Stress et grossesse : quels sont les risques ?

Plus d'une femme sur trois n'est pas pleinement consciente des risques associés à stress pendant la grossesse, selon une enquête de la Fondation PremUp. Cependant, ces risques existent. Des travaux récents semblent indiquer une impact du stress prénatal sur le déroulement de la grossesse et la santé du bébé à naître. Une vaste étude néerlandaise, réalisée en 2011 sur plus de 66 mères et enfants, a confirmé que le stress maternel pourrait être associé à certaines pathologies.

« Il y a maintenant des données qui ne peuvent être contestées », confirme Françoise Molénat*, pédopsychiatre et psychanalyste périnatale. " Des études très spécifiques ont comparé le type de stress prénatal et les effets sur la maman et le bébé. »

Petits stress quotidiens, sans risque de grossesse

Le mécanisme est en fait assez simple. Le stress génère des sécrétions hormonales qui traversent la barrière placentaire. Le cortisol, l'hormone du stress, peut ainsi se retrouver, en quantités plus ou moins importantes, dans le sang du bébé. Mais pas de panique, toutes les émotions n'influencent pas forcément la grossesse et le fœtus.

Le stress d'adaptation, celui qui survient quand on apprend qu'on est enceinte, n'est absolument pas négatif. " Les mères ne doivent pas paniquer, ce stress est une réaction défensive à une nouvelle situation. c'est tout a fait normal », explique Françoise Molénat. ” La grossesse provoque de nombreux bouleversements physiques et émotionnels. »

Le le stress émotionnel, quant à lui, génère tension, peur, irritabilité. C'est très fréquent pendant la grossesse. La mère est en proie à de petites angoisses quotidiennes, des sautes d'humeur inexpliquées. Mais encore une fois, il n'y a aucun impact sur la santé de l'enfant ou sur le déroulement de la grossesse. Si toutefois ces émotions n'affectent pas trop l'état général.

Stress et grossesse : les risques pour les mères

Parfois c'est vrai, il arrive que les futures mamans soient plus stressées. Chômage, problèmes familiaux ou conjugaux, deuil, accident… ces événements pénibles peuvent avoir de réelles répercussions pour la femme enceinte et son fœtus. Il en est de même lors de stress aigu provoqué par une catastrophe naturelle, une guerre… Des travaux montrent que ces angoisses sont bien associées à des complications de grossesse : accouchement prématuré, retard de croissance, faible poids de naissance…

Stress et grossesse : les risques pour les bébés

Certains stress peuvent également provoquer des pathologies infectieuses, des maladies de l'oreille, des voies respiratoires chez l'enfant. Une enquête récente de l'Inserm suggère que les bébés dont les mères ont vécu un événement particulièrement pénible pendant la grossesse ont un risque accru de développer de l'asthme et de l'eczéma.

D'autres impacts ont également été observés », en particulier dans les domaines cognitif, émotionnel et comportemental », note Françoise Molénat. ” Le stress de maman peut provoquer des perturbations dans la régulation du système nerveux fœtal », ce qui peut affecter le développement psychologique du nourrisson. A noter que les 1er et 3ème trimestres de grossesse sont les périodes les plus sensibles.

Attention cependant, les effets multifactoriels du stress restent difficiles à évaluer. Heureusement, rien n'est définitif. La plupart des impacts sont réversibles. " Ce qui peut rendre le fœtus vulnérable in utero peut être récupéré à la naissance », assure Françoise Molénat. ” Le contexte qui sera offert à l'enfant est déterminant et peut réparer les expériences d'insécurité. »

En vidéo : Comment gérer le stress pendant la grossesse ?

Accompagner la maman pendant la grossesse

Pas question de culpabiliser la mère en lui disant que son stress est mauvais pour son bébé. Cela ne ferait qu'augmenter ses angoisses. Le plus important est de l'aider à réduire ses peurs. La parole reste le premier traitement pour améliorer le bien-être maternel. Nicole Berlo-Dupont, sage-femme cadre en hospitalisation à domicile, l'observe au quotidien. " Les femmes que j'accompagne connaissent des complications au cours de leur grossesse. Ils sont particulièrement affligés. Notre rôle est d'abord de les rassurer.

L'entretien personnel du 4e mois, mis en place par le plan périnatal 2005-2007, vise précisément à permettre aux femmes d'être écoutées, afin de détecter d'éventuelles difficultés psychologiques. "Une future maman stressée doit être prise en charge en premier», ajoute Françoise Molénat. " Si elle se sent entendue dans sa propre inquiétude, elle ira déjà beaucoup mieux. La parole a une fonction extrêmement rassurante, mais elle doit être fiable. C'est maintenant aux professionnels de faire le point sur cette question !

* Françoise Molénat est l'auteur avec Luc Roegiers, de « Stress et grossesse. Quelle prévention pour quels risques ? ", éd. Erès

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