L'impact de ces objets connectés sur la relation parent-enfant

Monique de Kermadec est catégorique : « c'est une façon de surprotéger l'enfant. Il sait qu'il est surveillé. L'enfant vivra sous la peur de la punition, il ne saura plus se réguler face au danger. Sa vigilance va baisser et il peut vraiment se mettre en danger ». Du côté du parent, on est dans une volonté d'omniprésence « je ne suis pas là, mais j'y suis tout de même ». Pour le psychologue, au contraire, l'espace de liberté entre parent et enfant est nécessaire : « l'enfant a besoin de vivre sa vie, de se différencier du parent. C'est lorsque le parent est absent que l'enfant grandit et fait ses propres expériences ».

« Les enfants doivent faire des bêtises »

Pour Michaël Stora, « cela peut encourager des comportements à risque afin de défier cette sécurité excessive. L'enfant voudra transgresser et peut-être plus dangereusement ». La psychologue explique que « nous sommes dans l'hyperparentalité : les parents veulent contrôler leur enfant, et en retour, être aimés. Ces objets connectés nourrissent le fantasme des parents de contrôler la vie de leur enfant ». Pour ce spécialiste, « Il faut à tout individu de faire des « bêtises », de vouloir dépasser les limites. Regarder votre enfant ne laisse aucune place à votre propre expérience. S'il veut ramener un camarade de classe à la maison et se met en quatre, le parent le saura dans la minute. Il devra se justifier de ce qu'il fait en temps réel. Il n'y a plus de place pour l'inattendu ». A la question des dangers possibles comme l'enlèvement qui pourrait menacer l'enfant, le spécialiste répond « que les enfants sont le plus souvent enlevés par un proche qui connaît les habitudes de l'enfant ». Elodie, une autre maman pense aussi que ce genre d'objet peut être utile "en situation de détresse" mais qu'"il faut se méfier d'éventuels abus".

 En effet, surveiller son enfant n'est pas anodin.

Les enfants ont besoin d'intimité

Mattieu, 13 ans, a son avis sur la question : « Ce n'est pas une bonne idée. Ma relation avec ma mère ne serait vraiment pas bonne. Je ne voudrais pas être surveillé sur tout ce que je fais. « Par contre, pour Lenny, 10 ans : « C'est pas mal ce GPS dans le manteau, comme ça, ma mère sait où je suis. Mais si j'étais plus gros, ça ne me plairait pas, je penserais que c'est de l'espionnage ». Virginie, maman de deux garçons de 8 et 3 ans, explique qu'elle n'est pas prête à investir dans ces appareils : « il faut se mettre à la place de nos enfants, voudriez-vous que vos parents sachent exactement ce que vous faites ? faire et où ? ".

Monique de Kermadec précise » dans tous les cas, il faut rappeler aux parents que l'enfant a besoin d'intimité même s'il est petit. Les objets connectés sont clairement vécus comme de l'espionnage. Il est important que le parent s'exprime aussi pour expliquer pourquoi il surveille l'enfant ». Le spécialiste évoque également le problème de la protection de la vie privée : "quand on peut se connecter à distance à ce genre d'outil, cela implique que d'autres personnes puissent le faire". Une idée partagée par Marie, une autre maman : « mes enfants ont 3 et 1 an. Je suis pour et contre. Avec tout ce qui se passe ces jours-ci, pouvoir localiser votre enfant à tout moment est tentant. Mais je suis contre car au niveau informatique il n'est pas impossible que d'autres (et pas forcément bien intentionnés) puissent le faire aussi. Et la vigilance des parents ne doit pas être informatisée ».

Les parents doivent responsabiliser leurs enfants

Pour Michaël Stora, ces objets connectés répondent à des « préoccupations parentales ». Cette tendance « est révélatrice de la difficulté qu'ont certains parents à ne pas pouvoir tout partager avec leur enfant ». La psychologue insiste également sur « l'importance pour l'enfant d'exister hors du regard du parent. C'est dans ce manque que naît la pensée individuelle. Et leles objets connectés créent un lien permanent, le parent est toujours présent ". Autrement dit, l'enfant n'aurait plus la place de sa vie privée nécessaire à la construction de sa personnalité. La psychologue estime que « les parents doivent s'interroger sur leur manière d'aimer, d'accepter réellement l'autonomie de leur enfant sans vouloir le surveiller à distance ». Au final, les parents sont « des éducateurs, qui doivent accompagner l'enfant et le laisser prendre son envol ».

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