Tout ce que vous devez savoir sur le liquide amniotique

Tout ce que vous devez savoir sur le liquide amniotique

Qu'est-ce que le liquide amniotique ?

Pendant la grossesse, le fœtus se développe dans la cavité et baigne dans le liquide amniotique. Composé à 96% d'eau, ce liquide en constante évolution contient des électrolytes, des éléments minéraux (sodium, potassium, calcium, oligo-éléments, etc.), des acides aminés, mais aussi des cellules fœtales.

Les premières traces de liquide amniotique apparaissent peu après la fécondation avec la formation de la cavité amniotique au 7ème jour. Durant les premières semaines de grossesse, le liquide est alors essentiellement sécrété par l'embryon lui-même par un phénomène d'expansion extracellulaire (appelé extravasation). Une partie minime du liquide est également sécrétée par la mère via les mouvements d'eau des villosités choriales présentes dans le futur placenta. Cependant, entre 20 et 25 semaines, la peau du fœtus devient imperméable (processus de kératinisation). Ainsi, le volume de liquide amniotique est garanti par un équilibre entre ce qui est excrété par le fœtus (production) et ce qu'il avale in utero.

  • Excrétion fluide se fait principalement par deux moyens :

    - Le sytige urinaire fœtalea et plus particulièrement la diurèse qui s'installe vers 12-13 SA. Après 20 semaines, il devient la principale source de production de liquide amniotique atteignant 800 à 1200 ml/24 heures en fin de grossesse (contre 110 ml/kg/j à 190 ml/kg/j à 25 semaines).

    - L' liquide pulmonaire, sécrétée à partir de 18 semaines, atteint 200 à 300 ml/24h en fin de grossesse.

  • Le phénomène de réabsorption le liquide amniotique est possible grâce à la déglutition du futur bébé. En effet, le fœtus avale une grande partie du liquide amniotique, qui transite ainsi par son système digestif et son système respiratoire, avant d'être transmis à l'organisme maternel et d'être, en fin de course, filtré par les reins de la future mère. .

Grâce à cette « chaîne » de production physiologique, le liquide amniotique suit un cycle très particulier au fil des semaines de grossesse pour s'adapter au poids et au développement du futur bébé :

  • Avant 20 WA, la quantité de liquide amniotique dans la cavité augmente progressivement (de 20 ml à 7 WA à 200 ml à 16 WA),
  • Entre 20 semaines et 33-34 semaines, le volume stagne autour de 980 ml,
  • Après 34 semaines, le volume de liquide amniotique diminue, avec une accélération du phénomène vers 39 semaines, le volume de liquide atteignant environ 800 ml à terme.

    Variable selon les femmes, le volume de liquide amniotique est compris entre 250 ml (limite basse) et 2 litres (limite haute), de sorte que la grossesse est dite normale.

Le rôle du liquide amniotique pendant la grossesse

Le liquide amniotique joue une variété de rôles qui changent pendant la grossesse. La première et la plus connue de ses fonctions : protéger l'enfant à naître des chocs et du bruit.

Mais le liquide amniotique aide également à :

  • garantir la stabilité de l'environnement du fœtus, en maintenant une température constante et en adaptant son volume au développement du bébé,
  • capturer les différences de goût, de lumière, d'odeur ou d'audition, favorisant ainsi le développement sensoriel in utero de l'enfant.
  • faciliter les mouvements du fœtus et participer à son bon développement musculaire et morphologique,
  • fournir l'eau et les sels minéraux dont le futur bébé a besoin.
  • lubrifier, lorsque les membranes se rompent, le tractus génital et ainsi préparer l'organisme au passage de l'enfant.

Un indice de santé du futur bébé

Mais le liquide amniotique est également un indicateur précieux de la santé fœtale. En tant que tel, le test pour évaluer la quantité de liquide amniotique est l'échographie. Cela peut être recommandé si le praticien suspecte une anomalie de la hauteur de l'utérus, une diminution des mouvements fœtaux ou une rupture prématurée des membranes. L'échographiste peut alors être amené à utiliser différentes techniques pour évaluer un éventuel oligoamnios (diminution de la quantité de liquide amniotique) ou hydramnios (excès de liquide amniotique, voir ci-dessous), à savoir :

La mesure du plus grand réservoir vertical (CGV)

Appelé aussi méthode de Chamberlain, l'examen consiste en l'exploration échographique de l'ensemble de la cavité amniotique afin de localiser le plus grand réservoir de liquide (l'endroit où il n'y a pas d'interférence avec un membre du fœtus ou le cordon ombilical). La mesure de sa profondeur guide alors le diagnostic :

  • s'il est inférieur à 3 cm, l'examen évoque un oligoamnios,
  • si elle mesure entre 3 et 8 cm, c'est normal,
  • s'il est supérieur à 8 cm, cela peut indiquer un hydramnios.

La mesure de l'index amniotique (ILA)

Cet examen consiste à diviser l'ombilic en 4 quadrants, puis à mesurer et additionner la profondeur des réservoirs ainsi identifiés.

  • s'il est inférieur à 50 mm, le risque d'oligoamnios est élevé,
  • s'il mesure entre 50 mm et 180 mm ; la quantité de liquide amniotique est normale,
  • s'il est supérieur à 180 mm, un hydramnios doit être envisagé.

Au-delà du volume de liquide amniotique, le praticien peut être amené à analyser les éléments qui le composent, comme c'est le cas lors de la réalisation d'une amniocentèse. L'objectif : rechercher un agent infectieux si le contexte est en faveur d'une infection fœtale ou étudier les chromosomes du fœtus pour détecter d'éventuelles pathologies d'origine génétique (à partir de la trisomie 21). En effet, le liquide amniotique contient de nombreuses cellules fœtales en suspension dont la concentration atteint son pic entre 16 et 20 semaines. La culture de ces cellules permet de produire un caryotype et ainsi d'évaluer avec précision certains risques d'anomalies chromosomiques.

Que faire quand on a trop ou trop peu de liquide amniotique ?

Lors du suivi prénatal, le praticien porte une attention particulière au volume de liquide amniotique en mesurant la hauteur utérine. L'objectif : exclure ou prendre en charge une quantité insuffisante (oligoamnios) ou excessive (hydramnios) de liquide amniotique, les 2 pathologies qui peuvent avoir des conséquences potentiellement graves sur les suites de la grossesse.

L'oligoamnios

L'oligoamnios est l'anomalie du liquide amniotique la plus fréquente (entre 0,4 et 4% des grossesses). Cette insuffisance de liquide amniotique (inférieure à 250 ml) peut apparaître à différents moments de la grossesse et entraîner des complications plus ou moins graves selon le stade de développement du fœtus. Les risques les plus fréquents :

  • Hypoplasie pulmonaire (arrêt du développement des poumons) générant, à la naissance, une insuffisance respiratoire,
  • anomalies du système musculo-squelettique (séquence de Potter), l'enfant à naître ne pouvant pas bouger in utero.
  • rupture prématurée des membranes compliquée d'une infection materno-fœtale et donc risque accru d'accouchement prématuré, de déclenchement du travail ou d'accouchement par césarienne.

Ses origines : diverses causes fœtales (malformation du système rénal ou urinaire, anomalie chromosomique), maternelles (diabète gestationnel, infection à CMV, etc.) ou d'un trouble placentaire (syndrome transfusionnel, mauvaise vascularisation des appendices, etc.). La prise en charge de l'oligoamnios dépend alors de ses principales causes.

L'hydramnios

L'hydramnios décrit un excès de liquide amniotique dépassant 1 à 2 litres. Cette anomalie peut prendre deux formes :

  • hydramnios chronique d'apparition lente apparaît généralement vers le troisième trimestre de la grossesse et est assez bien toléré.
  • les hydramnios aigus, rapide à installer est surtout observée au cours du deuxième trimestre de la grossesse. Elle s'accompagne de symptômes cliniques souvent mal tolérés : douleurs utérines, difficultés respiratoires, contractions, etc. Rare, elle surviendrait dans 1/1500 à 1/6000 grossesses.

 Cette anomalie du volume de liquide amniotique peut là encore avoir différentes causes. Lorsqu'il est d'origine maternelle, l'hydramnios peut être dû à un diabète gestationnel, une pré-éclampsie, une infection (CMV, parvovirus B19, toxoplasmose) ou une incompatibilité Rh entre la mère et l'enfant. Mais les hydramnios peuvent aussi s'expliquer par une anémie ou certaines malformations du système nerveux central ou digestif du fœtus.

Et comme l'oligoamnios, l'hydramnios présente un certain nombre de risques de complications : accouchement prématuré, rupture prématurée des membranes, présentation du bébé en siège, procidence du cordon, côté maternel ; certaines malformations chez l'enfant, qui varient selon la gravité de la pathologie.

Compte tenu de la diversité des causes et des risques pour la mère et l'enfant, la prise en charge est appréciée au cas par cas.

  • Lorsqu'il provient d'une affection curable in utero ou postnatale (anémie, etc.), l'hydramnios fait l'objet d'un traitement spécifique pour ladite pathologie.
  • Une prise en charge symptomatique peut également être recommandée dans certains cas. Le praticien opte alors pour un traitement médical à base d'anti-prostaglandines pour réduire la diurèse fœtale ou évacuer les ponctions pour limiter les risques d'accouchement prématuré.
  • Dans les cas les plus graves (anamnios), une interruption médicale de grossesse peut être envisagée après discussion avec les parents.

Rupture d'une poche à eau : perte de liquide amniotique

Le liquide amniotique est contenu par deux membranes, l'amnios et le chorion, qui composent la cavité utérine. Lorsqu'ils se rompent, ils peuvent provoquer un écoulement de fluide. On parle alors de rupture des membranes ou plus communément de rupture de la poche à eau.

  • La rupture des membranes à terme est le signe d'un accouchement imminent. Seul un traitement antibiotique pour protéger l'enfant d'une éventuelle infection peut être recommandé si le travail ne commence pas dans les 12 heures suivant la rupture, et un déclenchement prévu dans les 24 à 48 heures en l'absence de contractions du travail.
  • La rupture des membranes survenant avant terme est dite prématurée. L'objectif de la gestion est alors simple : retarder au maximum l'accouchement prématuré pour atteindre idéalement 37 WA. Le suivi passe ensuite par une hospitalisation jusqu'à l'accouchement afin de faciliter des bilans réguliers (bilan infectieux, échographie, surveillance cardiaque), une antibiothérapie pour prévenir une éventuelle infection fœtale, ainsi qu'une corticothérapie pour accélérer le développement pulmonaire (avant 30 SA ) de l'enfant à naître. A noter cependant : une rupture des membranes avant 22 semaines met souvent en jeu le pronostic vital du fœtus.

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