Psychologie

« Connais-toi toi-même », « Aide-toi », « La psychologie pour les nuls »… Des centaines de publications et d'articles, de tests et d'interviews nous assurent que nous pouvons nous aider… en tant que psychologues. Oui, c'est vrai, confirment les experts, mais pas dans toutes les situations et seulement jusqu'à un certain point.

« Pourquoi avons-nous besoin de ces psychologues ? » En effet, pourquoi diable devrions-nous partager nos secrets les plus personnels, les plus intimes avec un étranger, et même le payer pour cela, alors que les étagères sont jonchées de best-sellers nous promettant de "découvrir notre vrai moi" ou de "se débarrasser de problèmes psychologiques cachés » ? N'est-il pas possible, après s'être bien préparé, de s'aider soi-même ?

Ce n'est pas si facile, le psychanalyste Gérard Bonnet refroidit nos ardeurs : « N'espérez pas devenir votre propre psychanalyste, car pour ce poste il faut prendre de la distance avec soi-même, ce qui est assez difficile à faire. Mais il est tout à fait possible de réaliser un travail en autonomie si l'on accepte de libérer son inconscient et de travailler avec les signes que cela donne. Comment faire?

Rechercher des symptômes

Cette technique est à la base de toute psychanalyse. C'est à partir d'une introspection, ou plutôt d'un de ses rêves, qui est entré dans l'histoire sous le nom de « Rêve de l'injection d'Irma », que Sigmund Freud en juillet 1895 a fait émerger sa théorie des rêves.

Nous pouvons parfaitement utiliser cette technique et l'appliquer à nous-mêmes, en utilisant tous les symptômes que l'inconscient nous révèle : non seulement les rêves, mais aussi les choses que nous avons oublié de faire, les lapsus, les lapsus, les lapsus , des lapsus, des événements étranges — tout ce qui nous arrive assez souvent.

Il vaut mieux consigner dans un journal tout ce qui se passe de la manière la plus libre, sans se soucier du style ou de la cohérence.

« Il faut y consacrer régulièrement un certain temps », précise Gérard Bonnet. — Au moins 3 à 4 fois par semaine, le mieux le matin, à peine réveillés, nous devons nous souvenir de la veille, en accordant une attention particulière aux rêves, omissions, épisodes qui semblaient étranges. Il vaut mieux consigner dans un journal tout ce qui se passe de la manière la plus libre, en pensant aux associations et sans se soucier du style ou de toute sorte de cohérence. Ensuite, nous pouvons aller travailler pour que le soir ou le lendemain matin nous puissions revenir sur ce que nous avons écrit et y réfléchir calmement afin de voir plus clairement le lien et le sens des événements.

Entre 20 et 30 ans, Léon, aujourd'hui âgé de 38 ans, a commencé à noter soigneusement ses rêves dans un carnet, puis à y ajouter les associations libres qu'il avait. "A l'âge de 26 ans, il m'est arrivé quelque chose d'extraordinaire", raconte-t-il. — J'ai essayé plusieurs fois de passer l'examen du permis de conduire, et en vain. Et puis une nuit, j'ai rêvé que je volais le long de l'autoroute dans une voiture rouge et que je dépassais quelqu'un. Ayant dépassé pour la deuxième fois, j'ai ressenti un bonheur extraordinaire ! Je me suis réveillé avec cette douce sensation. Avec une image incroyablement claire dans ma tête, je me suis dit que je pouvais le faire. Comme si mon inconscient me donnait un ordre. Et quelques mois plus tard, je conduisais en fait une voiture rouge !

Qu'est-il arrivé? Quel « clic » a provoqué un tel changement ? Cette fois, cela n'a même pas nécessité une interprétation complexe ou une analyse symbolique des rêves, puisque Léon s'est contenté de l'explication la plus simple et la plus superficielle qu'il se soit donnée.

Se libérer est plus important que de trouver une explication

Souvent, nous sommes animés par un fort désir de clarifier nos actions, nos erreurs, nos rêves. De nombreux psychologues considèrent cela comme une erreur. Ce n'est pas toujours nécessaire. Parfois, il suffit de se débarrasser de l'image, de la « chasser » sans chercher à l'expliquer, et le symptôme disparaît. Le changement ne se produit pas parce que nous pensons que nous nous sommes compris.

Il ne s'agit pas d'interpréter avec précision les signaux de l'inconscient, il est bien plus important de le libérer de ces images qui surgissent sans cesse dans notre tête. Notre inconscient ne demande qu'à être entendu. Il nous commande à notre insu quand il veut envoyer un message à notre conscience.

Il ne faut pas plonger trop profondément en nous-mêmes : on va vite rencontrer l'auto-indulgence

Marianne, 40 ans, a longtemps cru que ses peurs nocturnes et ses idylles malheureuses étaient le fruit d'une relation difficile avec son père absent : « J'ai tout regardé à travers le prisme de ces relations et j'ai construit les mêmes relations névrotiques avec " Hommes. Et puis un jour j'ai rêvé que ma grand-mère paternelle, avec qui j'ai vécu dans ma jeunesse, me tend les mains et pleure. Le matin, alors que j'écrivais le rêve, l'image de notre relation complexe avec elle est soudainement devenue complètement évidente pour moi. Il n'y avait rien à comprendre. C'était une vague qui montait de l'intérieur, qui m'a d'abord submergé, puis m'a libéré.

Il est inutile de se tourmenter, de se demander si notre explication convient à telle ou telle de notre manifestation. "Freud s'est d'abord complètement concentré sur l'interprétation des rêves, et à la fin il en est venu à la conclusion que seule la libre expression des idées est importante", remarque Gérard Bonnet. Il croit qu'une introspection bien menée devrait mener à des résultats positifs. «Notre esprit est libéré, nous pouvons nous débarrasser de beaucoup de symptômes, comme les comportements obsessionnels compulsifs qui affectent nos relations avec les autres.»

L'introspection a des limites

Mais cet exercice a ses limites. Le psychanalyste Alain Vanier estime qu'il ne faut pas trop plonger en soi : « Nous allons vite rencontrer des obstacles et l'inévitable indulgence de nous-mêmes. En psychanalyse on part de la plainte, et le remède c'est de nous diriger là où ça fait mal, exactement là où on a construit des barrières pour ne jamais regarder là. C'est là que réside le nœud du problème. »

Face à nous-mêmes, nous essayons de ne pas voir ces bizarreries qui peuvent nous surprendre.

Qu'est-ce qui se cache au plus profond de l'inconscient, quel est son noyau ? — c'est justement ce à quoi notre conscience, notre propre « moi » n'ose pas faire face : une zone de souffrance refoulée dans l'enfance, indicible pour chacun de nous, même pour ceux que la vie n'a fait que gâter depuis. Comment supporter d'aller examiner ses blessures, de les ouvrir, de les toucher, d'appuyer sur les points douloureux que nous avons cachés sous le voile de névroses, d'habitudes étranges ou de délires ?

« Face à nous-mêmes, nous essayons de ne pas voir ces bizarreries qui peuvent nous prendre par surprise : lapsus étonnants, rêves mystérieux. Nous trouverons toujours une raison de ne pas voir cela - toutes les raisons seront bonnes pour cela. C'est pourquoi le rôle d'un psychothérapeute ou d'un psychanalyste est si important : ils nous aident à dépasser nos propres limites internes, à faire ce que nous ne pouvons pas faire seuls », conclut Alain Vanier. "En revanche", ajoute Gérard Bonnet, "si nous nous engageons dans une introspection avant, pendant ou même après une cure, son efficacité sera bien plus grande". Ainsi, l'entraide et un cours de psychothérapie ne s'excluent pas, mais élargissent notre capacité à travailler sur nous-mêmes.

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