Enfants : leurs questions sur la mort

Quand l'enfant s'interroge sur la mort

Mon chien Snowy va-t-il se réveiller ?

Pour les tout-petits, les événements de la vie sont cycliques : ils se lèvent le matin, jouent, déjeunent, font la sieste, prennent leur bain, dînent et se couchent le soir, selon des horaires bien réglés. Et le lendemain, ça recommence… Selon leur logique, si leur animal est mort, il se réveillera le lendemain. Il est très important de leur dire qu'un animal ou un humain mort ne reviendra jamais. Quand tu es mort, tu ne dors pas ! Dire qu'une personne décédée est « endormie » risque d'induire une forte anxiété au moment de s'endormir. L'enfant a tellement peur de ne plus se réveiller qu'il refuse de s'endormir.

C'est un très vieux grand-père, tu penses qu'il va bientôt mourir ?

Les jeunes enfants croient que la mort n'est que pour les personnes âgées et ne peut pas affecter les enfants. C'est ce que beaucoup de parents leur expliquent : « Tu meurs quand tu as fini ta vie, quand tu es très, très vieux ! Les enfants construisent ainsi le cycle de la vie qui commence par la naissance, puis l'enfance, l'âge adulte, la vieillesse, et se termine par la mort. C'est dans l'ordre des choses que cela se produise. C'est une façon pour l'enfant de se dire que la mort ne le concerne pas. Ainsi il se protège de la menace qui pèse sur lui et ses parents dont il est très dépendant, à la fois matériellement et émotionnellement.

Pourquoi mourons-nous ? Ce n'est pas juste !

A quoi bon vivre ? Pourquoi mourons-nous ? Des questions que l'on se pose à tout âge de la vie. De 2 à 6 ou 7 ans, la notion de mort n'est pas intégrée comme elle le sera à l'âge adulte. Néanmoins, les tout-petits essaient d'imaginer ce qu'est la mort. On leur apprend très tôt que tout a une utilité dans la vie : une chaise c'est pour s'asseoir, un crayon c'est pour dessiner… Alors ils se demandent de manière très pratique et concrète à quoi ça sert de mourir. Il est important de leur expliquer calmement que tous les êtres vivants de la planète vont disparaître, que la mort est indissociable de la vie. Même si c'est encore quelque chose d'assez abstrait, ils sont capables de le comprendre..

Vais-je mourir aussi ?

Les parents sont souvent très perturbés par la nature soudaine et sérieuse des questions sur la mort. Il leur est parfois difficile d'en parler, cela ravive des expériences passées douloureuses. Ils se demandent avec inquiétude pourquoi leur enfant pense à ça. Est-ce qu'il va mal ? Est-il triste? En réalité, il n'y a là rien d'alarmant, c'est normal. On ne protège pas un enfant en lui cachant les difficultés de la vie, mais en l'aidant à les affronter en face. Françoise Dolto a conseillé de dire aux enfants anxieux : « On meurt quand on a fini de vivre. Avez-vous fini votre vie? Non ? Puis ?"

J'ai peur ! Est-ce que ça fait mal de mourir ?

Chaque être humain est saisi par la peur de mourir demain. Vous ne pouvez pas éviter votre enfant avoir peur de la mort et c'est une idée fausse de penser que si on n'en parle pas, il n'y pensera pas ! La peur de la mort apparaît lorsque l'enfant se sent affaibli. Il n'y a pas de quoi s'inquiéter si cette préoccupation est éphémère. Et s'il reprenait joyeusement le jeu une fois que ses parents l'auraient rassuré. Par contre, quand un enfant ne pense qu'à ça, ça veut dire qu'il traverse une crise. Mieux vaut l'emmener voir un psychothérapeute ce qui le rassurera et l'aidera à lutter contre sa peur écrasante de mourir.

A quoi bon vivre puisque nous allons tous mourir ?

La perspective de la mort est lourde à porter si l'on ne valorise pas la vie aux yeux des enfants en leur disant : « L'essentiel c'est que tu sois présent dans ce que tu vis, au cœur de ce qui se passe, que tu fasses bien les choses , que vous donniez de l'amour, que vous en receviez, que vous réussissiez à réaliser vos passions ! Qu'est-ce qui est important pour vous dans la vie ? Qu'aimerais tu faire ?" On peut expliquer à un enfant que sachant qu'à un moment ça s'arrête, nous pousse à faire plein de choses de notre vivant ! Les enfants sont très tôt à la recherche d'un sens à leur vie. Souvent, ce qui se cache derrière, c'est la peur et le refus de grandir. Il faut leur faire comprendre qu'on ne vit pas pour rien, qu'en grandissant on s'épanouit, qu'en avançant en âge, on perd des années de vie mais on gagne bonheur ainsi que l'expérience.

C'est super de prendre l'avion pour partir en vacances, va-t-on voir mamie qui est au paradis ?

Dire à un enfant : « Ta grand-mère est au paradis » rend la mort irréelle, il ne peut pas localiser où elle est maintenant, il ne peut pas comprendre que sa mort est irréversible. L'autre formule encore plus malheureuse est de dire : « Ta grand-mère a fait un très long voyage ! Pour pouvoir faire son deuil, un enfant doit comprendre qu'un défunt ne reviendra jamais. Mais quand on part en voyage, on revient. L'enfant risque d'attendre le retour de l'être aimé sans pouvoir faire son deuil, et se tourner vers d'autres intérêts. D'ailleurs, si on l'épargne en disant : « Ta grand-mère est partie en voyage », il ne comprendra pas pourquoi ses parents sont si tristes. Il se blâmera : « Est-ce de ma faute s'ils pleurent ? Est-ce parce que je n'ai pas été gentille ? "

Tu m'as dit que le papa de Juliette était mort parce qu'il était très malade. Moi aussi je suis très malade. Pensez-vous que je vais mourir?

Les enfants comprennent parfaitement qu'un enfant peut aussi mourir. S'il pose la question, il a besoin une réponse sincère et juste ce qui l'aide à réfléchir. Il ne faut pas imaginer qu'en gardant le silence, on protège son enfant. Au contraire, plus il sent qu'il y a un malaise, plus c'est angoissant pour lui. La peur de la mort est la peur de la vie ! Pour les rassurer, on peut leur dire : « Quand il y a des difficultés dans la vie, il faut mettre son casque ! C'est une façon colorée de leur faire comprendre que nous avons toujours une solution pour nous protéger des épreuves et gagner.

Puis-je aller au cimetière voir la nouvelle maison de ma tante ?

Faire le deuil d'un être cher est une épreuve douloureuse pour un jeune enfant. Vouloir le protéger en l'éloignant de la dure réalité est une erreur. Cette attitude, même si elle part d'un bon feeling, est bien plus perturbante pour l'enfant, tout simplement parce qu'elle laisse libre cours à son imagination et son angoisse. Il imagine n'importe quoi sur les raisons et les circonstances de la mort, son inquiétude est bien plus grande que si on lui expliquait clairement ce qui se passe. Si l'enfant le demande, il n'y a aucune raison qu'il n'assiste pas aux obsèques, il peut alors se rendre régulièrement sur la tombe pour y déposer des fleurs, évoquer des souvenirs heureux avec ceux qui restent, lorsque la personne disparue était là. Ainsi, il trouvera une place pour le défunt dans sa tête et dans son cœur. Les parents ne devraient pas avoir peur de monter un spectacle, il ne sert à rien de vouloir cacher ta tristesse et tes larmes ou prétendre que tout va bien. Un enfant a besoin de cohérence entre les mots et les émotions…

Comment parler de la mort à un enfant : où va-t-on après la mort ? Au paradis ?

C'est une question très personnelle, l'important est d'y répondre en cohérence avec les croyances profondes de la famille. Les religions apportent des réponses différentes et tout le monde a raison sur cette question. Dans les familles incrédules aussi, la cohérence est fondamentale. Nous pouvons exprimer nos convictions en disant par exemple : « Il ne se passera rien, nous vivrons dans la tête des gens qui nous ont connus, qui nous ont aimés, c'est tout ! Si l'enfant veut en savoir plus, on peut expliquer que certains croient qu'il y a une autre vie après la mort, un paradis… D'autres croient à la réincarnation… Alors l'enfant se fera sa propre opinion et se créera ses propres représentations.

Vais-je être mangé par des asticots sous terre ?

Des questions concrètes appellent des réponses simples : « Quand on est mort, il n'y a plus de vie, plus de cœur qui bat, plus de cerveau contrôlant, on ne bouge plus. Nous sommes dans un cercueil, protégés de l'extérieur. » Ce serait très « gore » de donner des détails morbides sur la décomposition… Les trous dans les orbites au lieu des yeux sont des images de cauchemar ! Les enfants ont tous une période où ils sont fascinés par la transformation du vivant. Ils écrasent les fourmis pour voir si elles vont encore bouger, arrachent les ailes des papillons, observent les poissons sur l'étal du marché, les petits oiseaux tombés du nid… C'est la découverte des phénomènes naturels et de la vie.

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