Diabète gestationnel : le dépistage ciblé suffit-il ?

Pour ou contre le dépistage ciblé du diabète gestationnel

Pendant la grossesse, certaines femmes peuvent être atteintes de diabète gestationnel. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) définit cette maladie comme « un trouble de la tolérance aux glucides conduisant à une hyperglycémie de gravité variable, survenue ou diagnostiquée pour la première fois pendant la grossesse. »Dans les conditions de projection actuelles, entre 2 et 6% des femmes enceintes seraient concernées, mais cette proportion peut être beaucoup plus élevée dans certaines populations. En général, la tendance actuelle est à l'augmentation de la prévalence. Les principaux facteurs de risque sont : le surpoids, l'âge, l'origine ethnique, les antécédents familiaux de diabète au premier degré, les antécédents obstétricaux de diabète gestationnel ou de macrosomie, le syndrome des ovaires polykystiques. Le diabète gestationnel peut entraîner des complications chez la mère et l'enfant. Il est associé à un risque accru de prééclampsie ainsi que césarienne. Côté bébé, le macrosomie (poids de naissance supérieur à 4kg) est la principale conséquence néonatale démontrée du diabète gestationnel.

Diabète gestationnel : le choix du dépistage ciblé

Pour son premier enfant, Elisabeth se souvient avoir fait un dépistage du diabète gestationnel, mais cette fois pour le deuxième, son gynécologue lui a dit que ce n'était plus nécessaire. Visiblement, elle n'est pas rassurée : "et si on ratait ça et qu'il s'avère que j'ai du diabète ?" ", Elle s'inquiète. Entre les examens de grossesse obligatoires, ceux fortement recommandés et enfin ceux qui ne sont plus utiles, il est parfois difficile de s'y retrouver. Concernant le dépistage du diabète gestationnel, de nouvelles recommandations ont été mises en place en 2011. Jusque-là, toutes les femmes enceintes devaient être dépistées au 2e trimestre, entre la 24e et la 28e semaine d'aménorrhée. Cet examen, appelé Hyperglycémie induite par la bouche (HGPO), consiste en une glycémie à jeun à 1 heure et 2 heures après l'ingestion de 70 g de glucose. Désormais, ce test n'est prescrit que pour les futures mères disent à risque. On dit que le dépistage est ciblé. Sont concernés : les femmes de plus de 35 ans, celles ayant un IMC supérieur ou égal à 25, des antécédents familiaux de diabète du 1er degré, un diabète gestationnel lors d'une précédente grossesse, un enfant dont le poids de naissance est supérieur à 4 kg (macrosomie). Dans le même temps, les seuils d'hyperglycémie ont été abaissés, ce qui a par conséquent augmenté le taux de prévalence du diabète.

Pas de danger avéré en l'absence de facteurs de risque

Quand on connaît les complications périnatales (macrosomie, éclampsie, etc.) liées spécifiquement au diabète gestationnel, on peut se demander pourquoi le dépistage systématique a été abandonné. « Nous n'avons aucun argument scientifique pouvant justifier la prise en charge du diabète gestationnel chez les femmes qui ne présentent aucun facteur de risque », explique le Pr Philippe Deruelle, gynécologue-obstétricien au CHRU de Lille. En d'autres termes, rien ne prouve que le diabète gestationnel découvert chez une future mère moyenne ait le même degré de gravité que chez une femme à risque. " C'est lorsque les facteurs se conjuguent que les conséquences sont potentiellement graves », poursuit le spécialiste. Par ailleurs, il est toujours possible de proposer ce test dans un deuxième temps, notamment lors du 7ème mois lors de la troisième échographie. En fait, de nombreux gynécologues continuent de prescrire l'OGTT à toutes les femmes enceintes, par précaution plutôt que par suspicion. 

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