Echographies commerciales : attention aux dérives

L'échographie doit rester « médicale »

Ces dernières années, des cabinets privés de radiologie se sont développés, se spécialisant danséchographie « spectacle ». Cible ? Les futurs parents très curieux et prêts à payer le prix pour découvrir, avant l'heure, le joli minois de leur progéniture ! Vous en ressortez avec l'album photo et/ou le DVD de Bébé. Comptez entre 100 et 200 € par séance, non remboursés, cela va de soi. Attention : la plupart du temps, la personne qui manipule la sonde n'est pas un médecin ! Il ne peut, en aucun cas, faire un diagnostic sur la santé du fœtus.

Cette pratique a conduit les professionnels de santé à faire appel aux pouvoirs publics. En janvier 2012, le gouvernement a saisi, d'une part, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) sur la question de risque potentiel pour la santé et, d'autre part, la Haute Autorité de Santé (HAS) sur deux aspects : la définition de l'échographie comme acte médical et sa compatibilité avec les pratiques commerciales observées.

Verdict : « Une échographie « médicale » doit être réalisée à des fins de diagnostic, de dépistage ou de suivi et exclusivement pratiqué par Médecins à sages-femmes », rappelle tout d'abord la HAS. « Le principe de l'échographie sans motif médical est contraire aux codes de déontologie des médecins et sages-femmes », ajoute la Haute Autorité.

Echos 3D : quel est le risque pour Bébé ?

La prolifération des ultrasons soulève également des questions sur la risques pour le bébé. De nombreux parents sont tentés de vivre le moment magique deÉchographie 3d. Et on les comprend : il offre une vision très émouvante de l'enfant qui grandit à l'intérieur. La question cruciale demeure : ce « surplus » d'ultrasons est-il dangereux pour le fœtus ?

Déjà en 2005, l'Afssaps* déconseillait aux parents les échographies 3D, à usage non médical. La raison ? Personne ne connaît les risques réels pour le fœtus… « Les échos 2D classiques n'ont aucun effet sur la santé du bébé, mais les ultrasons envoyés lors des échos 3D sont plus denses et visent davantage le visage. Comme précaution, il vaut mieux ne pas l'utiliser comme un examen classique», explique le Dr Marie-Thérèse Verdys, obstétricienne-gynécologue. Ce principe a été récemment réaffirmé par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Il rappelle « la nécessité de limiter la durée d'exposition lors des ultrasons, en raison de l'absence de données confirmant ou infirmant un risque lié à l'exposition aux ultrasons lors d'une échographie fœtale ». C'est pourquoi de nouvelles études seront menées pour évaluer l'ensemble des risques liés à la pratique des échographies fœtales.

Échographies « spectacle » : les parents en première ligne

La multiplication de ces ultrasons peut également avoir des conséquences négatives pour les parents. Dans son récent rapport, la Haute Autorité de Santé met en garde contre » risques psychoaffectifs pour la mère et l'entourage que la livraison de ces images pourrait générer, en l'absence de support compétent ». Dans la mesure où la personne réalisant cet examen n'est pas un médecin et ne peut en aucun cas donner des informations médicales, la future maman peut s'inquiéter inutilement. D'où l'importance de sensibiliser les parents aux bonnes pratiques.

* Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé

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