Psychologie

La maĆ®trise de l'espace domestique et la maĆ®trise de l'espace de son propre corps ā€” la demeure charnelle de l'Ć¢me ā€” vont de pair pour un petit enfant et, en rĆØgle gĆ©nĆ©rale, simultanĆ©ment.

PremiĆØrement, les deux sont soumis Ć  des lois gĆ©nĆ©rales, car ils sont les deux faces d'un mĆŖme processus associĆ© au dĆ©veloppement de l'intellect de l'enfant.

DeuxiĆØmement, l'enfant apprend l'espace qui l'entoure en s'y dĆ©plaƧant activement, en le vivant et en le mesurant littĆ©ralement avec son corps, qui devient ici quelque chose comme un appareil de mesure, une rĆØgle d'Ć©chelle. Ce n'est pas pour rien que les anciennes mesures de longueur sont basĆ©es sur les dimensions des diffĆ©rentes parties du corps humain - l'Ć©paisseur du doigt, la longueur de la paume et du pied, la distance de la main au coude, la longueur de le pas, etc. C'est-Ć -dire que par expĆ©rience, l'enfant dĆ©couvre par lui-mĆŖme que son corps est un module universel, par rapport auquel s'Ć©valuent les paramĆØtres de l'espace extĆ©rieur : oĆ¹ je peux atteindre, d'oĆ¹ je peux sauter, d'oĆ¹ je peux monter, jusqu'oĆ¹ je peux atteindre. Entre un an et deux ans, l'enfant devient si mobile, agile et persistant dans ses activitĆ©s de recherche dans la maison que la mĆØre, ne le suivant pas, se souvient parfois tristement de ce temps bĆ©ni oĆ¹ son bĆ©bĆ© reposait tranquillement dans son lit.

En interagissant avec les objets, l'enfant vit les distances entre eux, leur taille et leur forme, leur lourdeur et leur densitĆ©, et en mĆŖme temps apprend les paramĆØtres physiques de son propre corps, ressent leur unitĆ© et leur constance. GrĆ¢ce Ć  cela, une image de son propre corps se forme en lui - une constante nĆ©cessaire dans le systĆØme de coordonnĆ©es spatiales. L'absence d'idĆ©e de la taille de son corps est immĆ©diatement perceptible dans la faƧon dont, par exemple, un enfant essaie de se glisser dans un espace trop Ć©troit pour lui entre le lit et le sol, ou de ramper entre les jambes de une petite chaise. Si un petit enfant essaie tout sur sa propre peau et apprend en bourrant les bosses, alors un homme plus Ć¢gĆ© saura dĆ©jĆ  oĆ¹ je peux grimper et oĆ¹ non - et sur la base des idĆ©es musculo-motrices sur lui-mĆŖme et ses limites, qui sont stockĆ©es dans sa mĆ©moire, il prendra une dĆ©cision ā€” je monterai ou reculerai. Par consĆ©quent, il est si important que l'enfant acquiĆØre de l'expĆ©rience dans diverses interactions corporelles avec des objets dans l'espace tridimensionnel de la maison. En raison de sa constance, cet environnement peut ĆŖtre maĆ®trisĆ© par l'enfant progressivement - son corps le vit en de multiples rĆ©pĆ©titions. Pour l'enfant, il est important non seulement de satisfaire le dĆ©sir de bouger, mais de se connaĆ®tre et de connaĆ®tre son environnement Ć  travers le mouvement, qui devient un moyen de collecte d'informations. Non sans raison, au cours des deux premiĆØres annĆ©es de la vie, un enfant a un intellect, que le plus grand psychologue pour enfants du XNUMXe siĆØcle, Jean Piaget, a appelĆ© sensorimoteur, c'est-Ć -dire sentir, tout savoir Ć  travers les mouvements de son propre corps et manipuler objets. C'est bien si les parents rĆ©pondent Ć  ce besoin moteur-cognitif de l'enfant, en lui donnant la possibilitĆ© de le satisfaire Ć  la maison: ramper sur le tapis et sur le sol, grimper sous et sur divers objets, et Ć©galement ajouter des dispositifs spĆ©ciaux au terrier de l'appartement , comme un coin gymnastique avec mur suĆ©dois, anneaux, etc.

Au fur et Ć  mesure que l'enfant "acquiert le don de la parole", l'espace autour de lui et l'espace de son propre corps sont dĆ©taillĆ©s, remplis d'objets sĆ©parĆ©s qui ont leurs propres noms. Lorsqu'un adulte dit Ć  un enfant les noms des choses et des parties du corps de l'enfant lui-mĆŖme, cela change considĆ©rablement le statut de l'existence de tous les objets nommĆ©s pour lui. Ce qui a un nom devient plus existant. Le mot ne permet pas Ć  la perception mentale actuelle de se rĆ©pandre et de disparaĆ®tre pour ainsi dire, il arrĆŖte le flux des impressions, fixe leur existence dans la mĆ©moire, aide l'enfant Ć  les retrouver et Ć  les identifier Ć  nouveau dans l'espace du monde environnant ou dans son propre corps: Ā«OĆ¹ est le nez de Masha? OĆ¹ sont les poils ? Montre-moi oĆ¹ est le placard. OĆ¹ est la fenĆŖtre ? OĆ¹ est le lit de voiture ?

Plus il y a d'objets nommĆ©s dans le monde - des personnages uniques sur la scĆØne de la vie, plus le monde devient riche et complet pour l'enfant. Pour que l'enfant commence rapidement Ć  naviguer dans l'espace de son propre corps, et en particulier de son contact, des parties capables et expressives - les mains et la tĆŖte - la pĆ©dagogie populaire proposait de nombreux jeux comme: "Magpie-crow, bouillie cuite, enfants nourris: elle a donnĆ© ceci, cela a donnĆ©ā€¦ Ā»- avec le doigtĆ©, etc. Cependant, la dĆ©couverte de parties du corps inaperƧues, non ressenties et sans nom se poursuit pendant de nombreuses annĆ©es de la vie ultĆ©rieure d'un enfant, et parfois d'un adulte.

Ainsi, OL Nekrasova-Karateeva, qui dans les annĆ©es 1960 et 70 dirigeait le cĆ©lĆØbre St., s'est rendu compte que les gens avaient un cou. Bien sĆ»r, il connaissait trĆØs bien l'existence formelle du cou auparavant, mais seulement la nĆ©cessitĆ© de reprĆ©senter un cou avec des perles, c'est-Ć -dire de le dĆ©crire en utilisant le langage du dessin, ainsi qu'une conversation Ć  ce sujet avec un enseignant, l'a conduit Ć  la dĆ©couverte. Cela a tellement excitĆ© le garƧon qu'il a demandĆ© Ć  sortir et, se prĆ©cipitant vers sa grand-mĆØre, qui l'attendait dans le couloir, a dit joyeusement: Ā«Grand-mĆØre, il s'avĆØre que j'ai un cou, regarde! Montre moi les tiens!

Ne soyez pas surpris de cet Ć©pisode s'il s'avĆØre que de nombreux adultes, dĆ©crivant leur visage, confondent la mĆ¢choire infĆ©rieure avec la pommette, ne savent pas oĆ¹ se trouve la cheville ou comment s'appellent les organes gĆ©nitaux.

Par consƩquent, il est si important qu'un adulte enrichisse constamment le vocabulaire de l'enfant, en nommant les choses qui l'entourent, en leur donnant des dƩfinitions dƩtaillƩes, en soulignant les caractƩristiques significatives et en remplissant ainsi l'espace du monde qui s'ouvre Ơ l'enfant avec des objets divers et significatifs. . Alors, dans sa propre maison, il ne confondra plus un fauteuil avec une chaise, il distinguera un buffet d'une commode, non parce qu'ils sont Ơ des endroits diffƩrents, mais parce qu'il en connaƮtra les traits caractƩristiques.

AprĆØs l'Ć©tape de la nomination (nomination), l'Ć©tape suivante dans le dĆ©veloppement symbolique de l'environnement est la prise de conscience des relations spatiales entre les objets : plus ā€” moins, plus prĆØs ā€” plus loin, dessus ā€” dessous, dedans ā€” dehors, devant ā€” derriĆØre. Il procĆØde au fur et Ć  mesure que la parole maĆ®trise les prĆ©positions spatiales ā€” Ā« dans Ā», Ā« sur Ā», Ā« sous Ā», Ā« au-dessus Ā», Ā« vers Ā», Ā« de Ā» ā€” et que l'enfant Ć©tablit leur lien avec les schĆØmes moteurs des actions correspondantes : mettre sur la table, devant la table, sous la table, etc. Entre trois et quatre ans, lorsque le schĆ©ma des principales relations spatiales est dĆ©jĆ  plus ou moins figĆ© sous forme verbale ; l'espace est structurĆ©, devenant progressivement un systĆØme spatial harmonieux pour l'enfant. Il contient dĆ©jĆ  des coordonnĆ©es de base et commence Ć  se remplir de significations symboliques. C'est alors qu'une image du monde se forme dans les dessins d'enfants avec Ciel et Terre, Haut et Bas, entre lesquels se dĆ©roulent les Ć©vĆ©nements de la vie. Nous en avons dĆ©jĆ  parlĆ© au chapitre 1.

Ainsi, le processus d'assimilation par l'enfant de l'environnement spatial-objectif de sa maison sur le plan intrapsychique se manifeste dans le fait que l'enfant se forme une image structurelle de l'espace dans lequel il se trouve. C'est le niveau des mĆ©canismes psychiques, et pour l'observateur inexpĆ©rimentĆ©, il peut ne pas ĆŖtre perceptible du tout, malgrĆ© son importance exceptionnelle en tant que fondement de nombreux autres Ć©vĆ©nements.

Mais, bien sĆ»r, la relation de l'enfant Ć  la maison ne se limite pas Ć  cela, car elle est avant tout affective et personnelle. Dans le monde de la maison natale, l'enfant est de naissance, il y a Ć©tĆ© amenĆ© par ses parents. Et en mĆŖme temps c'est un monde vaste, complexe, agencĆ© par des adultes qui le gĆØrent, le saturent d'eux-mĆŖmes, y crĆ©ent une atmosphĆØre particuliĆØre, l'imprĆØgnent de leurs relations, figĆ©s dans le choix des objets, leur disposition , dans toute l'organisation de l'espace intĆ©rieur. DĆØs lors, le maĆ®triser, c'est-Ć -dire le connaĆ®tre, le ressentir, le comprendre, apprendre Ć  y ĆŖtre seul et avec les autres, y dĆ©terminer sa place, y agir de maniĆØre autonome, et plus encore le gĆ©rer, est un travail de longue haleine pour l'enfant, qu'il rĆ©sout progressivement. Au fil des ans, il apprendra l'art difficile de vivre Ć  la maison, dĆ©couvrant de nouveaux aspects de la vie de famille Ć  chaque Ć¢ge.

Pour un enfant d'un an, il est important de ramper, de grimper, d'atteindre l'objectif visƩ. Un enfant de deux ou trois ans dƩcouvre beaucoup de choses, leurs noms, leur usage, leur accessibilitƩ et leur interdiction. Entre deux et cinq ans, l'enfant dƩveloppe progressivement la capacitƩ de visualiser dans l'esprit et de fantasmer.

Il s'agit d'un ƩvƩnement qualitativement nouveau dans la vie intellectuelle de l'enfant, qui rƩvolutionnera de nombreux aspects de sa vie.

Auparavant, l'enfant Ć©tait prisonnier de la situation particuliĆØre oĆ¹ il se trouvait. Il n'Ć©tait affectĆ© que par ce qu'il voyait, entendait, ressentait directement. Le principe dominant de sa vie spirituelle Ć©tait ici et maintenant, le principe d'activitĆ© ā€” stimulus-rĆ©action.

Maintenant, il dƩcouvre qu'il a acquis une nouvelle capacitƩ Ơ doubler le monde en prƩsentant des images imaginaires sur l'Ʃcran psychique intƩrieur. Cela lui donne la possibilitƩ de rester Ơ la fois dans le monde visible de l'extƩrieur (ici et maintenant) et dans le monde imaginaire de ses fantasmes (lƠ et alors), issus d'ƩvƩnements et de choses rƩels.

Une propriƩtƩ Ʃtonnante de l'attitude de l'enfant pendant cette pƩriode (ainsi que plusieurs annƩes plus tard) est que la plupart des objets significatifs entourant l'enfant dans la vie quotidienne sont prƩsentƩs dans ses fantasmes comme les hƩros de nombreux ƩvƩnements. Des situations dramatiques se jouent autour d'eux, ils deviennent les participants d'Ʃtranges sƩries, crƩƩes par un enfant chaque jour.

Maman ne se doute mĆŖme pas qu'en regardant la soupe dans un bol, l'enfant voit le monde sous-marin avec des algues et des navires coulĆ©s, et faisant des rainures dans la bouillie avec une cuillĆØre, il imagine que ce sont des gorges parmi les montagnes le long desquelles les hĆ©ros de son histoire font leur chemin.

Parfois, le matin, les parents ne savent pas qui est assis devant eux sous la forme de leur propre enfant: que ce soit leur fille Nastya ou Chanterelle, qui Ʃtend soigneusement sa queue duveteuse et ne demande au petit-dƩjeuner que ce que mangent les renards. Pour ne pas avoir d'ennuis, il est utile que les adultes pauvres demandent Ơ l'avance Ơ l'enfant Ơ qui ils ont affaire aujourd'hui.

Cette nouvelle capacitĆ© d'imagination donne Ć  l'enfant des degrĆ©s de libertĆ© entiĆØrement nouveaux. Cela lui permet d'ĆŖtre extrĆŖmement actif et autocratique dans le monde intĆ©rieur Ć©tonnant de la psychĆ©, qui commence Ć  se former chez l'enfant. L'Ć©cran psychique interne sur lequel se dĆ©roulent les Ć©vĆ©nements imaginaires ressemble un peu Ć  un Ć©cran d'ordinateur. En principe, vous pouvez facilement appeler n'importe quelle image dessus (ce serait une compĆ©tence !), la modifier Ć  votre guise, prĆ©senter des Ć©vĆ©nements impossibles dans la rĆ©alitĆ©, faire en sorte que l'action se dĆ©roule aussi rapidement qu'elle ne se produit pas dans le monde rĆ©el. avec l'Ć©coulement du temps habituel. L'enfant maĆ®trise progressivement toutes ces compĆ©tences. Mais l'Ć©mergence d'une telle capacitĆ© psychique est d'une grande importance pour sa personnalitĆ©. AprĆØs tout, toutes ces opportunitĆ©s incroyables que l'enfant commence Ć  utiliser avec empressement donnent une idĆ©e de sa propre force, de sa capacitĆ© et de sa maĆ®trise de situations imaginaires. Cela contraste fortement avec la faible capacitĆ© momentanĆ©e de l'enfant Ć  gĆ©rer les objets et les Ć©vĆ©nements du monde physique rĆ©el, oĆ¹ les choses lui obĆ©issent peu.

Soit dit en passant, si vous ne dĆ©veloppez pas les contacts de l'enfant avec des objets et des personnes rĆ©els, ne l'encouragez pas Ć  agir Ā«dans le mondeĀ», il peut cĆ©der aux difficultĆ©s de la vie. Dans ce monde de rĆ©alitĆ© physique qui nous rĆ©siste, n'obĆ©it pas toujours Ć  nos dĆ©sirs, et demande des compĆ©tences, il est parfois important pour une personne de rĆ©primer la tentation de plonger et de se cacher dans le monde illusoire du fantasme, oĆ¹ tout est facile.

Les jouets sont une classe de choses psychologiquement spĆ©ciale pour un enfant. De par leur nature mĆŖme, ils sont conƧus pour incarner, Ā« objectiver Ā» les fantasmes des enfants. En gĆ©nĆ©ral, la pensĆ©e des enfants est caractĆ©risĆ©e par l'animisme - une tendance Ć  doter les objets inanimĆ©s d'une Ć¢me, d'une force intĆ©rieure et de la capacitĆ© d'une vie cachĆ©e indĆ©pendante. Nous rencontrerons ce phĆ©nomĆØne dans l'un des chapitres suivants, oĆ¹ nous parlerons du paganisme des enfants dans les relations avec le monde extĆ©rieur.

C'est cette chaĆ®ne de la psychĆ© de l'enfant qui est toujours touchĆ©e par les jouets autopropulsĆ©s : poulets mĆ©caniques qui peuvent picorer, poupĆ©es qui ferment les yeux et disent Ā« maman Ā», oursons qui marchent, etc. Chez un enfant enchantĆ© (et parfois mĆŖme un adulte ), de tels jouets rĆ©sonnent toujours, car dans son Ć¢me, il sait intĆ©rieurement que c'est ainsi que cela devrait ĆŖtre - ils sont vivants, mais ils le cachent. Pendant la journĆ©e, les jouets accomplissent consciencieusement la volontĆ© de leurs propriĆ©taires, mais Ć  certains moments particuliers, en particulier la nuit, le secret devient clair. Les jouets laissĆ©s Ć  eux-mĆŖmes commencent Ć  vivre eux-mĆŖmes, pleins de passions et de dĆ©sirs, une vie active. Ce sujet passionnant, liĆ© aux secrets de l'existence du monde objectif, est si significatif qu'il est devenu l'un des motifs traditionnels de la littĆ©rature pour enfants. La vie nocturne des jouets est au cœur de Casse-Noisette d'E.-T.-A.. Hoffmann, Ā«Black HenĀ» de A. Pogorelsky et de nombreux autres livres, ainsi que des œuvres d'auteurs modernes - le cĆ©lĆØbre Ā«Voyage de la flĆØche bleueĀ» de J. Rodari. L'artiste russe Alexandre Benois, dans son cĆ©lĆØbre ABC de 1904, choisit ce mĆŖme thĆØme pour illustrer la lettre Ā« I Ā», qui dĆ©peint l'animation tendue et mystĆ©rieuse de la communautĆ© nocturne des Toys.

Il s'avĆØre que presque tous les enfants ont tendance Ć  fantasmer sur leur maison et presque chaque enfant a des Ā« objets de mĆ©ditation Ā» favoris, sur lesquels il se plonge dans ses rĆŖves. En se couchant, quelqu'un regarde un endroit au plafond qui ressemble Ć  la tĆŖte d'un oncle barbu, quelqu'un - un motif sur le papier peint, rappelant des animaux amusants, et pense quelque chose Ć  leur sujet. Une fille a dit qu'une peau de cerf pendait au-dessus de son lit, et chaque soir, allongĆ©e dans son lit, elle caressait son cerf et composait une autre histoire sur ses aventures.

A l'intĆ©rieur d'une chambre, d'un appartement ou d'une maison, l'enfant identifie par lui-mĆŖme ses endroits prĆ©fĆ©rĆ©s oĆ¹ il joue, rĆŖve, oĆ¹ il se retire. Si vous ĆŖtes de mauvaise humeur, vous pouvez vous cacher sous un cintre avec tout un tas de manteaux, vous y cacher du monde entier et vous asseoir comme dans une maison. Ou rampez sous une table avec une longue nappe et appuyez votre dos contre un radiateur chaud.

Vous pouvez chercher de l'intĆ©rĆŖt dans une petite fenĆŖtre du couloir d'un vieil appartement, donnant sur l'escalier de service - que peut-on y voir? ā€” et imaginez ce qu'on pourrait y voir si tout Ć  coup...

Il y a des endroits effrayants dans l'appartement que l'enfant essaie d'Ć©viter. Ici, par exemple, une petite porte marron dans une niche murale de la cuisine, les adultes y mettent de la nourriture, dans un endroit frais, mais pour un enfant de cinq ans, cela peut ĆŖtre l'endroit le plus terrible : la noirceur baille derriĆØre la porte , il semble qu'il y ait un Ć©chec dans un autre monde d'oĆ¹ quelque chose de terrible pourrait venir. De sa propre initiative, l'enfant ne s'approchera pas d'une telle porte et ne l'ouvrira pour rien au monde.

L'un des plus gros problĆØmes des fantasmes des enfants est liĆ© au sous-dĆ©veloppement de la conscience de soi chez un enfant. De ce fait, il est souvent incapable de distinguer ce qui est la rĆ©alitĆ© et ce qui est ses propres expĆ©riences et fantasmes qui ont enveloppĆ© cet objet, collĆ© Ć  lui. En gĆ©nĆ©ral, ce problĆØme est Ć©galement chez les adultes. Mais chez l'enfant, une telle fusion du rĆ©el et du fantasme peut ĆŖtre trĆØs forte et donner Ć  l'enfant de nombreuses difficultĆ©s.

ƀ la maison, un enfant peut coexister simultanĆ©ment dans deux rĆ©alitĆ©s diffĆ©rentes - dans le monde familier des objets environnants, oĆ¹ les adultes contrĆ“lent et protĆØgent l'enfant, et dans un monde imaginaire superposĆ© Ć  la vie quotidienne. Il est aussi rĆ©el pour l'enfant, mais invisible pour les autres. En consĆ©quence, il n'est pas disponible pour les adultes. Bien que les mĆŖmes objets puissent ĆŖtre dans les deux mondes Ć  la fois, y ayant cependant des essences diffĆ©rentes. Cela semble ĆŖtre juste un manteau noir suspendu, mais vous regardez - comme si quelqu'un faisait peur.

Dans ce monde, les adultes protĆ©geront l'enfant, dans ce monde ils ne peuvent pas aider, puisqu'ils n'y entrent pas. Par consĆ©quent, si cela devient effrayant dans ce monde, vous devez courir rapidement vers celui-ci, et mĆŖme crier fort : "Maman !" Parfois, l'enfant lui-mĆŖme ne sait pas Ć  quel moment le dĆ©cor va changer et il tombera dans l'espace imaginaire d'un autre monde - cela se produit de maniĆØre inattendue et instantanĆ©e. Bien sĆ»r, cela se produit plus souvent lorsque les adultes ne sont pas lĆ , lorsqu'ils ne maintiennent pas l'enfant dans la rĆ©alitĆ© quotidienne avec leur prĆ©sence, leur conversation.


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Pour la plupart des enfants, l'absence des parents Ć  la maison est un moment difficile. Ils se sentent abandonnĆ©s, sans dĆ©fense, et les piĆØces et les choses habituelles sans adultes, pour ainsi dire, commencent Ć  vivre leur propre vie spĆ©ciale, deviennent diffĆ©rentes. Cela se produit la nuit, dans l'obscuritĆ©, lorsque les cĆ“tĆ©s sombres et cachĆ©s de la vie des rideaux et des armoires, des vĆŖtements sur un cintre et des objets Ć©tranges et mĆ©connaissables que l'enfant n'avait pas remarquĆ©s auparavant sont rĆ©vĆ©lĆ©s.

Si maman est allĆ©e au magasin, certains enfants ont peur de bouger sur la chaise mĆŖme pendant la journĆ©e jusqu'Ć  ce qu'elle vienne. D'autres enfants ont particuliĆØrement peur des portraits et des affiches de personnes. Une fillette de onze ans a dit Ć  ses amis Ć  quel point elle avait peur de l'affiche de Michael Jackson accrochĆ©e Ć  l'intĆ©rieur de la porte de sa chambre. Si la mĆØre quittait la maison et que la fille n'avait pas le temps de quitter cette piĆØce, elle ne pouvait que s'asseoir blottie sur le canapĆ© jusqu'Ć  l'arrivĆ©e de sa mĆØre. Il sembla Ć  la fille que Michael Jackson Ć©tait sur le point de se retirer de l'affiche et de l'Ć©trangler. Ses amis hochĆØrent la tĆŖte avec sympathie - son anxiĆ©tĆ© Ć©tait comprĆ©hensible et proche. La jeune fille n'a pas osĆ© retirer l'affiche ni rĆ©vĆ©ler ses peurs Ć  ses parents - ce sont eux qui l'ont accrochĆ©e. Ils aimaient vraiment Michael Jackson, et la fille Ć©tait "grande et ne devrait pas avoir peur".

L'enfant se sent sans dĆ©fense si, Ć  son avis, il n'est pas assez aimĆ©, souvent condamnĆ© et rejetĆ©, laissĆ© seul pendant longtemps, avec des gens au hasard ou dĆ©sagrĆ©ables, laissĆ© seul dans un appartement oĆ¹ il y a des voisins un peu dangereux.

MĆŖme un adulte qui a des peurs d'enfance persistantes de ce genre a parfois plus peur d'ĆŖtre seul Ć  la maison que de marcher seul dans une rue sombre.

Tout affaiblissement du champ de protection parentale, qui devrait envelopper l'enfant de maniĆØre fiable, provoque chez lui de l'anxiĆ©tĆ© et le sentiment que le danger imminent percera facilement la fine coque de la maison physique et l'atteindra. Il s'avĆØre que pour un enfant, la prĆ©sence de parents aimants semble ĆŖtre un abri plus fort que toutes les portes avec des serrures.

Ɖtant donnĆ© que le sujet de la sĆ©curitĆ© Ć  la maison et des fantasmes effrayants concerne presque tous les enfants d'un certain Ć¢ge, ils se reflĆØtent dans le folklore des enfants, dans les histoires effrayantes traditionnelles qui sont transmises oralement de gĆ©nĆ©ration en gĆ©nĆ©ration d'enfants.

L'une des histoires les plus rĆ©pandues dans toute la Russie raconte comment une certaine famille avec des enfants vit dans une piĆØce oĆ¹ il y a une tache suspecte au plafond, au mur ou au sol - rouge, noir ou jaune. Parfois, il est dĆ©couvert lors d'un dĆ©mĆ©nagement dans un nouvel appartement, parfois l'un des membres de la famille le met accidentellement - par exemple, une mĆØre enseignante a fait couler de l'encre rouge sur le sol. Habituellement, les hĆ©ros de l'histoire d'horreur essaient de frotter ou de laver cette tache, mais ils Ć©chouent. La nuit, lorsque tous les membres de la famille s'endorment, la tache rĆ©vĆØle son essence sinistre. ƀ minuit, il commence Ć  grandir lentement, devenant grand, comme une Ć©coutille. Puis la tache s'ouvre, de lĆ  sort une Ć©norme main rouge, noire ou jaune (selon la couleur de la tache) qui, l'une aprĆØs l'autre, de nuit en nuit, entraĆ®ne tous les membres de la famille dans la tache. Mais l'un d'eux, le plus souvent un enfant, parvient tout de mĆŖme Ć  "suivre" la main puis il court et se dĆ©clare Ć  la police. La derniĆØre nuit, les policiers tendent une embuscade, se cachent sous les lits et mettent une poupĆ©e Ć  la place d'un enfant. Il s'assoit Ć©galement sous le lit. Lorsqu'une main attrape cette poupĆ©e Ć  minuit, les policiers sautent, l'emportent et courent au grenier, oĆ¹ ils dĆ©couvrent une sorciĆØre, un bandit ou un espion. C'est elle qui a tirĆ© la main magique ou il a tirĆ© sa main mĆ©canique avec un moteur pour traĆ®ner les membres de la famille jusqu'au grenier, oĆ¹ ils ont Ć©tĆ© tuĆ©s ou mĆŖme mangĆ©s par elle (lui). Dans certains cas, la police tire immĆ©diatement sur le mĆ©chant et les membres de la famille prennent immĆ©diatement vie.

Il est dangereux de ne pas fermer portes et fenĆŖtres, rendant la maison accessible aux forces du mal, par exemple sous la forme d'un drap noir volant Ć  travers la ville. C'est le cas des enfants oublieux ou rebelles qui laissent portes et fenĆŖtres ouvertes au mĆ©pris d'un ordre de leur mĆØre ou d'une voix Ć  la radio les avertissant d'un danger imminent.

Un enfant, hĆ©ros d'une histoire effrayante, ne peut se sentir en sĆ©curitĆ© que s'il n'y a pas de trous dans sa maison - mĆŖme potentiels, sous la forme d'une tache - qui pourraient s'ouvrir comme un passage vers le monde extĆ©rieur, plein de dangers.

Il semble dangereux pour les enfants d'apporter dans la maison de l'extĆ©rieur des objets Ć©trangers qui sont Ć©trangers au monde d'origine. Les malheurs des hĆ©ros d'un autre complot bien connu d'histoires d'horreur commencent lorsqu'un des membres de la famille achĆØte et apporte dans la maison une nouvelle chose : des rideaux noirs, un piano blanc, le portrait d'une femme avec une rose rouge ou un figurine d'une ballerine blanche. La nuit, quand tout le monde dort, la main de la ballerine se tendra et piquera avec une aiguille empoisonnĆ©e au bout de son doigt, la femme du portrait voudra faire de mĆŖme, les rideaux noirs s'Ć©trangleront et la sorciĆØre rampera du piano blanc.

Certes, ces horreurs ne se produisent dans les histoires d'horreur que si les parents sont partis - au cinĆ©ma, en visite, pour travailler la nuit ou s'endormir, ce qui prive Ć©galement leurs enfants de protection et ouvre l'accĆØs au mal.

Ce qui dans la petite enfance est une expƩrience personnelle de l'enfant devient peu Ơ peu le matƩriau de la conscience collective de l'enfant. Ce matƩriel est ƩlaborƩ par des enfants dans des situations de groupe pour raconter des histoires effrayantes, fixƩ dans les textes du folklore enfantin et transmis aux gƩnƩrations suivantes d'enfants, devenant un Ʃcran pour leurs nouvelles projections personnelles.

Les enfants russes se racontent gĆ©nĆ©ralement ces histoires effrayantes traditionnelles entre 6-7 ans et 11-12 ans, bien que les peurs qui y sont mĆ©taphoriquement reflĆ©tĆ©es surviennent beaucoup plus tĆ“t. Dans ces histoires, l'idĆ©al de la petite enfance d'une maison-protection continue d'ĆŖtre prĆ©servĆ© - un espace fermĆ© de tous cĆ“tĆ©s sans ouvertures sur le monde extĆ©rieur dangereux, une maison qui ressemble Ć  un sac ou au ventre d'une mĆØre.

Dans les dessins d'enfants de trois ou quatre ans, on trouve souvent des images aussi simples de la maison. L'un d'eux peut ĆŖtre vu dans la Fig. 3-2.

Dans celui-ci, le chaton est assis comme dans l'utĆ©rus. D'en haut - c'est-Ć -dire pour qu'il soit clair qu'il s'agit d'une maison. La fonction principale de la maison est de protĆ©ger le chaton, qui a Ć©tĆ© laissĆ© seul, et sa mĆØre est partie. Par consĆ©quent, il n'y a pas de fenĆŖtres ou de portes dans la maison - des trous dangereux Ć  travers lesquels quelque chose d'extraterrestre peut pĆ©nĆ©trer Ć  l'intĆ©rieur. Juste au cas oĆ¹, le chaton a un protecteur : Ć  cĆ“tĆ© se trouve le mĆŖme, mais une toute petite maison avec le mĆŖme ā€” c'est le chenil oĆ¹ le chien appartient au chaton. L'image du chien ne tenait pas dans un si petit espace, alors la fille l'a marquĆ©e avec une boule sombre. Un dĆ©tail rĆ©aliste - les cercles prĆØs des maisons sont les bols du chaton et du chien. Maintenant, nous pouvons facilement reconnaĆ®tre la maison de la souris Ć  droite, pointue, avec des oreilles rondes et une longue queue. La souris est l'objet d'intĆ©rĆŖt du Chat. Puisqu'il va y avoir une chasse Ć  la Souris, on lui a fait une grande maison, fermĆ©e de toutes parts, avec celle oĆ¹ elle est en sĆ©curitĆ©. Sur la gauche, il y a un autre personnage intĆ©ressant - Teenage Kitten. Il est dĆ©jĆ  grand et il peut ĆŖtre seul dans la rue.

Eh bien, le dernier hĆ©ros de la photo est l'auteur lui-mĆŖme, la fille Sasha. Elle a choisi le meilleur endroit pour elle-mĆŖme - entre ciel et terre, au-dessus de tous les Ć©vĆ©nements, et s'y est installĆ©e librement, occupant beaucoup d'espace, sur lequel les lettres de son Nom ont Ć©tĆ© placĆ©es. Les lettres sont tournĆ©es dans des directions diffĆ©rentes, la personne a encore quatre ans ! Mais l'enfant est dĆ©jĆ  capable de matĆ©rialiser sa prĆ©sence dans l'espace du monde qu'il a crĆ©Ć©, d'y Ć©tablir sa position particuliĆØre de maĆ®tre. La mĆ©thode de prĆ©sentation de son Ā«jeĀ» ā€” Ć©crire le Nom ā€” est dans l'esprit de l'enfant Ć  ce moment la plus haute forme d'accomplissement culturel.

Si nous comparons la perception de la frontiĆØre de la maison dans la tradition culturelle et psychologique des enfants et dans la culture populaire des adultes, nous pouvons remarquer une similitude incontestable dans la comprĆ©hension des fenĆŖtres et des portes en tant que lieux de communication avec le monde extĆ©rieur qui sont particuliĆØrement dangereux pour un rĆ©sident de la maison. En effet, dans la tradition populaire, on croyait que c'Ć©tait Ć  la frontiĆØre des deux mondes que se concentraient les forces obscures - sombres, redoutables, Ć©trangĆØres Ć  l'homme. Par consĆ©quent, la culture traditionnelle a accordĆ© une attention particuliĆØre Ć  la protection magique des fenĆŖtres et des portes - des ouvertures vers l'espace extĆ©rieur. Le rĆ“le d'une telle protection, incarnĆ©e dans les formes architecturales, a Ć©tĆ© jouĆ©, en particulier, par des motifs de chambranles, des lions Ć  la porte, etc.

Mais pour la conscience des enfants, il existe d'autres lieux de percĆ©es potentielles d'une coque protectrice plutĆ“t mince de la maison dans l'espace d'un autre monde. De tels Ā«trousĀ» existentiels pour l'enfant surviennent lĆ  oĆ¹ il y a des violations locales de l'homogĆ©nĆ©itĆ© des surfaces qui attirent son attention: des taches, des portes inattendues, que l'enfant perƧoit comme des passages cachĆ©s vers d'autres espaces. Comme nos enquĆŖtes l'ont montrĆ©, les enfants ont le plus souvent peur des placards, des garde-manger, des cheminĆ©es, des mezzanines, des portes diverses dans les murs, des petites fenĆŖtres inhabituelles, des tableaux, des taches et des fissures Ć  la maison. Les enfants sont effrayĆ©s par les trous de la cuvette des toilettes, et plus encore par les Ā« verres Ā» en bois des latrines villageoises. L'enfant rĆ©agit de la mĆŖme maniĆØre Ć  certains objets fermĆ©s qui ont une capacitĆ© Ć  l'intĆ©rieur et peuvent devenir un contenant pour un autre monde et ses forces obscures : les armoires, d'oĆ¹ partent des cercueils sur roues dans des histoires d'horreur ; des valises oĆ¹ vivent des gnomes ; l'espace sous le lit oĆ¹ les parents mourants demandent parfois Ć  leurs enfants de les mettre aprĆØs la mort, ou l'intĆ©rieur d'un piano blanc oĆ¹ une sorciĆØre vit sous un couvercle. Dans les histoires effrayantes pour enfants, il arrive mĆŖme qu'un bandit saute d'une nouvelle boĆ®te et y emmĆØne Ć©galement la pauvre hĆ©roĆÆne. La disproportion rĆ©elle des espaces de ces objets n'a ici aucune importance, puisque les Ć©vĆ©nements du conte pour enfants se dĆ©roulent dans le monde des phĆ©nomĆØnes mentaux, oĆ¹, comme dans un rĆŖve, les lois physiques du monde matĆ©riel n'opĆØrent pas. Dans l'espace psychique, par exemple, comme on le voit couramment dans les histoires d'horreur pour enfants, quelque chose grossit ou rĆ©trĆ©cit en fonction de la quantitĆ© d'attention portĆ©e Ć  cet objet.

Ainsi, pour les fantasmes terribles de chaque enfant, le motif de l'enlĆØvement ou de la chute de l'enfant du monde de la Maison dans l'Autre Espace par une certaine ouverture magique est caractĆ©ristique. Ce motif se reflĆØte de diverses maniĆØres dans les produits de la crĆ©ativitĆ© collective des enfants ā€” les textes du folklore enfantin. Mais on le trouve aussi largement dans la littĆ©rature jeunesse. Par exemple, comme l'histoire d'un enfant laissant Ć  l'intĆ©rieur une image accrochĆ©e au mur de sa chambre (l'analogue est Ć  l'intĆ©rieur d'un miroir ; rappelons-nous Alice dans le miroir). Comme vous le savez, celui qui fait mal, il en parle. Ajoutez Ć  cela - et Ć©coutez-le avec intĆ©rĆŖt.

La peur de tomber dans un autre monde, qui est mĆ©taphoriquement prĆ©sentĆ©e dans ces textes littĆ©raires, a de rĆ©els fondements dans la psychologie des enfants. Rappelons qu'il s'agit d'un problĆØme de la petite enfance de la fusion de deux mondes dans la perception de l'enfant : le monde visible et le monde des Ć©vĆ©nements mentaux projetĆ©s sur lui comme un Ć©cran. La cause liĆ©e Ć  l'Ć¢ge de ce problĆØme (nous ne considĆ©rons pas la pathologie) est un manque d'autorĆ©gulation mentale, les mĆ©canismes non formĆ©s de la conscience de soi, l'Ć©limination, Ć  l'ancienne ā€” la sobriĆ©tĆ©, qui permettent de distinguer l'un de l'autre l'autre et faire face Ć  la situation. Par consĆ©quent, un ĆŖtre sain et quelque peu banal qui ramĆØne l'enfant Ć  la rĆ©alitĆ© est gĆ©nĆ©ralement un adulte.

En ce sens, Ć  titre d'exemple littĆ©raire, nous nous intĆ©resserons au chapitre Ā«A Hard DayĀ» du cĆ©lĆØbre livre de l'Anglaise PL Travers Ā«Mary PoppinsĀ».

Ce mauvais jour, Jane - la petite hĆ©roĆÆne du livre - n'allait pas bien du tout. Elle a tellement crachĆ© avec tout le monde Ć  la maison que son frĆØre, qui est Ć©galement devenu sa victime, a conseillĆ© Ć  Jane de quitter la maison pour que quelqu'un l'adopte. Jane a Ć©tĆ© laissĆ©e seule Ć  la maison pour ses pĆ©chĆ©s. Et comme elle brĆ»lait d'indignation contre sa famille, elle fut facilement attirĆ©e en leur compagnie par trois garƧons, peints sur un vieux plat accrochĆ© au mur de la chambre. A noter que le dĆ©part de Jane vers la pelouse verte vers les garƧons a Ć©tĆ© facilitĆ© par deux points importants : la rĆ©ticence de Jane Ć  ĆŖtre dans le monde natal et une fissure au milieu du plat, formĆ©e d'un coup accidentel infligĆ© par une fille. Autrement dit, son monde natal s'est fissurĆ© et le monde de la nourriture s'est fissurĆ©, Ć  la suite de quoi un espace s'est formĆ© Ć  travers lequel Jane est entrĆ©e dans un autre espace. Les garƧons ont invitĆ© Jane Ć  quitter la pelouse Ć  travers la forĆŖt jusqu'au vieux chĆ¢teau oĆ¹ vivait leur arriĆØre-grand-pĆØre. Et plus Ƨa durait, plus Ƨa empirait. Finalement, elle se rendit compte qu'elle Ć©tait attirĆ©e, qu'ils ne la laisseraient pas repartir et qu'il n'y avait nulle part oĆ¹ retourner, car il y avait un autre temps ancien. Par rapport Ć  lui, dans le monde rĆ©el, ses parents n'Ć©taient pas encore nĆ©s et sa maison numĆ©ro dix-sept Ć  Cherry Lane n'avait pas encore Ć©tĆ© construite.

Jane a criĆ© Ć  tue-tĆŖte : Ā« Mary Poppins ! Aider! Mary Poppins!" Et, malgrĆ© la rĆ©sistance des habitants du plat, des mains fortes, heureusement celles de Mary Poppins, l'ont tirĆ©e de lĆ .

"Oh c'est toi! murmura Jane. "Je pensais que tu ne m'avais pas entendu !" Je pensais que je devrais rester lĆ -bas pour toujours! Je pensaisā€¦

"Certaines personnes", a dƩclarƩ Mary Poppins en la posant doucement sur le sol, "pensent trop. Indubitablement. Essuie ton visage, s'il te plaƮt.

Elle tendit Ơ Jane son mouchoir et commenƧa Ơ prƩparer le dƮner.

Ainsi, Mary Poppins a rempli sa fonction d'adulte, ramenĆ© la jeune fille Ć  la rĆ©alitĆ©, et maintenant Jane profite dĆ©jĆ  du confort, de la chaleur et de la paix qui Ć©manent des objets mĆ©nagers familiers. L'expĆ©rience de l'horreur va loin, trĆØs loin.

Mais le livre de Travers ne serait jamais devenu le prĆ©fĆ©rĆ© de nombreuses gĆ©nĆ©rations d'enfants Ć  travers le monde s'il s'Ć©tait terminĆ© aussi prosaĆÆquement. Racontant Ć  son frĆØre l'histoire de son aventure ce soir-lĆ , Jane regarda Ć  nouveau le plat et y trouva des signes visibles qu'elle et Mary Poppins avaient vraiment Ć©tĆ© dans ce monde. Sur la pelouse verte du plat gisait l'Ć©charpe tombante de Mary avec ses initiales, et le genou de l'un des garƧons dessinĆ©s restait attachĆ© avec le mouchoir de Jane. C'est-Ć -dire qu'il est toujours vrai que deux mondes coexistent - Cela et Ceci. Il suffit de pouvoir repartir de lĆ , pendant que Mary Poppins aide les enfants, les hĆ©ros du livre. De plus, avec elle, ils se retrouvent souvent dans des situations trĆØs Ć©tranges, dont il est plutĆ“t difficile de se remettre. Mais Mary Poppins est stricte et disciplinĆ©e. Elle sait montrer Ć  l'enfant oĆ¹ il se trouve en un instant.

Puisque le lecteur est informƩ Ơ plusieurs reprises dans le livre de Travers que Mary Poppins Ʃtait la meilleure Ʃducatrice d'Angleterre, nous pouvons Ʃgalement utiliser son expƩrience d'enseignement.

Dans le contexte du livre de Travers, ĆŖtre dans ce monde signifie non seulement le monde de la fantaisie, mais aussi l'immersion excessive de l'enfant dans ses propres Ć©tats mentaux, dont il ne peut pas sortir par lui-mĆŖme ā€” dans les Ć©motions, les souvenirs, etc. faire pour remettre un enfant de ce monde dans la situation de ce monde ?

La technique prĆ©fĆ©rĆ©e de Mary Poppins Ć©tait de dĆ©tourner brusquement l'attention de l'enfant et de la fixer sur un objet spĆ©cifique de la rĆ©alitĆ© environnante, le forƧant Ć  faire quelque chose rapidement et de maniĆØre responsable. Le plus souvent, Marie attire l'attention de l'enfant sur son propre Ā« moi Ā» corporel. Alors elle essaie de rendre l'Ć¢me de l'Ć©lĆØve, planant dans l'inconnu oĆ¹, au corps : Ā« Peignez-vous les cheveux, s'il vous plaĆ®t ! Ā« Vos lacets sont encore dĆ©faits ! Ā» ; Ā« Va te laver ! Ā» ; Ā« Regarde comment est ton col ! Ā».

Cette technique loufoque ressemble Ć  une gifle aiguĆ« d'un massothĆ©rapeute, avec laquelle, Ć  la fin du massage, il ramĆØne Ć  la rĆ©alitĆ© un client tombĆ© en transe, adouci.

Ce serait bien si tout Ć©tait aussi simple ! S'il Ć©tait possible de faire en sorte que l'Ć¢me enchantĆ©e d'un enfant ne Ā«s'envoleĀ» pas vers on ne sait oĆ¹, avec une gifle ou une astuce astucieuse pour changer d'attention, apprenez-lui Ć  vivre dans la rĆ©alitĆ©, Ć  avoir l'air dĆ©cent et Ć  faire des affaires. MĆŖme Mary Poppins l'a fait pendant une courte pĆ©riode. Et elle-mĆŖme se distinguait par sa capacitĆ© Ć  impliquer les enfants dans des aventures inattendues et fantastiques qu'elle savait crĆ©er au quotidien. Par consĆ©quent, c'Ć©tait toujours aussi intĆ©ressant pour les enfants avec elle.

Plus la vie intĆ©rieure d'un enfant est complexe, plus son intellect est Ć©levĆ©, plus nombreux et vastes sont les mondes qu'il dĆ©couvre pour lui-mĆŖme Ć  la fois dans l'environnement et dans son Ć¢me.

Les fantasmes d'enfance constants et prĆ©fĆ©rĆ©s, en particulier ceux liĆ©s aux objets du monde familial qui sont importants pour l'enfant, peuvent alors dĆ©terminer toute sa vie. Ayant mĆ»ri, une telle personne croit qu'elle lui a Ć©tĆ© donnĆ©e dans l'enfance par le destin lui-mĆŖme.

L'une des descriptions psychologiques les plus subtiles de ce thĆØme, donnĆ©e dans l'expĆ©rience d'un garƧon russe, nous la trouverons dans le roman Ā«FeatĀ» de VV Nabokov.

Ā« Au-dessus d'un petit lit Ć©troitā€¦ une aquarelle accrochĆ©e Ć  un mur lĆ©ger : une forĆŖt dense et un chemin sinueux s'enfonƧant dans les profondeurs. Pendant ce temps, dans l'un des petits livres en anglais que sa mĆØre lisait avec luiā€¦ il y avait une histoire Ć  propos d'une telle image avec un chemin dans la forĆŖt juste au-dessus du lit d'un garƧon qui autrefois, comme il Ć©tait, dans un manteau de nuit, dĆ©placĆ© du lit Ć  l'image, sur le chemin menant dans la forĆŖt. Martyn Ć©tait inquiet Ć  l'idĆ©e que sa mĆØre puisse remarquer une similitude entre l'aquarelle sur le mur et l'image du livre : selon son calcul, elle, effrayĆ©e, empĆŖcherait le voyage nocturne en enlevant l'image, et donc Ć  chaque fois qu'il priait au lit avant d'aller se coucherā€¦ Martin priait pour qu'elle ne remarque pas le chemin sĆ©duisant juste au-dessus de lui. Se souvenant de cette Ć©poque de sa jeunesse, il s'est demandĆ© s'il Ć©tait vraiment arrivĆ© qu'il saute une fois de la tĆŖte du lit dans l'image, et si c'Ć©tait le dĆ©but de ce voyage heureux et douloureux qui s'est avĆ©rĆ© ĆŖtre toute sa vie. Il semblait se souvenir du froid de la terre, du crĆ©puscule vert de la forĆŖt, des virages du sentier, traversĆ©s ƧƠ et lĆ  par une racine bossue, du scintillement des troncs, devant lesquels il courait pieds nus, et de l'Ć©trange air sombre, plein de possibilitĆ©s fabuleuses.


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