Homoparentalité : ils ont fait appel à une mère porteuse

« En couple depuis de nombreuses années, Alban et Stéphan n'imaginaient pas être sans enfant. A l'approche de la quarantaine, ils souhaitent fonder une famille, « pour donner de l'amour et des valeurs ». Et sont déterminés à défier la loi puisqu'elle ne leur donne pas le droit d'être parents. « L'adoption, on y a pensé, mais c'est déjà tellement compliqué pour un couple, donc pour une personne seule », regrette Stéphan. « Il y aurait eu une enquête sociale, ce qui signifiait mentir. Je ne vois pas comment on aurait pu cacher qu'on était en couple".

Autre solution, la coparentalité, mais encore une fois, les écueils de ce système sont nombreux. Finalement, le couple décide d'utiliser une mère porteuse. Soutenus par leurs proches, ils s'envolent pour les États-Unis. Seul pays avec l'Inde et la Russie qui ne réserve pas de mères porteuses à ses ressortissants. Lorsqu'elles arrivent à Minneapolis, elles découvrent comment le marché des mères porteuses est développé et encadré. Ils sont rassurés : « Si dans certains pays les conditions sont très limites en termes d'éthique, aux Etats-Unis, le système judiciaire est stable et les candidats sont nombreux. Cela fait partie des coutumes », précise Stéphan.

Le choix de la mère porteuse

Le couple dépose alors un dossier auprès d'une agence spécialisée. Ensuite, rencontrez rapidement une famille. c'est un coup de foudre. « C'était exactement ce que nous recherchions. Des gens équilibrés qui ont une situation, des enfants. La femme ne faisait pas ça pour l'argent. Elle voulait aider les gens. Tout va très vite, un contrat est signé. Alban sera le père biologique et Stéphan le père légal. « Cela nous a semblé être un bon compromis, que cet enfant ait le patrimoine génétique de l'un et le nom de l'autre. Mais tout ne fait que commencer. Stéphan et Alban doivent désormais choisir la donneuse d'ovules. Aux États-Unis, la mère porteuse n'est pas celle qui donne ses ovules. Selon eux, c'est une façon d'éviter l'attachement qu'une femme pourrait avoir avec ce bébé, qui n'est pas le sien. " Nous avons choisi une personne en parfaite santé qui avait déjà fait don de ses ovules », explique Stéphane. "Enfin, nous avons regardé la photo et c'est vrai qu'il y en avait une qui ressemblait à Alban, c'est donc sur elle que notre choix s'est porté." Le protocole médical se passe bien. Mélissa tombe enceinte du premier coup. Stéphan et Alban sont au paradis. Leur plus grand souhait se réalisera enfin.

Grosse peur à la première échographie

Mais à la première échographie, c'est la grande frayeur. Un point noir apparaît à l'écran. Le médecin leur dit qu'il y a un risque de 80 % qu'il s'agisse d'une fausse couche. Stéphan et Alban sont dévastés. De retour en France, ils commencent à pleurer cet enfant. Puis, un mail une semaine plus tard : « le bébé va bien, tout va bien. "

Commencez un marathon intense. Entre les allers-retours aux États-Unis, les échanges quotidiens de mails, les futurs papas participent activement à la grossesse de la mère porteuse. « Nous nous sommes enregistrés en train de raconter des histoires. Mélissa a mis le casque sur son ventre pour que notre bébé puisse entendre nos voix. », confie Stéphane.

Une naissance parfaite

Le jour de la livraison approche. Le moment venu, les garçons n'ont pas envie d'aller en salle d'accouchement mais attendent impatiemment derrière la porte. Bianca est née le 11 novembre. La première rencontre est magique. " Quand elle a posé ses yeux dans les miens, une immense émotion m'a submergé », se souvient Stéphane. Deux ans d'attente, le jeu en valait la chandelle. Les papas restent alors avec leur enfant. Elles ont leur propre chambre à la maternité et font tous les soins pédiatriques comme les mères. Les papiers sont faits rapidement.

Un certificat de naissance est délivré conformément à la loi du Minnesota. Il est stipulé que Mélissa et Stéphan sont les parents. Normalement, lorsqu'un enfant est né à l'étranger, il doit être déclaré au consulat du pays d'origine. "Mais quand il voit arriver un homme qui a eu un bébé avec une femme par ailleurs mariée, généralement l'affaire est bloquée."

Le retour en France

La nouvelle famille quitte les États-Unis, dix jours après la naissance de Bianca. Au retour, les jeunes gens tremblent à l'approche de la douane. Mais tout se passe bien. Bianca découvre sa maison, sa nouvelle vie. Et la nationalité française ? Au cours des mois qui suivent les papas multiplient les démarches, font jouer leurs relations et heureusement, l'obtiennent. Mais ils ont bien conscience d'être une exception. Comme leur fille va bientôt fêter son premier anniversaire, Alban et Stéphan savourent leur nouveau rôle de père. Chacun a trouvé sa place dans cette famille différente. " On sait que notre fille va devoir se battre dans la cour de récré. Mais la société change, les mentalités changent », admet Stéphan, optimiste.

Quant au mariage homosexuel, que la nouvelle loi autorisera, le couple entend bien se présenter devant le maire. « Avons-nous vraiment le choix ? », insiste Stéphane. " Il n'y a pas d'autre moyen de protéger légalement notre fille. Si demain quelque chose m'arrive, Alban doit avoir le droit de s'occuper de son enfant. "

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