Devenir belle-mère avant de devenir mère

Comment devenir belle-mère avant d'être mère ?

Quand vient l'heure de coucher avec son amant, Jessica doit se lever pour préparer le petit-déjeuner des enfants de sa nouvelle chérie. Comme elle, de nombreuses jeunes femmes sont en couple avec un homme déjà père. Elles renoncent souvent au confort de vivre en couple « sans enfant » alors qu'elles n'ont pas encore vécu elles-mêmes la maternité. En pratique, ils vivent dans une famille recomposée et doivent être acceptés par les enfants. Pas toujours facile.

Être à la fois une nouvelle partenaire et une belle-mère

« Je suis la 'belle-mère', comme on dit, d'un garçon de deux ans et demi. Ma relation avec lui se passe très bien, il est adorable. J'ai vite trouvé ma place en gardant un rôle un peu fun : je lui raconte des histoires, on cuisine ensemble. Ce qui est difficile à vivre, c'est de se rendre compte que, même s'il m'aime bien, quand il est triste, il me rejette et appelle son père », témoigne Emilie, 2 ans. Pour la spécialiste Catherine Audibert, tout est une question de patience. Le trio formé par le nouveau partenaire, l'enfant et le père, doit trouver sa vitesse de croisière pour devenir une famille recomposée à part entière. Ce n'est pas aussi facile qu'il y paraît. « La réorganisation d'une famille génère souvent des problèmes au sein du couple et entre le beau-parent et l'enfant. Même si la nouvelle compagne met tout en œuvre pour que ça se passe bien, elle se confronte à la réalité qui, le plus souvent, est bien différente de ce qu'elle avait imaginé. Tout dépendra de ce qu'elle a vécu dans son enfance, avec ses parents. Si elle a souffert d'un père autoritaire ou d'un divorce compliqué, les douleurs du passé seront ravivées par la nouvelle configuration familiale, notamment avec les enfants de son compagnon », indique la psychothérapeute.

Trouver sa place dans la famille recomposée

Une question taraude principalement ces femmes : quel rôle doivent-elles avoir auprès de l'enfant de leur partenaire ? « Il faut avant tout être patient pour établir une relation stable avec l'enfant de l'autre. Nous ne devons pas imposer brutalement une manière d'éduquer, ni être en conflit perpétuel. Un conseil : chacun doit prendre son temps pour apprivoiser. Il ne faut pas oublier que les enfants ont déjà vécu, ils ont reçu une éducation de leur mère et de leur père avant la séparation. La nouvelle belle-mère devra composer avec cette réalité et avec des habitudes déjà établies. Autre chose importante : tout dépendra de ce que cette femme représente dans l'esprit de l'enfant. Il ne faut pas oublier qu'il prend une nouvelle place dans le cœur de leur père. Comment s'est passé le divorce, en est-elle « responsable » ? L'équilibre familial que cherche à établir la belle-mère dépendra aussi du rôle qu'elle a eu, ou non, dans la séparation des parents de l'enfant », explique la spécialiste. Changement de maison, de rythme, de lit… l'enfant a parfois du mal à vivre différemment avant le divorce. Accepter de venir chez son père, découvrir qu'il a une nouvelle « chérie » n'est pas facile pour un enfant. Cela peut prendre beaucoup de temps. Parfois même les choses tournent mal, par exemple, lorsque la belle-mère demande à l'enfant de faire quelque chose, l'enfant peut répondre sèchement « qu'elle n'est pas sa mère ». Le couple doit être uni et cohérent dans sa position en ce moment. « Une réponse appropriée est d'expliquer aux enfants qu'effectivement, ce n'est pas leur mère, mais que c'est un adulte référent qui vit avec leur père et qui forme un nouveau couple. Le père et son nouveau compagnon doivent répondre d'une même voix aux enfants. C'est aussi important pour l'avenir, s'ils ont un jour un enfant ensemble. Tous les enfants doivent recevoir la même éducation, les enfants de l'ancienne union, et ceux de la nouvelle union », observe le spécialiste.

Pour la femme qui n'est pas encore mère, qu'est-ce que cela change ?

Les jeunes femmes qui choisissent une vie de famille alors qu'elles n'ont pas encore eu d'enfant, vivront une expérience sentimentale très différente de leurs copines dans un couple sans enfant. « Une femme qui entre dans la vie d'un homme souvent plus âgé qui avait déjà eu des enfants renonce d'abord à être la première femme à lui donner naissance. Elle ne vivra pas la « lune de miel » des couples nouvellement formés, ne pensant qu'à eux. L'homme, quant à lui, vient de se séparer et aura en tête tout ce qui touche les enfants de près ou de loin. Il n'est pas dans une relation 100% amoureuse », explique Catherine Audibert. Certaines femmes peuvent se sentir exclues des principales préoccupations de leur partenaire. « Lorsque ces femmes, qui n'ont jamais connu la maternité, choisissent un homme déjà père, c'est en réalité la figure paternelle qui les séduit. Souvent, dans mon expérience de psychanalyste, je constate que ces pères-compagnons sont « meilleurs » que le père qu'ils ont eu dans leur enfance. Ils voient en lui des qualités paternelles qu'ils apprécient, qu'ils recherchent pour eux-mêmes. Il est en quelque sorte l'homme « idéal », comme un homme-père potentiellement « parfait » pour les futurs enfants qu'ils auront ensemble », indique le psy. Beaucoup de ces femmes pensent, en effet, au jour où elles voudront avoir un enfant avec leur compagnon. Une mère parle de ce sentiment délicat : « S'occuper de ses enfants me rend désespérée d'avoir mes propres bébés, sauf que mon partenaire n'est pas encore prêt à recommencer. Je me pose aussi beaucoup de questions sur la façon dont ses enfants l'accepteront quand ils seront plus grands. Instinctivement, j'ai tendance à penser que plus les enfants sont proches, mieux ce sera dans une fratrie recomposée. J'ai peur que ce nouveau bébé ne soit pas vraiment accepté par ses grands frères, puisqu'ils auront un gros écart. Ce n'est pas encore pour demain, mais j'avoue que ça me dérange », témoigne Aurélie, jeune femme de 27 ans, en couple avec un homme et père de deux enfants.

Accepter que son compagnon ait déjà une famille

Pour d'autres femmes, c'est la vie de famille actuelle qui peut être inquiétante pour le futur projet du couple. « En fait, ce qui me dérange vraiment, c'est que mon homme, au final, aura en fait deux familles. Comme il était marié, il a déjà vécu la grossesse d'une autre femme, il sait parfaitement s'occuper d'un enfant. Du coup, je me sens un peu seule quand on veut avoir un bébé. J'ai peur d'être comparé, de faire pire que lui ou son ex-femme. Et surtout, égoïstement, j'aurais préféré construire notre famille de 3. Parfois j'ai l'impression que son fils est comme un intrus entre nous. Il y a les difficultés liées à la garde, à la pension alimentaire, je ne pensais vraiment pas passer par tout ça ! », témoigne Stéphanie, 31 ans, en couple avec un homme, père d'un petit garçon. Il y a cependant certains avantages, selon le psychothérapeute. Lorsque la belle-mère deviendra mère à son tour, elle accueillera ses enfants plus sereinement, dans une famille déjà constituée. Elle aura déjà vécu avec de jeunes enfants et aura acquis une expérience maternelle. La seule crainte de ces femmes serait de ne pas être à la hauteur de la tâche. Tout comme celles qui deviennent mères pour la première fois.

Soyez sympa! Laissez un commentaire