Comment aider les enfants à surmonter leurs peurs ?

Les comportements à adopter face aux terreurs des jeunes enfants.

« Notre Marion est une fillette de 3 ans joyeuse, intelligente, vive, optimiste. Son père et moi nous occupons beaucoup d'elle, nous l'écoutons, l'encourageons, la chouchoutons, et nous ne comprenons absolument pas pourquoi elle a si peur du noir et des horribles cambrioleurs qui viendront la kidnapper en pleine la ville. nuit ! Mais où va-t-elle chercher de telles idées ? Comme celle de Marion, de nombreux parents aimeraient que la vie de leur bébé soit remplie de douceur et sans peur. Maïs tous les enfants du monde vivent la peur à différents moments de leur vie, à des degrés divers et selon leur tempérament. Même si elle n'a pas bonne presse auprès des parents, la peur est une émotion universelle – comme la joie, la tristesse, la colère – nécessaires à la construction de l'enfant. Elle l'avertit des dangers, lui permet de se rendre compte qu'il doit veiller sur l'intégrité de son corps. Comme le souligne la psychologue Béatrice Copper-Royer : « Un enfant qui n'a jamais peur, qui n'a pas peur de tomber s'il monte trop haut ou s'aventure seul dans le noir, par exemple, ce n'est pas bon signe, c'est même inquiétant. Cela veut dire qu'il ne sait pas se protéger, qu'il ne s'évalue pas bien, qu'il est en toute-puissance et risque de se mettre en danger. « Véritables marqueurs du développement, les peurs évoluent et changent au fur et à mesure que l'enfant grandit, selon un timing précis.

Peur de la mort, des ténèbres, de la nuit, des ombres… Quelle phobie à quel âge ?

Vers 8-10 mois, l'enfant qui passait facilement de bras en bras se met soudain à pleurer lorsqu'il quitte celui de sa mère pour être porté par un inconnu. Cette première peur signifie qu'il se voit « différencié », qu'il identifie les visages familiers de son entourage et les visages inconnus éloignés du cercle restreint. C'est un énorme progrès dans son intelligence. Il a alors besoin d'être rassuré par les propos rassurants de ses proches pour accepter le contact avec cette personne étrangère. Vers un an, les bruits de l'aspirateur, du téléphone, des robots ménagers commencent à l'inquiéter. A partir de 18-24 mois apparaît la peur du noir et de la nuit. Assez brutalement, le bambin, qui s'est couché sans problème, refuse de dormir seul. Il prend conscience de la séparation, associe le sommeil à un temps de solitude. En fait, c'est plus l'idée d'être séparé de ses parents qui le fait pleurer que la peur du noir.

La peur du loup, de l'abandon… A quel âge ?

L'autre raison qui lui fait craindre le noir est qu'il est en pleine recherche d'autonomie motrice et qu'il perd ses repères dans la nuit. La peur d'être abandonné peut également se manifester à cet âge si l'enfant n'a pas acquis une sécurité intérieure suffisante dans les premiers mois de sa vie. Latente en tout être humain, cette angoisse de l'abandon primitif peut être réactivée tout au long de la vie selon les circonstances (séparation, divorce, deuil, etc.). Vers 30-36 mois, l'enfant entre dans une période où l'imagination est toute-puissante, il adore les histoires terrifiantes et craint le loup, les bêtes féroces aux grandes dents. Au crépuscule de la nuit, il confondra facilement le rideau mouvant, les formes sombres, l'ombre de la veilleuse pour des monstres. Entre 3 et 5 ans, les créatures terrifiantes sont désormais des voleurs, des cambrioleurs, des étrangers, des clochards, des ogres et des sorcières. Ces peurs liées à la période œdipienne sont le reflet de la rivalité que l'enfant éprouve envers le parent du même sexe que lui. Confronté à son manque de maturité, sa petite taille par rapport à son rival, il s'inquiète et extériorise ses inquiétudes à travers des personnages imaginaires, des histoires de sorcières, de fantômes, de monstres. A cet âge, c'est aussi la période où surgissent les peurs phobiques des animaux (araignées, chiens, pigeons, chevaux, etc.) et l'apparition d'une anxiété sociale qui se manifeste par une timidité excessive, des difficultés à nouer des relations et une peur du regard. des autres élèves de la maternelle…

Les peurs chez les bébés et les enfants : besoin d'être écouté et rassuré

Petit funk, gros cul, vraie phobie, chacune de ces émotions doit être prise en compte et accompagnée. Car si les peurs marquent des étapes de développement, elles peuvent empêcher les enfants d'avancer s'ils ne parviennent pas à les apprivoiser pour les surmonter. Et c'est là que vous intervenez en aidant votre petit lâche à les surmonter. Première chose, accueillez son émotion avec bienveillance, il est essentiel que votre enfant se sente en droit d'avoir peur. Écoutez-le, encouragez-le à exprimer tout ce qu'il ressent, sans chercher à le rassurer à tout prix, reconnaissez et nommez son état émotionnel. Aidez-le à mettre des mots sur ce qu'il vit à l'intérieur (« Je vois que tu as peur, qu'est-ce qui se passe ? »), c'est ce que la célèbre psychanalyste Françoise Dolto appelait « mettre ses sous-titres à l'enfant ».

Extériorisez vos angoisses

Deuxième chose fondamentale, dis lui que tu es là pour le protéger. Quoi qu'il arrive, c'est le message essentiel et indispensable qu'un tout-petit a besoin d'entendre pour être rassuré chaque fois qu'il exprime une inquiétude. S'il est particulièrement anxieux au moment de s'endormir, mettre en place des rituels, des petites habitudes de sommeil, une veilleuse, une porte entrouverte (pour qu'il puisse entendre le bruit de la maison en fond), de la lumière dans le couloir, une histoire, sa couverture (tout ce qui rassure et qui représente la maman absente), un câlin, un bisou et un "Dors bien, à demain matin pour une autre belle journée", avant de quitter sa chambre. Pour l'aider à surmonter son inquiétude, vous pouvez lui proposer de le dessiner. Le représenter avec des crayons de couleur sur des feuilles de papier, ou avec de la pâte à modeler, lui permettra de l'évacuer et de se sentir plus en sécurité.

Autre technique éprouvée : la ramener à la réalité, au rationnel. Sa peur est réelle, il la ressent bel et bien, elle n'est pas imaginaire, il faut donc le rassurer, mais sans rentrer dans sa logique : « J'entends que tu as peur qu'il y ait un voleur qui entre dans ta chambre la nuit, mais je sais qu'il n'y en aura pas. C'est impossible ! Idem pour les sorcières ou les fantômes, ça n'existe pas ! Surtout, ne regardez pas sous le lit ou derrière le rideau, ne placez pas de massue sous l'oreiller « pour combattre les monstres dans votre sommeil ». En donnant un vrai caractère à sa peur, en introduisant la réalité, vous la confirmez dans l'idée que les monstres redoutés existent bel et bien puisque vous les recherchez pour de vrai !

Rien ne vaut les bons vieux contes effrayants

Pour aider les tout-petits à s'en sortir, rien ne vaut les bonnes vieilles histoires classiques comme les classiques Barbe Bleue, Petit Poucet, Blanche-Neige, La Belle au Bois Dormant, Le Petit Chaperon Rouge, Les Trois Petits Cochons, La Botte du Chat… Accompagnés par l'adulte qui les raconte, ces contes permettent aux enfants de vivre la peur et ses réactions. Entendre leurs scènes préférées encore et encore les met en contrôle de la situation angoissante en s'identifiant au petit héros, victorieux des horribles sorcières et ogres, comme ils devraient l'être. Ce n'est pas leur rendre service que de vouloir les préserver de toute angoisse, de ne pas leur raconter telle ou telle histoire, de ne pas les laisser regarder tel ou tel dessin animé car certaines scènes font peur. Au contraire, les contes effrayants aident à apprivoiser les émotions, à les mettre en mots, à les décoder et ils adorent ça. Si votre enfant vous demande trois cents fois Barbe Bleue, c'est justement parce que cette histoire soutient « où ça fait peur », c'est comme un vaccin. De même, les petits adorent jouer au loup, à cache-cache, se faire peur car c'est un moyen de se familiariser et d'éloigner ce qui les inquiète. Les histoires de monstres amicaux ou de loups végétariens amis des Petits Cochons n'intéressent que les parents.

Luttez aussi contre vos propres appréhensions

Si votre tout-petit n'a pas peur des créatures imaginaires mais des petites bêtes, alors encore une fois, jouez la vraie carte. Expliquez que les insectes ne sont pas mauvais, qu'une abeille ne peut piquer que si elle se sent en danger, que les moustiques peuvent être repoussés en se protégeant avec une pommade, que les fourmis, les vers de terre, les mouches, les coccinelles, les sauterelles et les papillons et bien d'autres insectes sont inoffensifs. S'il a peur de l'eau, vous pouvez lui dire que vous aussi avez peur de l'eau, que vous avez eu du mal à apprendre à nager, mais que vous avez réussi. Raconter vos propres expériences peut aider votre tout-petit à s'identifier et à croire en ses capacités.

Célébrer ses victoires

Vous pouvez également lui rappeler comment il a déjà réussi à surmonter une certaine situation qui lui faisait peur. Le souvenir de sa bravoure passée va booster sa motivation pour affronter la nouvelle crise de panique. Donnez-vous l'exemple en gérant vos angoisses personnelles. Un enfant très craintif a souvent des parents hyper anxieux, une mère qui souffre par exemple d'une phobie des chiens va très souvent la transmettre à ses enfants. Comment être rassurant s'il la voit partir en courant parce qu'un labrador arrive pour lui dire bonjour ou hurler parce qu'une grosse araignée grimpe le long du mur ? La peur passe par les mots, mais surtout par les attitudes, les expressions du visage, les regards, les mouvements de recul. Les enfants enregistrent tout, ce sont des éponges émotionnelles. Ainsi, l'angoisse de séparation qu'éprouve un tout-petit provient très souvent de la difficulté qu'éprouve sa mère à le laisser s'éloigner d'elle. Il perçoit son angoisse maternelle et il répond à son désir profond en s'accrochant à elle, en pleurant dès qu'elle s'éloigne. De même, un parent qui envoie des messages alarmistes plusieurs fois par jour : « Attention, tu vas tomber et te blesser ! Aura facilement un enfant timide. Une mère très soucieuse de la propreté et des germes aura des enfants qui craignent de se salir ou d'avoir les mains sales.

Restez zen

Vos appréhensions impressionnent considérablement vos enfants, apprenez à les identifier, à les combattre, à les dominer et à rester zen le plus souvent possible.

Outre votre propre maîtrise de soi, vous pouvez également aider votre tout-petit à surmonter ses peurs grâce à la désensibilisation. Le problème avec la phobie est que plus vous fuyez ce que vous craignez, plus cela grandit. Vous devez donc aider votre enfant à affronter sa peur, à ne pas s'isoler et à éviter les situations anxiogènes. S'il ne veut pas aller aux anniversaires, procédez par étapes. D'abord restez un peu avec lui, laissez-le observer, puis négociez qu'il reste seul un moment avec ses amis en lui promettant de venir le chercher au moindre coup de fil, au moindre coup de fil. Sur la place, présentez-le à d'autres enfants et initiez vous-même des jeux communs, aidez-le à nouer des contacts. « Mon fils / ma fille adorerait jouer au sable ou au ballon avec vous, êtes-vous d'accord ? Ensuite, vous vous éloignez et le laissez jouer, en observant de loin comment il va, mais sans intervenir, car c'est à lui d'apprendre à faire sa place une fois la rencontre initiée.

Quand s'inquiéter

C'est l'intensité et la durée qui font la différence entre une peur passagère qui vous fait grandir lorsque vous l'avez surmontée et une véritable angoisse. Il n'en va pas de même quand un enfant de 3 ans pleure et appelle sa maman les premiers jours de la rentrée et quand il continue de stresser en janvier ! Après 3 ans, quand les peurs persistent au moment de s'endormir, on peut penser à un fond d'anxiété. Lorsqu'elles s'installent et durent plus de six mois, il faut rechercher un élément de stress dans la vie de l'enfant qui justifierait cette intensité. N'êtes-vous pas particulièrement contrarié ou inquiet ? A-t-il vécu un déménagement ou un changement de nounou ? Est-il perturbé par la naissance d'un petit frère ou d'une petite sœur ? Y a-t-il un problème à l'école? Le contexte familial est-il difficile – chômage, séparation, deuil ? Un cauchemar à répétition, voire des terreurs nocturnes, indiquent qu'une peur n'a pas encore été pleinement entendue. Très souvent, ces peurs reflètent un état d'insécurité émotionnelle. Si, malgré tous vos efforts et votre compréhension, vous ne parvenez toujours pas à gérer l'anxiété, si la peur devient paralysante et empêche votre enfant de se sentir bien dans sa peau et de se faire des amis, vous feriez mieux de consulter et de demander l'aide d'un psychothérapeute.

* Auteur de « Peur du loup, peur de tout. Peurs, angoisses, phobies chez l'enfant et l'adolescent », éd. Le livre de poche.

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