Syndrome de Korsakoff : causes, symptômes et conséquences

Syndrome de Korsakoff : causes, symptômes et conséquences

 

Sergueï Korsakoff. A la fin du XIXe siècle, ce neuropsychiatre russe a été le premier à décrire la désorganisation de la mémoire liée au syndrome qui portera son nom. « C'est la forme terminale, la plus sévère des troubles cognitifs rencontrés dans l'alcoolisme chronique, explique le Dr Michael Bazin, chef de l'unité des addictions au Centre hospitalier d'Allauch. 

Qu'est-ce que le syndrome de Korsakoff ?

Facteur de risque de nombreux cancers, maladies cardiovasculaires : l'alcool n'a pas bonne réputation en matière de santé, et à juste titre. Il est responsable de plus de 200 maladies et affections diverses. C'est l'une des principales causes de décès évitables : on lui attribue 41.000 décès par an.

Parmi tous les dommages qu'il provoque, il y a un organe qui en souffre particulièrement : le cerveau. « L'alcoolisme est une bombe à retardement pour le cerveau, déplore le Dr Bazin. « C'est l'une des causes majeures de démence prématurée, avant 65 ans. Plus la consommation commence tôt, plus la détérioration du cerveau est importante. Le baromètre santé 2017 de Santé Publique France indiquait que si 13,5% des adultes ne boivent jamais, 10% boivent tous les jours.

« L'alcool, c'est au maximum deux verres par jour, et pas tous les jours », tel est le slogan résumant les nouveaux repères de consommation établis par Santé publique France et l'Institut national du cancer. Pour rappel, un verre d'alcool standard = 10cl de vin = 2,5cl de pastis = 10cl de champagne = 25cl de bière. Les femmes qui envisagent une grossesse, qui sont enceintes ou qui allaitent doivent, quant à elles, s'abstenir de toute consommation. 

Causes du syndrome de Korsakoff

Ce trouble neurologique est multifactoriel, mais « la cause principale est une carence en vitamine B1 (thiamine), qui crée un stress neuronal. L'alcoolisme chronique en particulier provoque une perturbation de l'absorption de cette vitamine, dont le cerveau a besoin pour fonctionner correctement. Cependant, il n'est pas synthétisé par l'organisme et doit être apporté par l'alimentation (on le trouve dans les céréales, les noix, les haricots secs, la viande, etc.).

Toute une région du cerveau – le circuit de la mémoire – est touchée. Cette carence est dans la plupart des cas la conséquence d'un alcoolisme chronique. Plus rarement, elle a été déclenchée par une malnutrition sévère, un traumatisme crânien, ou une séquelle d'encéphalopathie de Gayet-Wernicke, non traitée ou traitée trop tardivement.

Symptômes du syndrome de Korsakoff

L'amnésie antérograde

« Il y a de gros problèmes de mémoire. On parle d'amnésie antérograde. Le patient est incapable de se souvenir de ce qui s'est passé quelques minutes plus tôt. Il se souvient de son passé lointain – pas toujours, mais les événements récents lui échappent complètement. « Pour compenser ce gros déficit de mémoire, il va fabuler, c'est-à-dire inventer des histoires. "

Fausse reconnaissance

Cela permet aux gens de discuter avec leurs proches de manière apparemment cohérente. « La fausse reconnaissance est un autre signe de maladie. Le patient pense savoir à qui il parle », même s'il ne l'a jamais vu. « Des troubles de la marche et de l'équilibre, une désorientation dans le temps et dans l'espace complètent le tableau clinique. "

Troubles de l'humeur

La personne ne sait généralement plus où elle se trouve, et ne connaît plus la date. Les troubles de l'humeur sont également évoqués. Enfin, « les patients ne sont pas conscients de leur état. C'est ce qu'on appelle l'anosognosie. Ce symptôme est fréquent chez les patients Alzheimer, qui « oublient qu'ils oublient. Le handicap est très lourd, et permanent.

Diagnostic du syndrome de Korsakoff

« Il est basé sur l'examen clinique. Le médecin note la présence ou non des principaux symptômes de Korsakoff :

  • amnésie antérograde sévère,
  • troubles de la marche et de l'équilibre,
  • les fabulations,
  • et fausse reconnaissance.

Traitement du syndrome de Korsakoff

L'arrêt de l'alcool, complet et définitif, est bien entendu indispensable. Le sevrage doit être effectué dans un établissement spécialisé. Certains centres de Soins Continus et de Réadaptation (SSR) disposent d'une unité de neuro-addictologie, spécialisée dans cette pathologie. Il n'y a pas de remède pour le syndrome de Korsakoff. L'abstinence ne permet malheureusement pas de retrouver ce qui a été perdu, mais évite que l'état du patient ne se détériore encore davantage. Il est accompagné d'une "recharge en vitamine B1. » Les injections peuvent être administrées par voie intraveineuse ou intramusculaire. Le traitement est souvent long, sur plusieurs mois. En parallèle, il est également recommandé de retrouver une alimentation équilibrée.

« Au centre de toxicomanie, nous voyons les patients avant qu'ils ne soient au stade du syndrome de Korsakoff. Quand il s'agit de cela, les dommages au cerveau sont irréversibles. Vous ne pouvez pas restaurer ce qui a été perdu. Mais il est encore possible d'aider ces patients à se sevrer, à se rééduquer à la marche, à adapter – grâce à l'ergothérapie – leur environnement à leurs ressources restantes. " 

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