Pourquoi mon enfant fait-il des cauchemars ?

« Maman ! J'ai fait un cauchemar ! »… Debout à côté de notre lit, notre petite fille frissonne de peur. Réveillés en sursaut, nous essayons de garder la tête froide : il n'y a rien à craindre qu'un enfant fasse des cauchemars, au contraire, cest un processus nécessairee, ce qui lui permet de gérer les peurs et les angoisses qu'il n'a pas su exprimer ou intégrer dans la journée. « Tout comme la digestion permet d'évacuer ce qui n'a pas été assimilé par l'organisme, les cauchemars permettent à l'enfant d'évacuer une charge émotionnelle qui n'a pas été exprimée », explique Marie-Estelle Dupont, psychologue. Le cauchemar est donc un processus nécessaire de « digestion psychique ».

Une réaction à sa journée

Entre 3 et 7 ans, les cauchemars sont fréquents. Le plus souvent, elles sont directement liées à ce que l'enfant vient de vivre. Il peut s'agir d'une information entendue, d'une image vue dans la journée, qui l'a effrayé et qu'il n'a pas compris, ou d'une situation difficile qu'il a vécue, dont il ne nous a pas parlé. Par exemple, il a été réprimandé par le professeur. Il peut calmer son émotion en rêvant que le professeur le complimente. Mais si l'angoisse est trop forte, elle s'exprime dans un cauchemar où la maîtresse est une sorcière.

Un non-dit qu'il ressent

Un cauchemar peut survenir en réaction à une « situation hermétique » : quelque chose que l'enfant ressent, mais qui n'a pas été rendu explicite. Chômage, naissance, séparation, déménagement… On aimerait le protéger en retardant le moment pour lui en parler, mais il a des antennes puissantes : il perçoit dans notre attitude que quelque chose a changé. Cette « dissonance cognitive » génère de l'anxiété. Il rêvera alors d'une guerre ou d'un incendie qui justifie ses sentiments, et lui permet de les « digérer ». Mieux vaut lui expliquer clairement ce qui se prépare, en utilisant des mots simples, cela le calmera.

Quand s'inquiéter des cauchemars d'un enfant

Ce n'est que lorsqu'un enfant fait régulièrement le même cauchemar, lorsque cela l'angoisse au point qu'il en parle dans la journée et qu'il a peur d'aller se coucher, qu'il faut enquêter. Qu'est-ce qui peut l'inquiéter comme ça ? A-t-il un souci dont il ne parle pas ? Est-il possible qu'il soit victime d'intimidation à l'école? Si nous ressentons un blocage, nous pouvons consulter un psy qui, en quelques séances, aidera notre enfant à nommer et combattre ses peurs.

Cauchemars liés à son stade de développement

Certains cauchemars sont liés au développement de la petite enfance : s'il est en train d'apprendre la propreté, avec ses problèmes de rétention ou d'évacuation de ce qu'il y a en lui, il peut rêver qu'il est enfermé dans le noir ou, au contraire, perdu dans une forêt. S'il traverse le stade Odipe en essayant de séduire sa mère, il rêve qu'il fait du mal à son père… et se sent très coupable à son réveil. A nous de lui rappeler que les rêves sont dans sa tête et non dans la vraie vie. En effet, jusqu'à l'âge de 8 ans, il a encore parfois du mal à relativiser. Il suffit que son papa ait un petit accident pour qu'il en croie responsable.

Son mauvais rêve reflète ses préoccupations actuelles

Quand un grand frère se sent en colère contre sa mère et jaloux du bébé allaité, il ne se permet pas de l'exprimer avec des mots, mais le transposera en cauchemar où il dévorera sa maman. Il peut aussi rêver qu'il est perdu, traduisant ainsi son sentiment d'être oublié, ou rêver qu'il tombe, car il se sent « lâcher prise ». Souvent, dès l'âge de 5 ans, l'enfant a honte de faire des cauchemars. Il sera soulagé d'apprendre que nous aussi le faisions à son âge ! Cependant, même pour détendre l'atmosphère, on évite d'en rire – il se sentira ridiculisé et sera mortifié.

Le cauchemar a une fin !

On ne fouille pas la pièce pour trouver le monstre qu'il a vu en rêve : ça lui ferait croire que le cauchemar peut exister dans la vraie vie ! S'il a peur de se rendormir, on le rassure : un cauchemar se termine dès qu'on se réveille, il n'y a aucun risque de le retrouver. Mais il peut aller au pays des rêves en fermant les yeux et en réfléchissant très fort à celui qu'il veut faire maintenant. Par contre, même si nous sommes fatigués, nous ne l'invitons pas à finir la nuit dans notre lit. « Cela voudrait dire qu'il a le pouvoir de changer de place et de rôle dans le foyer, observe Marie-Estelle Dupont : c'est bien plus angoissant qu'un cauchemar ! "

Nous demandons à l'enfant de le dessiner !

Le lendemain, la tête reposée, on peut lui proposer de dessiner ce qui lui a fait peur : sur le papier, ça fait déjà beaucoup moins peur. Il peut même ridiculiser le « monstre » en mettant du rouge à lèvres et des boucles d'oreilles, ou des boutons hideux sur son visage. Vous pouvez également l'aider à imaginer une fin heureuse ou amusante à l'histoire.

Soyez sympa! Laissez un commentaire