perte. Elle est souvent perçue comme des émotions, entre solitude et tristesse. En fait, le deuil est beaucoup plus complexe. Cela vous affecte à tous les niveaux, émotionnellement, cognitivement, socialement, spirituellement et physiquement.

Au cours des six à douze premiers mois suivant l'accident mortel, les gens sont plus vulnérables aux maladies. Selon les experts médicaux, les personnes accablées par le deuil sont plus susceptibles d'être impliquées dans un accident parce qu'elles sont préoccupées par leur deuil. Le système immunitaire fonctionne à plein régime, et il y a de fortes chances que l'épuisement soit un élément permanent. C'est ainsi que le corps réagit aux traumatismes. Il est important de l'écouter. Vous pourriez souffrir d'insomnie, tout comme vous pourriez vouloir passer votre journée au lit. Vous pourriez avoir la nausée et arrêter de manger, tout comme vous pourriez mourir de faim et dévorer tout ce que vous avez sous la main. Assurez-vous de bien manger et de vous reposer pendant les premiers jours de votre deuil. Ce n'est pas un scoop, quand on est en deuil, la personne disparue accapare toute notre pensée. Ce problème de concentration pourrait provoquer des trous de mémoire. Comparativement à ceux qui n'étaient pas en deuil, les sujets ayant perdu leur conjoint six mois auparavant avaient plus de difficulté à se souvenir des détails d'une histoire, juste après l'avoir entendue ou après un intervalle.

Une nouvelle identité

Souvent, la mort d'une femme ou d'un mari change radicalement le monde tel que vous l'avez vécu jusqu'au départ de votre conjoint. En tant qu'écrivain, Thomas Attig l'a souligné, il faut « réapprendre son monde ». Tout change, dormir, cuisiner, manger, voire même regarder la télé, sont désormais des choses bien différentes une fois que l'on est seul.

Les activités ou les corvées, une fois partagées, les événements que vous et votre partenaire avez anticipés, les cérémonies de remise des diplômes, la naissance de petits-enfants et d'autres occasions spéciales, doivent maintenant être pris en charge par eux-mêmes. Le monde devient un endroit différent et plus solitaire. Maintenant, vous devez apprendre à vivre par vous-même, à prendre des décisions par vous-même. Il est donc essentiel que vous vous organisiez pour ne pas être débordé.

La relation avec les amis va aussi changer, vos amis de couple sont en couple et même s'ils vous montrent de l'attention, vous êtes désormais veuf, dans un monde plein de couples… Il vous faudra du temps pour vous habituer à cette nouvelle identité. Certains couples que vous avez vus avec votre partenaire peuvent prendre de la distance et avec le temps ne plus vous inviter. Vous constaterez que le risque, en tant que veuf, est d'être exclu de la vie sociale des autres couples. Libre, disponible pour les autres, vous êtes devenu un peu une « menace » pour eux.

Reconstruire

La mort tragique de votre partenaire et la fin prématurée de votre relation seront toujours une source de deuil. Si vous avez peur de faire place à la guérison parce que vous craignez que cela vous fasse oublier votre conjoint, sachez que vous ne l'oublierez jamais.

Vous garderez toujours de précieux souvenirs de lui, de vous, tout comme vous regretterez toujours les années de bonheur que vous n'aurez jamais la chance de vivre avec lui.

Au fil du temps, cependant, vos bons souvenirs vous aideront à vous reconstruire. Cette reconstruction passe par l'expression de vos émotions. Surtout, ne les harcelez pas mais partagez-les, écrivez-les, non pas pour vous en débarrasser mais pour les transformer. N'hésitez pas à parler de votre partenaire de vie, à parler de sa personnalité. Partagez vos souvenirs les plus précieux.

Ne coupez pas les ponts avec vos amis mais faites-en d'autres en vous inscrivant par exemple à des cours de peinture, des ateliers d'échecs, intéressez-vous à votre entourage dans le domaine professionnel, etc.

Vous découvrirez alors que l'on peut vivre, aimer, faire de nouveaux projets, tout en restant dans une triste expérience liée à l'absence de son conjoint. Réinvestissez-vous dans la vie en prenant soin de vous, notamment de votre sommeil. Organisez des rituels, ils vous aident à reprendre le contrôle de votre vie, à récupérer : allez vous promener tous les matins avant d'aller travailler, écrivez vos petits plaisirs dans un journal de gratitude avant de vous coucher pour faire le point sur vos avancées. Reconnectez-vous au positif.

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