Contraception masculine hormonale, thermique : des méthodes efficaces ?

 

Près de 60% des hommes se disent aujourd'hui prêts à utiliser la contraception. Cependant, le spectre des contraceptifs masculins reste pour l'instant limité et certaines méthodes usuelles ne sont pas très efficaces. En effet, la prévention d'une éventuelle grossesse incombe toujours, dans la grande majorité des cas, à la femme. Quelles sont les méthodes de contraception masculine les plus courantes aujourd'hui ? Quels sont les contraceptifs masculins les plus fiables ? Aperçu.

Le préservatif masculin : une contraception masculine efficace, mais souvent mal utilisée

Le préservatif masculin est la contraception masculine la plus utilisée : 21 % des couples l'utilisent dans le monde.

Qu'est-ce que le préservatif masculin ?

Le préservatif masculin fait partie des méthodes contraceptives réversibles dites « barrières » et consiste en une fine membrane, généralement en latex, à placer sur le pénis avant le rapport sexuel, pour empêcher l'émission de sperme dans le vagin. Le préservatif masculin est recommandé, selon la Haute Autorité de Santé, « en l'absence de partenaire stable ou comme méthode de remplacement à tenir à disposition en cas d'inaccessibilité occasionnelle ou de non-respect d'une méthode hormonale ».

Le préservatif est-il efficace ?

Le préservatif masculin est considéré comme un contraceptif efficace. En effet, son indice de Pearl, qui permet d'évaluer le pourcentage de grossesses « accidentelles » sur une année d'utilisation optimale, est bien de 2. Mais dans les faits, le préservatif est bien moins convaincant dans la prévention des grossesses. indésirables avec un taux d'échec d'environ 15% en raison de ses conditions d'utilisation. Ces échecs sont principalement imputables aux ruptures du préservatif, mais aussi à son utilisation irrégulière, voire à son retrait lors des rapports sexuels.

Quels sont les avantages et les inconvénients du préservatif masculin ?

Pourtant, les avantages du préservatif masculin sont nombreux et ses inconvénients plutôt limités.

Parmi ses avantages figurent :

  • Son accessibilité : les préservatifs sont à la fois peu coûteux et largement disponibles (supermarchés, pharmacies, etc.)
  • Son efficacité contre les infections sexuellement transmissibles : le préservatif (masculin ou féminin) est la seule méthode contraceptive efficace contre les IST. Elle est donc recommandée dans les relations à risque (partenaires multiples, relations occasionnelles) ou lorsqu'il n'y a pas de relation stable.
  • Sa compatibilité avec une autre méthode contraceptive (contraception hormonale ou intra-utérine féminine, spermicide, etc.), à l'exclusion du préservatif féminin.

Par contre, le préservatif peut…

  • favoriser l'apparition de réactions chez les personnes allergiques au latex. Le cas échéant, les préservatifs en polyuréthane, qui ne présentent pas de risque d'allergie, sont à privilégier.
  • perdre de l'efficacité s'il est mal utilisé, d'où l'importance de se renseigner sur les bonnes pratiques (mettre complètement le préservatif avant le début du rapport, le tenir avec la main pour le retirer, etc.)
  • présentent des risques de glissade et de rupture. A ce titre, il est notamment déconseillé d'utiliser des lubrifiants à base d'huile avec un préservatif masculin en latex, au risque de dégrader ledit latex et de favoriser la rupture du contraceptif.
  • réduire ou modifier les sensations pendant les rapports sexuels chez certains utilisateurs.

Quel est le prix de cette contraception masculine ?

Le prix moyen d'un préservatif masculin se situe entre 50 et 70 centimes pièce. Et contrairement aux idées reçues, le préservatif peut être pris en charge par l'Assurance Maladie sous certaines conditions. En effet, depuis 2018, certaines boîtes, disponibles en pharmacie, peuvent être remboursées jusqu'à 60% si elles ont été prescrites par un médecin ou une sage-femme (sur la base d'un prix de vente de 1,30 $, 6 € pour la boîte de 2,60, 12€ pour la box de 5,20 et 24€ pour la box de XNUMX.). Ils peuvent également être obtenus gratuitement dans les centres de planification familiale.

La méthode de retrait ou coït interrompu : une contraception masculine très aléatoire

L'interruption du coït, également appelée méthode du retrait, est utilisée par environ 5 % des hommes dans le monde, 8 % en France. Cette contraception masculine aurait notamment gagné en popularité lors de la « crise de la pilule » et de la remise en cause de la contraception hormonale féminine en 2012.

Quelle est la méthode de retrait?

La méthode de retrait consiste, comme son nom l'indique, à retirer le pénis du vagin et de la zone autour de la vulve avant l'éjaculation. A ce titre, elle fait partie des méthodes de contraception masculine « naturelles », l'une des rares à avoir des pratiques dites « thermiques ».

Le coït interrompu est-il une contraception masculine efficace ?

En théorie, avec un indice de Pearl de 4, le coït interrompu reste classé, selon la Haute Autorité de Santé, dans la catégorie de la contraception masculine efficace… tant qu'il est utilisé correctement et régulièrement. Mais en pratique, le taux d'échec est très élevé (27%). La méthode de sevrage seule n'est donc pas recommandée par les professionnels de santé.

Quels sont les avantages et les inconvénients de la méthode de retrait ?

Le principal avantage de la méthode de retrait est sa "accessibilité" : gratuit, disponible en toutes circonstances, sans contre-indications, il est donc généralement considéré comme « mieux que rien ».

Mais son inconvénient majeur reste sa efficacité limitée. En effet, cette méthode nécessite non seulement un contrôle parfait de l'éjaculation (ce qui n'est pas toujours le cas), mais même si c'est "apparemment" le cas, le liquide pré-séminal (qui précède le sperme et l'éjaculation et peut donc se déposer dans le vagin) contient du sperme et peut donc féconder un ovocyte pendant l'ovulation. De plus, l'interruption du coït ne protège pas contre les infections sexuellement transmissibles.

Vasectomie : une stérilisation définitive

La vasectomie est une méthode de stérilisation à des fins contraceptives (ou contraception définitive dans le langage courant) utilisée par 2% des couples dans le monde, moins de 1% en France. Très efficace, elle est pourtant considérée comme irréversible. Elle n'est donc recommandée qu'aux hommes souhaitant une méthode de contraception permanente et doit faire l'objet d'une information et d'une réflexion approfondies.

Qu'est-ce qu'une vasectomie?

La vasectomie est une intervention chirurgicale visant à bloquer le canal déférent, ce qui permet aux spermatozoïdes de s'écouler des testicules. Après une vasectomie, le sperme ne contient donc plus de spermatozoïdes (azoospermie), la fécondation de l'ovocyte après éjaculation (et donc grossesse) n'est plus possible.

La vasectomie est-elle efficace ?

La vasectomie est très efficace. Son indice de Pearl théorique est de 0,1% en théorie et de 0,15% en pratique courante. Les grossesses non désirées sont donc très rares.

Quels sont les avantages et les inconvénients de la vasectomie?

Le plus grand avantage de la vasectomie est avant tout son efficacité. Ses autres points positifs ?

  • Il n'affecte pas la fonction érectile, notamment parce qu'elle n'affecte pas, comme on peut souvent le croire, la production d'hormones mâles. La qualité de l'érection, le volume de l'éjaculat, les sensations restent les mêmes.
  • C'est sans contrainte quotidienne et de (très) longue durée.
  • La chirurgie est généralement très bien tolérée.

Parmi ses points négatifs, il est important de garder en tête que la vasectomie…

  • est irréversible : les techniques actuelles visant à rendre le canal déférent perméable à nouveau ont des résultats très incertains. Pour cette raison, la vasectomie est considérée comme définitive, ne permettant pas un projet d'enfant ultérieur. C'est pourquoi un délai de réflexion de 4 mois est imposé. De plus, le praticien peut proposer de réaliser une cryoconservation du sperme (congélation des gamètes) dans un centre médical dédié (CECOS).
  • n'est pas effectif immédiatement. La vésicule séminale (qui produit le sperme) peut encore contenir du sperme entre 8 et 16 semaines après l'intervention ou après 20 éjaculations. Une contraception complémentaire est donc prescrite pendant 3 mois après l'opération et prolongée jusqu'à ce que l'absence de sperme soit confirmée par un spermogramme.
  • ne protège pas contre les IST,
  • peut entraîner des complications postopératoires (saignement, ecchymose, infection, douleur, etc.) dans 1 à 2% des cas. Cependant, ceux-ci peuvent être pris en charge.
  • a certaines contre-indications : L'OMS recommande toujours d'envisager une vasectomie au cas par cas pour prendre en compte « toutes les conditions et circonstances qui nécessitent certaines précautions ». De plus, certaines raisons purement médicales peuvent conduire à reporter l'intervention comme les infections locales (IST, épididymite, orchite, etc.), les infections généralisées ou gastro-entérites, l'identification d'une masse au niveau du scrotum, etc.

Quel est le prix de cette contraception masculine ?

La vasectomie coûte en moyenne 65 euros et est prise en charge à hauteur de 80% par l'Assurance Maladie.

Les méthodes thermales : une contraception masculine encore confidentielle

Les méthodes de contraception thermique masculine (ou CMT) reposent sur l'effet délétère de la chaleur sur la fertilité masculine. S'ils sont a priori plutôt convaincants, ils sont pour l'instant peu accessibles ou doivent encore faire l'objet d'une validation scientifique.

En quoi consiste la contraception masculine thermique ?

La CMT repose sur un constat physiologique simple : pour que la spermatogenèse soit bonne, les testicules doivent être en permanence à une température légèrement inférieure à celle du corps (entre 2 et 4°C). C'est pour cette raison que le scrotum est anatomiquement à l'extérieur du corps. Au contraire, lorsque la température dans les testicules est trop élevée, la spermatogenèse peut être altérée. Le CMT vise donc à favoriser cette élévation locale de température afin de rendre les spermatozoïdes moins fécondants, à défaut de générer une azoospermie. Cet effet peut être obtenu par plusieurs méthodes. Traditionnellement, la CMT reposait sur des bains chauds répétés (au-dessus de 41°C). Plus récemment, deux moyens d'élévation thermique ont été développés :

  • porter des sous-vêtements à isolation thermique (24h/XNUMX)
  • garder les testicules dans une position élevée (appelé supra-scrotal) pendant au moins 15 heures par jour, toujours grâce à des sous-vêtements spécifiques. On parle alors de cryptorchidie artificielle.

La contraception masculine thermique est-elle efficace ?

Aujourd'hui, la cryptorchidie artificielle est la mieux évaluée grâce aux travaux du Dr Mieusset. Cette technique est considérée comme efficace, même si elle doit encore faire l'objet de nouvelles études réglementaires pour prendre en compte une population plus large. Testée sur 51 couples et 536 cycles d'exposition, elle n'a donné lieu qu'à une seule grossesse, en raison d'une erreur dans l'utilisation de la méthode.

Quels sont les avantages et les inconvénients de la contraception masculine thermique ?

A ce stade des recherches dans ce domaine, le CMT a le mérite d'être à la fois efficace, lorsque son mode d'utilisation est strictement appliqué, et réversible. Elle peut également être de longue durée : la durée recommandée peut aller jusqu'à 4 ans.

Cependant, la contraception masculine thermique présente certains inconvénients, à savoir :

  • Inconfort liés au port de sous-vêtements spécialement développés à cet effet (ressentis par un homme sur deux)
  • une certaine contrainte : si le sous-vêtement n'est pas porté pendant au moins 15 heures par jour ou s'il n'est pas porté du tout pendant une journée, l'effet contraceptif n'est plus garanti. De plus, la réalisation de spermogrammes réguliers avant de vérifier l'efficacité de la méthode est requise (tous les 3 mois les deux premières années, puis tous les 6 mois).
  • contraception masculine thermique ne protège pas contre les infections sexuellement transmissibles (IST).

De plus, cette méthode n'est pas indiquée en cas de cryptorchidie naturelle (un trouble de la migration des testicules, que l'on dit alors « mal descendus »), d'ectopie testiculaire, de hernie inguinale, de cancer des testicules, de varicocèle. avancé et chez les hommes souffrant d'obésité sévère. 

  • CMT reste très inaccessible, aucune production industrielle pour l'instant permettant d'obtenir lesdits sous-vêtements à grande échelle.

La contraception hormonale masculine (CMH) : une voie d'avenir prometteuse ?

Largement utilisée chez la femme, la contraception hormonale reste pour l'instant confidentielle chez l'homme. Cependant, cette méthode fait l'objet d'études depuis les années 1970 et a même donné lieu à des essais cliniques probants depuis plusieurs années.

Qu'est-ce que la contraception hormonale masculine ?

Il s'agit d'une méthode de contraception réversible visant à inhiber la spermatogenèse par traitement hormonal. Deux grands types de protocoles ont été développés dans ce domaine :

  • contraception à base de testostérone seule. Cette monothérapie repose sur l'injection régulière d'une dose d'énanthate de testostérone. Par la suite, un protocole basé sur la testostérone à libération prolongée a été proposé afin d'espacer les injections, mais cette dernière n'est actuellement pas utilisée en France.
  • une combinaison de progestérone et de testostérone. Ce protocole est à l'étude sous plusieurs formes, mais la plus aboutie aujourd'hui est un gel à base de progestérone et de testostérone : la Nestorone. Sa commercialisation en France n'est actuellement pas autorisée.

Plus récemment, une pilule contraceptive pour hommes combinant l'action de la testostérone, des androgènes et de la progestérone a passé avec succès la phase des premiers essais cliniques aux États-Unis. Appelé « 11-beta-MNTDC », il serait réversible et sans effets secondaires. Bien que prometteuse, cette alternative à la pilule féminine ne devrait pas être disponible sur le marché américain avant une dizaine d'années.

La contraception hormonale masculine est-elle efficace ?

La monothérapie à base de testostérone est aujourd'hui la forme de CMH sur laquelle il existe le plus de preuves. Des études établissent son indice de Pearl de 0,8 à 1,4 pour la contraception à base d'énanthate et entre 1,1 et 2,3 pour la méthode à libération prolongée. Ces deux contraceptifs hormonaux masculins peuvent donc être considérés comme efficaces, voire très efficaces. De plus, les hommes l'utilisant ont généralement retrouvé une spermatogenèse normale entre 3 et 6 mois après le traitement.

Quant à la Nestorone, elle semble prometteuse : des essais cliniques menés aux États-Unis indiquent une efficacité de 85 % sans effets indésirables.

Quels sont les avantages et les inconvénients de la contraception hormonale masculine ?

Le grand avantage de la monothérapie à la testostérone est avant tout sa efficace, comparable à celui de la contraception hormonale féminine. Hebdomadaire, elle représenterait aussi, pour le couple, une contrainte moins importante que la prise quotidienne de la pilule pour les femmes.

Cependant, cette méthode de contraception masculine présente un certain nombre d'inconvénients :

  • Il n'est pas efficace immédiatement : il faut généralement attendre 3 mois après le début du traitement pour que ce soit le cas.
  • Il est limité à 18 mois d'utilisation, faute d'études scientifiques sur ses effets à long terme.
  • Il reste contraignant, notamment en termes de contrôle : Non seulement, la contraception masculine à base de testostérone seule nécessite une injection à intervalles réguliers, mais la réalisation d'un spermogramme est recommandée tous les 3 mois et un bilan biologique ainsi qu'un examen clinique tous les 6 mois.
  • Il favorise l'apparition de certains effets secondaires comme l'acné (fréquente), mais aussi parfois l'agressivité, l'excès de libido ou une baisse de la libido, la prise de poids...
  • Il a un certain nombre de contre-indications : les hommes pouvant en bénéficier doivent avoir moins de 45 ans, ne pas avoir d'antécédents familiaux ou personnels de cancer de la prostate, ne pas souffrir de troubles de la coagulation, cardiaques, respiratoires ou psychiatriques, ne doivent pas (ou peu) fumer et/ou boire de l'alcool , ne pas être obèse…

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